Grotte Chauvet : L’enfance de l’art

Grotte Chauvet : L’enfance de l’art

Émission présentée par Alain LE GOUGUEC

L’atelier de Gilles Toselo 1 © Radio France – 2014 / Caroline Le Bossé

Pour en savoir plus, cliquez sur l’image

Connaissez-vous la Grotte ornée du Pont d’Arc, dans le département de l’Ardèche ?… On l’appelle aussi « Grotte CHAUVET », du nom de Jean-Marie CHAUVET qui la découvrit il y a près de 20 ans, le 18 décembre 94.

Depuis le 22 juin dernier, cette caverne du fond des âges est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle renferme les traces d’une activité humaine et animale vieilles d’environ 36.000 ans. On dénombre sur ses parois des centaines de dessins et de gravures laissées-là par les hommes et les femmes de la Préhistoire (de l’ « Aurignacien », pour être plus précis).

Ces « œuvres » (le mot n’est pas trop fort) sont d’une qualité graphique, d’un réalisme, d’une beauté à couper le souffle, parfois. A les voir, on ne doute pas un instant d’une évidence : ces très lointains ancêtres étaient de grands artistes.

Par souci de protection du lieu, on ne peut pas voir de près ce qu’ils nous ont laissé… L’accès à la Grotte est condamné. En revanche, un fac-similé que l’on nomme aussi « copie », « réplique », « reproduction à taille réelle », « restitution »… ouvrira ses portes au public au printemps prochain, en avril 2015.

Frédéric Lavachery veut en faire un haut lieu de thérapie :
Cheval-Chauvet Ce cheval orne la grotte Chauvet, à Pont-d’Arc, depuis 36000 ans. La fraîcheur de ce tableau mural abolit instantanément 36000 ans d’Histoire. L’artiste aurignacien qui l’a peint a aimé ce cheval, peut-être a-t-il posé sa tête contre la sienne. La beauté du monde se lit dans l’harmonie de cette tête rendue avec une sensibilité inégalable, jusque dans le détail.

Mais c’est l’œil du cheval qui situe cette beauté. La tension, la vigilance de cet œil, la clairvoyance instantanée et suraigüe de sa pupille forment le contrepoint de l’harmonie de ce bel animal, métaphore de la vie. C’est évidemment l’œil de l’artiste. Il nous dit ce qu’il a vu, ce que l’humanité a vécu, dont l’art seul peut rendre compte avec une force supérieure à celles que concentrent toutes les angoisses et toutes les horreurs.

La pupille du cheval de Pont-d’Arc condense l’identité de l’humanité en un point dont je ne sais si c’est un trait de charbon de bois ou un petit trou naturel de la paroi. Les archéologues nous le diront, mais si c’est un point noir naturel de la grotte, l’auteur de ce tableau aura conçu et développé son message à partir de ce détail déjà présent dans une caverne fabuleuse qui n’a certainement pas été choisie au hasard parmi toutes les grottes qui s’offraient de par le continent à ces artistes premiers, arpenteurs du monde.

Jean-Jacques Hublin, un éminent archéologue, dans son livre Quand d’autres hommes peuplaient la Terre, évoque les travaux d’un de ses collègues au sujet des massacres entre humains du paléolithique. « Nous n’avons rien inventé, même si nous avons fait du massacre une industrie. L’identité de l’autre est toujours l’objet du massacre. Cette identité est tout entière condensée et exprimée dans la pupille, la nôtre comme celle du cheval de Pont-d’Arc. Et cette belle tête de cheval figure le déploiement harmonieux de cette identité au fil de l’histoire propre de chacun comme de l’humanité. Sauf si cette polarité est inversée, sauf si ce qui condense l’identité est dilué tandis que ce qui doit pouvoir se déployer avec le temps est comprimé. »
Nous sommes alors dans la perversion.

L’œil du cheval de Pont-d’Arc nous invite depuis 36000 ans à la vigilance pour la sauvegarde d’une polarité harmonieuse où le principe de l’identité, source de beauté, qualifie à chaque instant le cours de l’histoire, celle de l’individu dans son rapport social aux autres, au monde, à l’Univers. 36000 ans d’Histoire n’existent pas, ce cheval nous le dit clairement, dans le même temps que sa pupille nous dit qu’il faut prendre garde à l’histoire. En un seul tableau, l’artiste de Pont-d’Arc nous dit que l’histoire se déploie alors que son principe abolit le temps, à chaque instant.

Pour tous ceux que la perversion a massacrés, un cheminement vers le cheval de Pont-d’Arc ne permettrait-il pas de se re-situer, de remettre à l’endroit une polarité inversée par les bourreaux ? Ce cheval nous dit doucement, simplement, qui nous sommes et avec qui nous habitons sur Terre. Son œil vigilant, intransigeant, sévère, est la sauvegarde de chacun et de l’humanité.

Edith Lecourt – De l’homo sapiens à l’homo réseau, une métamorphose en cours ?

Logo les carnets de Descartes

2030 : Ces signes deviennent de plus en plus répandus… Des enfants développent un corps au tronc allongé sur de courtes jambes, des avant-bras et des mains surdimensionnés, le tout supportant un crâne volumineux aux orbites démesurées… Leur visage aussi s’est élargi. Bien sûr ils ne vont plus à l’école, ils apprennent tout devant des machines et, pourtant, sont en relation avec des centaines d’individus dans le monde, de tout âge, de toute nationalité… Ils sont d’ailleurs régulièrement évalués, par des experts, sur les volumes moyens journalier et mensuel de leurs connexions. Ces statistiques arrivent directement dans une centrale européenne qui régule, en conséquence, la suite des programmes éducatifs communiqués à la machine (bien sûr on ne parle plus d’ordinateur… et je n’ai pas encore d’information sur le nom de cette machine).

L’homo sapiens est en mutation vers un homo réseau…

C’est un article paru dans Le Monde du mercredi 11 février 2009, article consacré à l’historien d’art Jacques-Edouard Berger (1945-1993) (prénommé « René » sur l’article, il semble que ce soit une erreur ?) qui m’inspire cette projection dans le temps…

Cet article signé Madeleine Gobeil et Edgar Morin présente le musée virtuel de cet auteur (www.bergerfoundation.ch) au demeurant très agréable et intéressant. Les auteurs de l’article précisent : « …jusqu’à sa mort, René Berger s’est employé à déceler les indices susceptibles d’inventer l’avenir. Il appelait de ses voeux un changement radical, qui ferait de l’homme une espèce fondamentalement modifiée, un « homme réseau », non plus seul dans l’habitude des structures familiales et nationales, mais intégré dans les réseaux, et que les réseaux intègrent. »

Je n’ai pas trouvé de texte de J.E.Berger sur le sujet.

Mais cette réflexion trouve bien sa place dans notre recherche sur les spécificités de ces nouvelles relations, les cyber relations, sur ce qu’elles sont en train de modifier fondamentalement dans nos relations humaines. Quel rapport l’homme réseau a-t-il avec le groupe ? Est-ce que ce dernier concept a encore un sens pour lui ? Est-ce que le cybergroupe existe ?

Pour lire le billet, cliquez sur le logo du blogue