BMP – Le cœur et l’angoisse liée au troisième confinement

BMP – Le cœur et l’angoisse liée au troisième confinement
Cœur serré dans une main, ou comment exprimer l’angoisse liée à ce troisième confinement.
Quelques mots !
Je suis un peu perdue dans tous les propos que j’entends à la télé etc. Ce nouveau confinement met à rude épreuve nos émotions, c’est ce que je ressens dans mon cerveau. L’atmosphère est anxiogène, stressante et même étouffante par moment.
Avec ce nouveau confinement, la vie de tous les jours me semble perturbée. Les ateliers sont suspendus dans deux associations, alors que la demande est forte. Mon cerveau a du mal à suivre. J’ai vraiment du mal à comprendre certaines décisions qui sont prises, pourquoi ceci ou pourquoi pas cela. En moi, ça fait un pas en avant, un pas en arrière. J’ai cette impression que mon cerveau, avance, recule, avance, recule, et qu’il se retourne au milieu et ne bouge plus. Il est paralysé parce que finalement il ne sait plus quelle direction il faut prendre etc.
Alors, un moyen de sortir de cette paralysie, c’est de dessiner et de retranscrire comment je perçois ce confinement.
Comme je l’ai écrit au début, je trouve que nos émotions sont mises à rude épreuve. Il y a de la déception, de la désolation, de la colère, de la tristesse, de la souffrance, de l’inquiétude et de l’impuissance.
Quand j’entends parler autour de moi, ou quand des personnes viennent me parler de leur situation actuelle, j’entends dans leurs mots une souffrance, une terrible souffrance et pour ma part, il m’est impossible de rester de glace. On ne peut pas ne pas réagir, se boucher les oreilles, ça ne serait pas humain. Comment ne pas se transformer en une éponge ? Comment mettre des barrières à tous ces événements ? Un juste milieu est-il possible ? L’humain est si important je trouve. Comme l’empathie.
Quand je partage le goûter à la fin de mes ateliers, je me rends compte plus encore de la dégradation et cela fait peur.

Implication associative

Cette épidémie a énormément détruit. Pour l’instant ce sont des plaies béantes qui sont ouvertes. Cela se voit beaucoup à la Table de Jeanne-Marie, les tensions dans les couples sont devenues très importantes. Les personnes sont angoissées, elles ont peur. Elles sont agressives, elles se referment sur elle même. Elles sont à la recherche de contact humain et de bienveillance. Mais aussi de réponse et de sécurité.
Souvent les personnes parlent de solitude, de leur solitude mais est-ce le bon mot. Je pense que c’est plus de l’abandon par moment.
Alors oui, je suis là avec mes ateliers d’arts plastiques. Je me dis que si je peux apporter un petit moment d’apaisement, de réconfort avec les pinceaux, offrir une petite goutte colorée dans l’après-midi d’une personne qui se sent mal, alors je le fais, mais je suis consciente qu’il manque encore beaucoup pour apporter de l’aide.
Je n’ai pas besoin de merci je l’ai autour de table. Je l’ai dans le regard des personnes quand je leur donne un sac d’alimentation avant de partir.
Une personne m’a dit qu’elle ne se rendait pas compte avant qu’elle vienne manger à la TJM comme elle avait faim et combien elle manquait de beaucoup de choses qui pourrait l’aider.
À chaque fois, je retiens ma salive pour retenir mes larmes parce que, il y a vraiment des situations difficiles que les personnes vivent. J’aimerais être, à ce moment-là, Samantha la sorcière bien-aimée, à bouger mon nez pour apporter plus d’aide. Parfois je me retiens de prendre des gens dans les bras pour les consoler quand je les vois pleurer. Elles sont là, elles s’excusent et moi je réponds : « mais non, vous n’avez pas à vous excuser de pleurer. Vous n’avez pas vous à excuser de dire que vous allez mal, que quand vous souffrez vous avez besoin d’être entendue et que vous avez besoin d’aide ».
C’est là aussi que je me dis qu’il manque des professionnelles de la santé pour prendre en charge cette souffrance des personnes. Il est difficile de fermer les portes de l’association le soir, quand je sais que tout le monde n’est pas à l’abri ou est dans une grande demande de besoins multiples et ça dans tous les sens le terme. Il y a cette question qui est là : combien y aura t’il de nouvelles personnes que je vais voir arriver le lendemain à l’association pour demander de l’aide ? Sans oublier celles qui n’osent pas venir demander et qui restent assises sur la chaise et qui attendent. C’est aussi à nous en tant que bénévole de les repérer et de faire en sorte de pouvoir faire ce qu’il faut. Cette dignité de la personne est si important mais aussi si fragile.
Je suis bénévole oui mais je me dis aussi que c’est la moindre des choses que je puisse faire. Apporter ce petit plus et cette écoute. Mais c’est très difficile d’aider les personnes mais on essaie.

