C’est en triant mes crayons et en les taillant que cette idée m’est venue. Je me suis dit pourquoi ne pas habiller un crayon avec ses propres rognures ? Parfois j’aime bien dire collerettes. De mon côté, je trouve qu’épluchure est un peu moins poétique. Sauf que c’est bien ce mot qu’il faut utiliser et de plus il est possible d’utiliser ces morceaux pour les incruster dans un collage, ce qui peut rendre des créations très chouettes. J’allais donc m’amuser à faire naître une production sur ces « épluchures », ah non avec les collerettes j’imagine les couleurs. Difficile de choisir !
Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?
Le collage ne me parlait pas ; c’est vrai j’aurais pu coller directement sur ma feuille des morceaux de bois, mais je trouvais cela beaucoup trop facile et cela ne me disait rien.
Je voulais dessiner ces épluchures ! Avant, pour faire naître mon esquisse, je devais trouver un mouvement qui rappellerait l’habillage, mais peut-être aussi un mouvement qui nous ramènerait vers celui de la danse. Par exemple la pointe de mon crayon pourrait retranscrire les pointes, donc un pied. En fait, c’était tout cet ensemble que je devais inclure dans mon esquisse, en faisant venir l’imprévu, peut-être aussi une goutte d’émotion, qui sait ! Oui, car dans ma tête rien ne tenait bien debout pour faire donner naissance à une création bien solide, mais je voulais quand même me lancer.
Me voilà installée devant ma feuille avec dans les mains mon crayon à papier HB. J’ai commencé par dessiner le bas de mon crayon, la mine. Puis j’ai fait naître le premier mouvement de l’épluchure qui appartient donc à ce même crayon, puis comme ça me parlait bien dans ma tête, j’ai continué avec le deuxième mouvement et j’ai terminé en dessinant le haut de mon crayon à papier.
J’avais cette impression que mon crayon avait intégré en lui la forme que j’avais en tête, car cela se faisait machinalement. Tout comme j’avais l’impression de dessiner plusieurs tutus. Mais quelle idée que j’ai là ! J’avais hâte d’y déposer mes couleurs, chose que j’ai faite une fois mon esquisse terminée.
C’est la couleur bleue qui avait pris place en avant dans mes pensées, ainsi que le jaune. Mais le jaune pur ne me plaisait pas. Mais le mot mélange m’accompagnait avec ce bleu. J’ai donc commencé par poser sur ma feuille cet ensemble légèrement emmené par une touche de dégradé mélangé de jaune et bleu. Ça sonnait bien dans mon cerveau. Mon crayon avait son manteau, celui-ci a bien pris forme petit à petit avec les nuances que je trouvais agréables aux yeux. Une fois fini, j’ai rajouté quelques traits de couleurs pour amener un petit plus coloré. Quelques finitions en plus que j’ai faites au feutre noir.
Quels matériaux avez-vous utilisé ?
Création conçue sur une feuille de format de 36 x 46 cm. Comme médium de la peinture aquarelle, un crayon HB pour l’esquisse, et des rognures de crayon.
Que ressentez-vous en face de votre création ?
J’observe ma production, ce bleu-jaune est apaisant pour moi. Je me sens moins saliveuse dans ma bouche et moins tremblante de l’intérieur. Je sens cette fatigue qui prend beaucoup de place, mais le mouvement de mon pinceau l’a légèrement mangée. L’instant présent quand il passe c’est trop tard, alors profitons !