Art-thérapie : La vogue des patients-artistes qui exposent leur créativité


Art-thérapie : La vogue des patients-artistes qui exposent leur créativité
Le malade-artiste parle ainsi « en son nom à lui. Et ça, c’est bénéfique, oui ! C’est même 50 % de la réussite. » Ces ateliers participent aussi de la « lutte contre l’exclusion de jeunes touchés par une maladie mentale », selon Franck Saintrap, art-thérapeute et psychanalyste.
Photos des oeuvres des patients visibles le 23 mai à l’hôpital de Sète. Photos : DR.
1 mai 2019
Par Olivier SCHLAMA
Cette discipline connaît un engouement sans précédent. De Toulouse à Sète en passant par Albi et Paris, les expositions de patients-artistes se multiplient. Plongée dans une discipline à la mode qui montre son efficacité.
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L’art reste l’art.

Quelle que soit la santé mentale, seule compte l’émotion suscitée.
Quand on admire une peinture de Bacon avec ses visages morcellés ou que l’on est touché par une toile émouvante de Van Gogh, on se fiche pas mal de l’état psychique de leurs auteurs.

L’art réunit toujours.

Aussi, c’est aussi à Montfavet que l’on pratique l’art-thérapie dans les règles de… l’art. Par conséquent, ces art-thérapeutes et leurs publics « participent même régulièrement au off du festival d’Avignon », selon le professeur Jean-Luc Sudres.
Ce dernier, responsable pédagogique du D.U. art-thérapies à l’université Jean-Jaurès à Toulouse, et psychanalyste, cite également, parmi les expositions d’art-thérapies importantes, voire pérennes :
– Le service de psychiatrie adulte du CHU de Toulouse ;
– Le service des thérapies médiatisées à la fondation Bon Sauveur d’Albi et, bien sûr ;
– L’hôpital Sainte-Anne, à Paris, institution de la psychiatrie française qui, sous la direction de Anne-Marie Dubois, expose 150 d’oeuvres d’art de patients-artistes…

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Faire comprendre à ces jeunes malades-artistes qu’ils font aussi partie de la société

« Inutile de rappeler ici la place qu’occupe l’art dans l’existence humaine. Il est d’usage commun aujourd’hui d’interpréter un geste artistique en tant que message ou parole, à part entière. »

C’est aussi plus simplement l’occasion « d’aller au musée, par exemple, de faire comprendre à ces jeunes qu’ils font aussi partie de la société. C’est un travail de fourmi mais qui paie. Cela crée une zone de confiance. » Y compris avec les familles, souvent désabusées par une psychiatrie où le médicament prend une place trop importante et où justement ces ateliers de création permettent de mieux comprendre l’importance d’un traitement.
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Des effets positifs sur l’image de soi, la confiance en soi

En quinze ans de pratique, Luc Sidobre l’affirme : « Ces ateliers et ces créations sont de nature apaisante. » Certes, les troubles du comportement dont ils sont atteints, leurs pathologies ou leurs déficiences ne s’envolent pas miraculeusement mais ils « ont des effets positifs sur l’image de soi, sur la confiance en soi, etc. »
Cela permet aussi de développer des « habiletés sociales ». De s’exprimer, tout simplement. Une oeuvre n’est ainsi jamais bâillonnée même pour un ado trisomique qui ne peut pas parler. Ce qu’il ne peut pas dire avec des mots, il le dira différemment. Je pense à ce jeune qui a réalisé le museau bâillonné d’un animal », devenu une oeuvre qui ne l’est donc pas, bâillonnée.

« Dans les années 1960, on parlait de psycho-pathologie, pas encore d’art-thérapie. Cela servait aux diagnostics alors qu’aux USA, en 1968, on avait vraiment de l’intérêt pour le processus créateur et aux productions en tant que telles. Car il existe bien des patients qui réalisent des créations esthétiques »

Jean-Luc Sudres,
responsable du D.U. art-thérapies à l’université Jean-Jaurès à Toulouse,
et psychanalyste

Jean-Luc Sudres est l’un des papes de l’art-thérapie.