Comment avez-vous concrétiser votre esquisse ?

Oui le cœur de tout le monde, est je crois bien mis à rude épreuve pendant cette crise du Coronavirus.
J’ai donc dessiner sur ma feuille un cœur serré dans une main. Ce geste exprime ce que ressent la personne concernant son cœur, et mon propre cœur, je le sens serré.
On peut apercevoir des larmes couler dans ce cœur. Ces larmes montrent que les émotions sont mises à rude épreuve par rapport à ce qui se passe autour, par rapport à ce que l’on entend, ce que l’on vit, ce que l’on observe. Les larmes de ces émotions retranscrivent ce que provoque ce coronavirus, cette crise sanitaire, ce nouveau confinement. Nous savons bien malgré tout, que c’est un moyen pour trouver enfin une petite porte de sortie. On supporte, on essaie tant bien que mal de suivre le mouvement de la vie  parce qu’on a pas le choix. Combien, je l’entends de fois ça aussi. Voilà sur ce que fait parler ce cœur et ses larmes d’émotions. Pour les couleurs j’ai mis un peu de rouge que j’ai mélangé avec beaucoup d’eau, du noir et du bleu. Les couleurs éclatantes ne m’ont pas parlé pour cette production.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur une feuille de format 36 x 48 cm. J’ai utilisé un crayon HB pour faire naître mon esquisse. Comme médium la peinture aquarelle.

Que ressentez-vous faire à votre production ?

Je regarde mon esquisse et j’aurais peut-être envie de dire que le fait de mettre du bleu sur ma feuille m’a un peu apaisée, mais c’est bien fragile. Cette production sera donc une trace de mon vécu de ce troisième confinement. Le fonctionnement de la vie a changé, les évènements nous marquent et nous changent. Pourtant il faut essayer de s’accrocher, de garder ce sourire qui est transmetteur aux uns  et aux autres. La vie va reprendre mais celle ci va se faire dans un autre mouvement . Pas comme celui d’avant. Tout comme notre regard sur la vie va être changé.

