BMP – Encore une autre manière de dessiner un corps

BMP – Encore une autre manière de dessiner un corps
Je pense que je ne cesserais jamais de dessiner des corps. A travers les courbes, les traits, les couleurs, des émotions s’expriment au travers du corps. Pourtant il y a ce problème avec le mien. Mais cela ne m’arrête pas d’essayer.
Ce matin dans ma tête j’essayais de faire des liens entre brouillard, manque, dissociation, peur de se montrer, transparence, indifférence, mais je ne trouvais pas.
Une impression d’avoir commencé quelque chose, mais de ne pas terminer. Alors essayer de traduire cela dans un dessin je me suis dit et pourquoi pas ?

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre dessin ?

Je ne sais pas si je cherchais une réponse, mais j’avais ce besoin important de mettre comme une fin à ce questionnement. J’ai alors choisi dans cette série de mots que j’ai évoqués plus haut, le mot manque. Il sera le fil conducteur de ce dessin. Créer un corps avec un côté qui serait absent.
Mais cela ne suffisait pas, il y avait le désir de travailler aussi avec le mot dissociation. Un peu comme pour faire un autre clin d’œil à Grr grr, monsieur le grignoteur.
Ce qui ferait le lien, c’est que ce manque conduit souvent à la dissociation. J’avais donc mon duo et c’était important pour moi, pour aller jusqu’au bout de ma réflexion du matin, pour arriver à une solution. Est-ce vraiment logique ? Je ne sais pas, mais ça n’a pas d’importance. La réponse serait peut-être ma production une fois terminée.
J’ai donc fais apparaître ce corps où il manquait tout le coté droit, et là c’est la ”situation » de brouillard qui a pris la relève, en gommant du coup les autres mots : manque et dissociation. Seule cette situation de brouillard, situation que je connais bien restait présente. Pourtant ce manque du présent me parlait bien, mais je ne voulais pas interrompre ma pensé du moment présent et justement celle du présent. Ne pas déjouer le temps.
Pour les couleurs, du rouge sanguine, car ce rouge là me renvoie à de la douceur et je peux le mélanger avec le crayon charbon et avec ma couleur marron.
J’apprécie de créer des mélanges car j’ai toujours l’impression d’aller vers une découverte. Les nuances ne sont jamais pareilles, on en revient au dosage des matières utilisées. Puis je ne sais pas, je percevais une lumière dans cet ensemble de couleurs mélangées. Après c’était peut-être dans ma tête.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm.
Crayons graphiques, 3B, 8B. Crayon charbon. Crayons de couleur, rouge sanguine et marron.

Que ressentez-vous devant votre dessin ?

Quand je regarde ma production, je ne me sens pas attirée par le haut du visage, qui me semble absent. Mais par contre le corps ne me semble pas hors du temps et je me sens rassurée à la limite j’aurais tendance à me dire : ton corps là qui apparaît sur la feuille est en entier.

BMP – Grr grr – Un corps  dessiné à la façon cubiste – Crayons graphiques


C’est peut-être une autre manière de percevoir la partie émotionnelle Grr grr.
Dessiner un corps qui prend mouvement avec les cubes, un corps vu de profil.
Le décalage des morceaux (les cubes) rendent compte de la dissociation : ne pas pouvoir emboîter les formes les unes dans les autres.
Cette technique fait que le regard a du mal à comprendre et cela fait apparaître aussi les dissociations retranscrites dans une création artistique.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre dessin ?

Pour ce dessin, je voulais dessiner un corps dont une partie se dédoublerait au niveau du dos.
Dans ma tête il y avait cette envie de traduire la dissociation en utilisant la forme cubiste dans le dessin du corps. Le tout ensemble, cela fait un seul morceau, mais avec des parties mal emboîtées.
Une autre idée était d’apercevoir malgré tout une forme compréhensible qui serait incorporée dans cette forme cubiste et donc un corps mon idée de départ. Mais tout cela ne serait peut-être pas visible au premier regard.
J’ai donc fait apparaître l’arrondi d’une tête, deux bras avec des mains, une paire de fesses et des jambes.
Puis, le visage, avec une grande bouche ouverte mais plus dans le décalage dans sa position, c’est-à-dire pas vraiment à la bonne place. Une bouche qui serait difficile à reconnaître, comme pour garder le silence, car Grr Grr aura « pris la main » sur Béatrice l’adulte.
Ce qui me parlait dans ma tête, pendant que je dessinais, c’était cette situation de mélange, mais un mélange quand même bien ordonné, pour retranscrire le côté minutieux. Minutieux pour faire fuir les angoisses et les tocs..Une situation de mélange de tout et de rien , mais ce rien est pourtant bien important. Mais c’est comme mélangé dans mes morceaux et emprisonné.
Pour concevoir les couleurs de mon esquisse, j’étais toujours dans l’ambiance du gris, du plus clair au plus foncé, voir jusqu’au noir. J’avais toujours, ce besoin de jouer avec les différents tons et nuances de couleur.
Faire quelque chose de sobre, mais malgré tout, laisser parler la dissociation : « un coup je suis là, un coup je ne suis plus là” comme un jeu de cache-cache pas vraiment voulu donc imposé !
Par moment j’ai eu besoin d’appuyer plus sur mon crayon, mais sans en comprendre vraiment le sens. Une angoisse, une peur, un besoin de me dire, je vais pouvoir rester dans le présent sans me dissocier une seule fois ? Mais Béatrice tu rêves là !

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayons graphiques.

Que ressentez-vous devant votre dessin ?

Quand j’observe ma production, je me sens en mouvement dans ma tête, mais je ne sens pas les morceaux, pourtant j’avais besoin de me sentir rassurée, c’est-à-dire  si dans ma tête tout était bien emboîté car il me semblait sentir par moment des creux vides. Et j’ai envie d’écrire : ce n’est pas cela la vie si ?