Revue santé mentale n° 226 – mars 2018 – Des activités « thérapeutiques »


Revue santé mentale n° 226 mars 2018
Des activités « thérapeutiques
Fruit de la créativité et de l’inventivité des soignants, les activités occupent une grande place dans les soins en psychiatrie, mais elles paraissent parfois relever du « bricolage clinique ».
Comment les envisager au quotidien et sur quelles bases théoriques ? Comment en définir le cadre ? Comment évaluer leur impact thérapeutique sur un plan individuel et collectif ? Qu’elles soient « thérapeutiques » ou « occupationnelles », ces activités, grâce à une relation médiatisée, ouvrent des espaces de rencontres et de transformations.

Des activités et des soins en psychiatrie

Vincent di Rocco, psychologue

Aujourd’hui, la constitution d’un dispositif de médiation peut être vue comme un cadre qui doit provoquer ou empêcher, fixer, l’apparition de processus particuliers.

Le concept de médium malléable

Anne Brun, Pr de psychoapthologie et psychologie clinique

Ressorts thérapeutiques de l’activité

Christine Falquet, psychiatre

Une activité n’est pas thérapeutique en elle-même. Elle s’inscrit dans un cadre-dispositif à l’intérieur duquel un processus de soin peut se déployer, sous-tendu par une intention. Il faut ensuite préciser les indications et choisir l’objet médiateur.

L’activité à la croisée des professions

Gaëlle Riou et Agnès Guellier-Vielle, ergothérapeutes

« Jean, c’est quoi une activité à médiation ? »

Jacky Merkling, cadre supérieur de santé, formateur

Les mains de Tom

Jacques Végat, infirmier, art-thérapeute

Au fil de la prise en charge de Tom, 5 ans, enfant souffrant d’autisme, l’auteur, infirmier et art-thérapeute, explore les éléments qui s’entremêlent dans la médiation pour permettre au patient d’évoluer. Il envisage en particulier l’investissement et l’engagement personnel du soignant dans ces temps de soin.

Evaluer les groupes à médiations thérapeutiques

Anne Brun, Pr de psychoapthologie et psychologie clinique

Alors que la démarche psychanalytique est très souvent attaquée, il est urgent d’inventer des méthodologies d’évaluation des dispositifs de médiations thérapeutiques pour les sauvegarder. Il s’agit avant tout de se centrer sur les processus de soin à l’oeuvre.

Le repas partagé, un temps de soin ?

Jean-Marie Quilici, psychologue clinicien; Fanny Bearez, psychiatre et Pascal Puravet, infirmier

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Quand l’art devient thérapie

Quand l’art devient thérapie
Pauline Gravel
27 janvier 2018
L’art-thérapie a désormais gagné ses lettres de noblesse dans la métropole. Le Musée des beaux-arts de Montréal lui consacre un nouvel espace et emploie un art-thérapeute à temps plein, une initiative unique au monde.
Stephen Legari, art-thérapeute au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), accueille régulièrement de jeunes adultes autistes à l’Atelier international d’éducation et d’art-thérapie Michel de la Chenelière du musée. « Comme les autistes ont beaucoup de difficulté à décoder les émotions exprimées par les autres, ainsi qu’à reconnaître et à extérioriser leurs propres émotions, nous les aidons à relever ce défi à l’aide des collections du musée et de la création », précise-t-il. Les séances débutent par le choix d’un thème, le plus souvent deux émotions contraires, comme la peur et la sécurité. On part ensuite dans les galeries du musée à la recherche de cinq oeuvres qui représentent ces deux émotions. Chaque participant doit alors exprimer ce qu’il voit dans ces oeuvres. « Lors d’une séance sur la peur et la sécurité où l’on s’est arrêtés devant des oeuvres inuites illustrant un conte terrifiant dans lequel les doigts coupés deviennent des mammifères, on a amené les participants à parler de leurs propres peurs et à les analyser afin de voir si elles sont réalistes ou non rationnelles », souligne M. Legari. « Le fait de savoir que d’autres personnes éprouvent aussi des peurs contribue souvent à diminuer leurs propres peurs », ajoute-t-il.

Photo : Anna Lupien
Le programme du Musée des beaux-arts de Montréal, en collaboration avec l’Institut Douglas de l’Institut universitaire de santé mentale Douglas, emploie un art-thérapeute à temps plein.

La séance se poursuit par une activité de création où les participants sont invités à représenter l’émotion analysée à l’aide d’une forme d’art adaptée à l’émotion. « Chaque forme d’art offre une possibilité différente pour exprimer l’émotion : le collage est plus cognitif, car c’est comme un casse-tête qu’on forme sur la table ; fluide, la peinture est plus émotionnelle ; l’argile est pour sa part très physique et permet de traduire la colère, par exemple, en la déformant et en la frappant, mais d’une façon sécurisante », explique l’art-thérapeute.
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Recherche scientifique

L’art-thérapie est de plus en plus utilisé pour soigner et aider les personnes ayant des problèmes aussi divers que l’autisme, les troubles de l’alimentation, la schizophrénie, l’anxiété, la dépression, le cancer du sein et la maladie d’Alzheimer. Et les chercheurs sont de plus en plus nombreux à éprouver scientifiquement ses bienfaits. Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, a créé le comité Art et Santé du musée. Présidé par Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec, et composé de 17 experts issus des milieux de la recherche, de la santé, de l’art-thérapie et des arts, ce comité a pour mandat d’évaluer les projets de recherche qui sont proposés.
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La puissance de l’art

La majorité des participantes apprécient de pouvoir oublier toutes leurs préoccupations pendant les quelques heures de la séance. Elles soulignent aussi les bienfaits de rencontrer d’autres personnes qui vivent avec un cancer du sein comme elles et « de redécouvrir leur créativité pour exprimer des choses qui sont parfois très difficiles à nommer ». Ce programme fera bientôt l’objet d’une étude scientifique menée par la psychologue Jacinthe Lambert, qui est professeure coresponsable des programmes d’art-thérapie en milieu muséal à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).
« Les oeuvres d’art suscitent en nous une émotion esthétique, elles communiquent sensiblement avec nos traits biologiques de grands primates. L’art s’adresse à nous en tant qu’êtres humains, dans notre chair, dans notre sang, par nos tripes. Dans un lieu où il y a des oeuvres d’art, nous sommes devant un mode de communication, d’échange et d’émotion qui est très différent de celui que l’on pourrait avoir devant un écran, face à un professeur ou devant une scène, où on se trouve également en situation passive. Face à des oeuvres d’art, nous sommes dans une dynamique qui nous engage et qui nous permet de mieux interagir d’un point de vue social, donc avec les autres, et en même temps de renforcer notre estime de nous. L’art nous fait du bien en société et en tant qu’individus », affirme Nathalie Bondil.

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