Le Télégramme – 28 novembre 2014
Jusqu’au 16 janvier, la médiathèque expose une série de portraits réalisés par des patients de la clinique de l’humeur de Kerglanchard, à Quimperlé. Une manière de mettre en lumière l’atelier d’expression plastique créé en janvier 2012 au sein de l’établissement par Chantal Guyader. « Je pense que l’art est une bonne façon d’ouvrir le champ des possibles ». Si la phrase résume le travail que Chantal Guyader effectue quotidiennement avec ses patients, elle peut également s’appliquer au parcours professionnel de l’infirmière. Au pôle psychiatrie depuis près de quinze ans, elle se découvre en 2009 une passion pour l’art. « Depuis je n’ai plus arrêté de peindre ». D’abord pour elle, avant qu’une rencontre avec un art-thérapeute ne l’amène à envisager de pouvoir intégrer le processus créatif comme un maillon essentiel dans la chaîne des soins apportés aux malades. « J’ai débuté dans un cadre expérimental. Je me suis vite aperçue que cela apportait un réel bien-être ». Elle sollicite alors la direction de l’établissement pour l’ouverture d’un atelier d’expression d’art plastique qui voit le jour en janvier 2012 au sein de la clinique de l’humeur. Sur prescription médicale Même s’il est ouvert à tous les patients, l’atelier est destiné principalement aux personnes souffrant de troubles bipolaires qui fréquentent l’hôpital de jour. La participation aux ateliers est prescrite par les médecins de l’établissement. « La plupart sont des novices et découvrent la pratique artistique en rentrant dans l’atelier ; eux-mêmes sont souvent surpris de ce qu’ils sont capables de créer ». Et de citer l’exemple de cette patiente qui, prostrée, pouvait à peine tenir un crayon au début de ses séances d’art-thérapie. « Aujourd’hui, elle a repris confiance. C’est pour elle un lieu où elle peut exprimer beaucoup de sentiments jusqu’alors enfouis ».
© Le Télégramme – Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/finistere/quimperle/kerglanchard-soigner-grace-a-l-art-therapie-26-11-2014-10439279.php
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Art-thérapie à Montréal
Par Emmanuel Langlois
Dimanche 9 novembre 2014
Partie à 20 ans au Québec sur un coup de tête, la Française Annabelle Petit y monte aujourd’hui des projets artistiques avec des handicapés mentaux.
Rien qu’un petit grain de sable. La jeune femme n’oubliera pas ce soir de février 2004 où elle venait de manquer son bus à l’Université de Bordeaux 3. « En attendant le suivant, je suis tombée, par hasard, sur une annonce pour aller étudier au Québec, se souvient-elle. A part Céline Dion, les caribous et le sirop d’érable, je n’avais aucune idée de ce qui pouvait m’attendre là-bas ! »
« Mon expressivité a explosé »
Plutôt que Montréal, Annabelle Petit, brunette pétillante, s’envole quelques mois plus tard pour Trois-Rivières, certes la troisième ville du Québec, mais rien d’autre qu’une grosse bourgade sur les rives du Saint-Laurent. « J’avais envie d’espace, mais cet endroit m’a d’abord fait peur par sa petitesse et son manque de diversité » confesse la jeune femme, qui y termine pourtant brillamment sa 3e année de licence en arts visuels. « En France, j’en avais assez de la théorie. Ici, mon expressivité a explosé : j’ai soufflé du verre, réalisé des sculptures en latex, tronçonné le bois ou testé la résine et la soudure. J’ai donné des choses de moi. »
Chaque année, un média différent
Son exposition de fin d’études décroche même le prix « Silex », qui l’autorise à rester vivre sur le sol québécois. Des projets artistiques adaptés mais Annabelle commence à étouffer à Trois-Rivières. Deux ans plus tard, elle débarque à Montréal. La Française est aujourd’hui employée par l’association les « Compagnons de Montréal » pour monter avec des handicapés mentaux des projets artistiques. « Chaque année, on choisit un média différent, comme la photo numérique ou la mosaïque. On invite un artiste extérieur à venir travailler avec la communauté. Ensuite, l’expo se balade dans toute la ville. »
« Toujours être là pour les aider »
Annabelle reconnaît qu’elle a toujours été attirée par l’art-thérapie. Et qu’importe si ce public particulier réclame à l’équipe une énergie de tous les instants. « Ce ne sont pas des gens qui se lèvent le matin en se disant : « Génial, je vais monter un projet artistique ! » D’eux-mêmes, ils n’auraient pas les capacités intellectuelles pour ça. Il faut toujours être là pour les aider à avancer, les motiver et monter les vernissages. » Annabelle vit à Rosemont, l’un des quartiers les plus vivants de Montréal, à un quart d’heure à pied de son travail. Quant au virus de l’expatriation, elle l’a transmis jusqu’à sa famille : peu après son départ pour le Québec, son frère cadet est parti lui s’installer à Barcelone, où il a monté un atelier de microsoudure.