BMP – Légèreté

BMP – Légèreté
Apprendre la mort d’une amie très proche, maman d’un petit garçon c’est une blessure, une plaie. Il était donc important qu’avec des couleurs douces, avec un mouvement de légèreté, je me console en quelque sorte, que je me rassure, que je puisse penser que tout va repartir dans le bon sens. Donc prendre un rendez-vous avec mes pinceaux était important en ce jour.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse  ?

Cette légèreté, je souhaitais la sentir dans mon corps, pas seulement dans ma tête. Si je pense à mon cerveau, je pense qu’il est là, mais je ne le sens pas toujours. Par contre, toutes les mauvaises nouvelles s’engouffrent en lui, il est pour moi urgent de prendre de la distance avec lui pour qu’il n’envahisse pas ma tête.
Donc tout doit aller dans la direction de mon corps et pour cela l’idée était de dessiner ce corps. Mais je me suis rendu compte que ce n’était pas suffisant. Je devais également trouver une autre forme pour exprimer cette légèreté ! Et là, j’ai pensé à une forme d’oiseau et oui, car je faisais ce lien que le battement des ailes apporterait cette sensation de bien-être : pouvoir voler de très haut, se sentir totalement libre. Sans oublier ces chants d’oiseaux que j’entends tous les matins de bonne heure. Un réveil du matin bien plus agréable que celui du téléphone ou autre !
Je dessine alors ce petit oiseau sur le dessus de la tête, posé sur un doigt de la main. Je continue mon « coup de crayon » en faisant naître le reste du corps assis, avec les jambes sont ramenées contre le ventre. Légèrement en mode blottie !
En dessinant, je sentais une douceur au bout de ma mine de mon crayon papier ! Je ne faisais que suivre celui-ci, rien d’autre, un peu comme s’il avait pris la place de ma tête. Une sensation que j’écrirais à ne pas mettre de coté.
Mon ébauche était terminée, je la trouvais pas mal ! Je me disais que les couleurs que je déposerai, allait ramener encore plus de douceur et de légèreté ! Pour cela, à l’aide du médium peinture aquarelle je me suis promenée dans les tons jaunes, dans l’oranger, dans du bleu, dans le jaune, le violet, le rouge, le marron sans oublier de ramener des nuances plus claires ou plus voyantes. Il me fallait un mouvement maîtrisé avec mon pinceau pour me rassurer. Pour terminer ma composition, j’ai rajouté un tapis de couleurs sous les fesses. Comme pour envahir ce corps de douceur du pied à la tête.
J’ai fait les finitions au feutre marron.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Création conçue sur une feuille 36 x 46 cm. Comme médiums : un crayon HB, de la peinture aquarelle. Pour les finitions, un feutre marron.

Que ressentez-vous devant votre création  ?

Dans ma tête, je sens le mouvement et ça tape fort comme si mon pouls avait doublé. Je sens mon corps, mais je ne sens pas mon cou, juste ce pouls ! Mais cette sensation agréable de dessiner n’a pas disparue tout comme se plaisir.

BD – Un vendredi pas comme les autres, marqué par la tristesse

BD – Un vendredi pas comme les autres, marqué par la tristesse
La Table de Jeanne-Marie est en deuil et mon équipe du vendredi également. Le cuisinier R. s’est éteint le mercredi 26 août 2020 à l’hôpital Bretonneau à Tours des suites d’une maladie. Il était demandeur d’asile, en attente d’une réponse, il était âgé de 30 ans et originaire d’Iran.
R. a servi comme cuisinier à l’association depuis plus d’un an. Il ne pourra pas être enterré dans son pays. Pour sa famille c’est une situation très dure. Des démarches sont donc faites pour qu’il soit enterré dignement en Indre et Loire.
Étant responsable le vendredi, de la journée, et comme ce jeune homme faisant partie de mon équipe, c’est avec l’Accueil Sans Frontière en Touraine – ASFT,  que nous avons organisé un hommage auquel beaucoup de personnes se sont rendues.


Donc ce n’est qu’après vers 15h que l’atelier d’arts plastiques a été mis en place, il a été le bienvenu pour tous. Pour apaiser les “esprits ».
Une fois tout le monde installé autour des tables, le matériel sorti, mes aides M. et Q. bien présentes, l’atelier pouvait commencer. Mais nous avons pris un temps pour parler des événements de la mi-journée.
Le thème retenu était : « le mouvement des mains. Tenir un objet ».
C’est un thème qui a attiré la curiosité. Il a permis de faire des petits exercice avec les mains. Nous avons observé ensemble ces mouvements : du poignet, des doigts, de la main en entier, de la tenue des objets.
Un petit moment de détente, que les personnes ont apprécié et qui a permis aux participants de mieux percevoir comment commencer leur ébauche.
C’est ainsi qu’elles se sont mises à dessiner les premières mains. Toujours accompagnées des conseils de M., Q. et de moi-même. C’est très important d’encourager les participants qui au début on rencontré quelques difficultés.
Nous n’étions pas limités par le temps, ce qui aide à détendre l’ambiance. Les personnes présentes oubliaient un peu le vécu de la matinée. Elles nous ont d’ailleurs dit à quel point dessiner leur faisait du bien.
De mon côté je voulais accorder plus de temps que d’habitude à mon atelier, pour que chacun puisse repartir plus serein et moins angoissé.
C’est ainsi, avec plus de sérénité, que les productions ont vu le jour, que les couleurs ont été déposées sur les esquisses. Des avis sur les réalisations se sont échangés, avec même des petites pointes d”humour, ce qui est vraiment ce que j’attendais.
Comme d’habitude nous avons rangé, nettoyé ensemble et fini par un goûter.
Puis nous avons accroché les productions sur les tableaux prévus pour cela ; c’est toujours un moment très attendu et qui me rend fière.
Les personnes sont reparties, un peu plus détendues, et nous ont remerciées.
De mon côté, dans ces moments-là, je suis persuadée que l’aide d’une professionnelle serait la bienvenue, mais c’est mon avis.