Il commence par l’envers du décor pour mieux valoriser la belle ouvrage : « L’art-thérapie est à la mode. D’ailleurs, dans les années 1970-1980, on aurait parlé de « gestalt », puis de bio-énergie. Aujourd’hui on parle de « pleine conscience » et de « méditation »…
Donc dans l’art-thérapie, il y a énormément d’écoles, de pratiques, de spécialités ou de disciplines, dit-il. Il n’y a pas de diplôme d’État mais seulement des diplômes universitaires (…) »
Et de poursuivre : « En France, dès la fin du XIXe siècle, il y avait une production artistique des « aliénés ». C’était de façon confidentielle voire clandestine. On peignait. On fabriquait des « tracés », etc. Pour aller très vite, ce qui a été utilisé en premier c’est la musique puis, les arts du spectacle ; la scène.

Dans les années 1960, on parlait de psycho-pathologie, pas encore d’art-thérapie. Cela servait aux diagnostics alors qu’aux USA, en 1968, on avait vraiment de l’intérêt pour le processus créateur et aux productions en tant que telles. »
Car, il existe bien des « patients-artistes qui réalisent des créations esthétiques. C’est ainsi que dans les années 1980, dans la veine de ce qu’a réalisé le ministre de la Culture de l’époque, Jack Lang, beaucoup a été fait pour la culture, certainement pas seulement la Fête de la Musique.
Il y a eu de tout, des expos sur le tag à la floraison d’ateliers en tout genre. Ainsi, à cette époque, les tout premiers diplômes universitaires d’art-thérapie sont apparus à Tours, Toulouse puis Paris », retrace Jean-Luc Sudres.
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Jean-Luc Sudres termine son propos sur un fait « typiquement français » :

« Le vernissage et l’exposition d’œuvres de patients. »

Tout d’abord, il amène à se poser la question de savoir pourquoi ?
« Qui est le créateur de quoi et qui jouit de quoi ? » énonce le psychanalyste. En clair, l’art-thérapeute tient-il toujours compte de ses patients-artistes ? De leur volonté d’exposer ?
De… s’exposer aux yeux de tous ?
« Que ne dirait-on d’un psy qui exposerait à tous les notes de ses patients… ?
Il peut y avoir une perversité », professe Jean-Luc Sudres. Enfin, c’est la raison pour laquelle, tant à l’IES de la Corniche qu’à l’hôpital de Sète, c’est au bout d’un processus, d’un long cheminement que les patients-artistes acceptent ou non d’exposer.

L’art est un miroir intime.
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Syrian refugee children process trauma through art

Syrian refugee children process trauma through art
NGOs in Lebanon have been using art therapy to help children to deal with the horrific events they witnessed in Syria.
By India Stoughton
Lebanon – 4 March 2017
Beirut – Some Syrian refugee children process the trauma of war by drawing tanks and bloodshed; others focus their art on rainbows and flowers, images of happier times.

This is what art therapists working in Lebanon have found after years of working with Syrian children fleeing war in their home country.

« Art is a very effective way to work with kids, » said art therapist Dania Fawaz, who has collaborated with a number of NGOs that work with vulnerable youth, including Tahaddi, Himaya, Intersos and Caritas.

« Verbalising a traumatic event for a child – or even for an adult sometimes – can create so much anxiety that it hinders their capacity to express, » she told Al Jazeera. « A lot of children, especially the younger ones, haven’t developed the verbal skills they need to describe such horrific events, especially if you’re speaking about war. Art is a less directive and more natural tool for children to express themselves. »


« Some children become extremely hyperactive after trauma, and some become extremely withdrawn, so I try to allow the children to decide at their own pace when they would like to start to revisit these memories, » she said.

« [Some] children who’ve recently arrived in Lebanon from Syria very quickly begin to draw images of chopped heads and the army tanks coming closer – very graphic images for a child to have seen… [Others] have lived through a lot and all they want to draw is rainbows and flowers, and this is what they need. »

The aim of the art therapy sessions is to help children to overcome symptoms such as anxiety, anger and behavioural difficulties.

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