J’ai trop de douleurs et donc je souhaitais la poser sur ma feuille, comme pour symboliser que la douleur aille couler en dehors de moi dans un endroit sécurisant.
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?
Avant de concrétiser mon esquisse, dans ma tête, je devais essayer de me faire une image de la manière dont je percevais cette douleur ; par exemple lourde comme des briques, plus légère comme des cailloux, ou encore comme des branches d’arbre… C’est quelque chose que j’ai appris chez l’ostéopathe. Là je la verrais chaude comme le feu et lourde comme des briques serrées les unes contre les autres où rien ne pourrait se faufiler. Avec par moment des court-jus électriques.
Imaginez une forme quand la douleur est pas mal présente. Quand mon cerveau est canalisé sur celle-ci, l’ensemble à faire est légèrement tempête.
Mais c’est un travail que j’essaie de faire c’est important de ne pas rester en boucle dans ma tête avec cette douleur. D’autant plus que cela augmente mes dissociations, ça je l’ai observé.
Une fois cette étape passée, je dois ensuite imaginer ma douleur dans une autre forme mais là, je vais la dessiner sur ma feuille, c’est l’étape que je préfère car mon esquisse sera réelle et devant moi et non dans ma tête et puis le fait d’y mettre de la couleur c’est encore mieux.
Celle-ci je la percevais avec des gros clous qui sortaient de mon corps. Un peu comme ci les clous aspiraient ce qui me faisait mal.
L’idée aussi est que je garde cette image de se “décoller” de cette douleur, c’était pour moi sortir de ce corps qui fait des siennes. Un peu comme si je sortais de cette enveloppe douloureuse. Pour me transformer dans un autre corps, dans un autre cocon qui ne serait que dans la douceur.
Voilà mes idées étaient là, il ne me restait plus qu’à les rassembler en une seule forme sur une feuille.
J’ai donc fait apparaître le premier corps celui qui me fait mal, avec son visage. Puis a suivi ce corps qui rentrerait un peu plus dans la douceur et lui aussi avec un visage. J’ai dessiné les clous, une fois les deux corps présents. Pour recouvrir mon esquisse, des tons apaisants et pâles pour l’enveloppe “douce”. La couleur jaune pour retranscrire la chaleur, la douceur alors qu’au début, cette couleur n’existait pas dans ma tête.
Pour la partie de ce corps qui me faisait souffrir, du noir nuancé jusqu’au gris et du rouge pour faire parler la douleur que les clous retranscriraient par leur forme. Les finitions ont été faites aux marqueurs à pointes fines.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, peinture aquarelle.
Que ressentez-vous en regardant votre production ?
J’observe ma production et je sens que dans ma tête c’est plus aérien, plus léger ; la douleur est là, mais elle ne me fait plus comme une lourdeur. C’est comme si elle avait circulé, qu’elle était devenue plus fluide dans tout le corps. Ça va aller, car je garde en tête que le fait de faire apparaître cette douleur sur ma feuille, faire ce geste va la faire fuir petit à petit. Le positif encore et encore !