Toujours en route pour créer de nouvelles productions concernant les instruments de musique, que la douleur soit là, ou qu’elle soit absente. Mon but est de compléter la suite de mes productions concernant les instruments de musique.
Qu’il y ait ou non de la couleur, l’important est de reconnaître la forme d’un corps, de lui donner une existence, un nom, une vie, des émotions comme s’il était vivant. Cela, je pense qu’on peut le traduire par une forme sur une feuille, le faire parler, l’entendre et sortir du silence, du néant.
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?
Il fallait que le corps soit vu de dos. J’aime cette position : les courbes d’un corps qu’il soit plus ou moins enrobé, reste dans une harmonie qui lui est spécifique.
Ces courbes sont toutes spéciales. Elles représentent ce que nous sommes nous et peut-être aussi ce que l’on devient dans le présent, c’est notre corps et donc notre identité aussi.
Reprendre un corps dans sa forme et la retransformer, c’est quelque chose que je trouve intéressant. Garder les traits du début, ne pas tous les enlever, permet de garder l’identité primitive et c’est important.
Pour cette création, j’avais toujours dans ma tête, la musique, la discrétion et le bien être. À ce moment-là, la souffrance, la douleur physique, psychique, n’existaient plus du tout. C’est cela aussi qui m’incite à faire naître des corps même si parfois ils sont en morceaux.
Là je souhaitais sentir un peu de calme dans le mien. Je sais que quand je dessine, mon attention est moins axée sur ce qui me dérange sur le moment présent. Comme si ce que je je sentais en moi était aspiré par le geste de mon crayon et introduit dans la naissance de mon dessin. Au cours de ce nouveau travail, c’était ce que je désirais ressentir en moi.
Pour déposer les couleurs, un mélange de vieux produits, que j’avais retrouvés, en même temps je redonnais une autre vie. Je voulais un mélange de tons, pour mieux incorporer ce qui m’ennuyait, comme si de rien n’était. Inconnu, disparus et hop comme si de rien n’était. Inconnus, disparus les sensations douloureuses.
Pour la finalisation de mon travail, j’ai rajouté en collage un morceau de Sopalin ou j’avais travaillé mes couleurs dessus. Les mêmes couleurs employées pour le corps vu de dos, mais davantage mélangées entre elles.
Je trouvais que l’ensemble allait bien, qu’il était harmonieux : bref un petit plus, qui comme je l’écris souvent, est loin d’être négligeable.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Un mélange de vieilles couleurs Déco Pébéo et encre liquide de couleur bleu, rouge, violette.
Que ressentez-vous en regardant votre production ?
Je regarde ma production, dans ma tête je ne sens pas mon cerveau en morceau. Cependant, dans celui-ci le pouls tape fort. Je ne sens pas de violence, alors j’écrirais que je me sens bien. De toute façon, j’ai passé un agréable rendez-vous avec moi-même à faire naître cette composition.