BMP – Fake News

BMP – Fake News
Je définirai ces Fake news qui nous inondent en ce moment, comme un piège mental. Cela nous induit en erreur, mais plus insidieusement nous fait changer de comportement. On peut croire que tel médicament est dangereux alors qu’il ne l’est pas. Un des derniers tweet, annonçant le décès par crise cardiaque de la personne qui avait reçu la première de dose de vaccin dans notre pays, ceci avait bien pour but de désavouer ce vaccin, donc de le disqualifier et ainsi de pousser les gens à le refuser. Cela peut aller jusqu’à nous faire changer nos habitudes de vie et parfois porter atteinte à notre santé.
Ce qui se passe là, c’est pour moi comme un ver destructeur, qui s’insinue et qui provoque des dégâts sur notre équilibre. Ces fausses informations sont conçues pour atteindre notre cœur, provoquer des émotions fortes comme de la peur, de l’inquiétude, des angoisses mais aussi toucher la confiance que l’on peut accorder aux médias et aux réseaux sociaux. De fait, cela fonctionne bien ! Car notre cerveau est subitement surchargé d’infos multiples ! Un tsunami. À force de brouiller les pistes entre fausses peurs et vrais risques, notre cerveau a du mal à s’adapter et à suivre. Ainsi il y a un mal être qui s’installe petit à petit et notre moral en prend un coup. On sort moins, on dort mal, parfois on se réfugie dans la nourriture pour calmer les angoisses et nos questionnements ! Tout est détraqué !
Les personnes qui provoquent cela, savent très bien quels mots-clés employer et comment les placer dans un texte ou les insérer dans des contenus comme des vidéos et des photos pour attirer notre attention et faire en sorte que cela nous attire ; ainsi la propagation des fausses nouvelles sur le web se fera au  mieux.
A notre insu, notre cerveau, quand on lit ces fausses nouvelles, qui nous intoxiquent et nous rendent presque paranoïaques, en voyant même parfois des complots partout, on est manipulé. On se transforme en robot. On ne sait plus ou en est et même notre concentration devient difficile. Cela peut même  atteindre le sommeil, car l’incertitude et l’inquiétude se font sentir et au lieu de dormir on tourne en rond, on ressasse, le cerveau peut-être pour nous protéger, pour se protéger se crée une sorte de carapace pour essayer de se sentir en sécurité et on attend d’entendre en nous que c’est sûr, qu’on va s’en sortir. C’est ce qui se passe avec le vaccin, faire ou ne pas faire confiance, mais qui croire ?
Je me demande qui croire : les divers médias traditionnels, ou les réseaux sociaux ?
Je serai tentée à faire d’avantage confiance à la télévision, même s’il y a trop d’informations plus pessimistes les unes que les autres. Même si, par moment, je me sens légèrement étouffée dans mon cerveau, je me sens moins trompée, à l’idée que les journalistes ont des comptes à rendre et qu’ils doivent vérifier leurs informations. Après il reste toujours un point d’interrogation, mais l’inquiétude est moins violente.
Les « Fake news » pour moi,  sont plus présentes sur les réseaux sociaux, mais aussi dans dans les conversations que l’on peut avoir avec les uns avec les autres. Mais ce n’est pas nouveau !
Comment savoir si parfois on n’a pas relayé nous même des fausses informations ?
Comment évaluer la qualité et la pertinence d’une information, discerner le vrai du faux ?
Je pense qu’avant de tout gober, il faut souvent remettre la phrase transmise dans son contexte. Cela peut évier d’interpréter de travers et donc de transmettre de travers.
Par ailleurs, relater des faits, n’est pas la même chose qu’exprimer son opinion. Parfois là aussi on finit par ne plus faire la différence et cela crée le doute dans les esprits.
Même si on essaie de passer outre ces Fake News, il y a toujours les questions des uns et des autres qui sont là et qui nous intriguent, qui nous titillent et qui nous poussent à fouiner à nouveau et finalement à douter de tout ou presque. On a l’impression que jamais cela ne va s’arrêter !
Même si le gouvernement traque les mauvaises infos cette situation reste complexe et anxiogène. Il suffit de lire en ce moment tout ce qui se dit et ne se dit pas sur la vaccination.
Ma question : comment mettre les vraies informations en avant et ceci avec sureté ?
Pour accompagner ce que je viens d’écrire, je vais proposer un dessin, pour monter à quel point ces fausses nouvelles peuvent aller jusqu’à nous faire perdre la tête.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Je vais me cantonner aux rumeurs concernant le coronavirus et le vaccin.
Par exemple, on a pu lire sur les réseaux sociaux, que la Covid était là pour « tuer la population mondiale »
– ou encore que des personnes âgées en maison de retraite sont mortes car elles se sont fait vaccinées.
– ou encore que « Les vaccins ARN vont modifier notre ADN »
– ou encore concernant des seringues truquées pour les politiques se faisant vacciner ?
Donc j’ai commencé par dessiner cet homme, devant son ordinateur qui lit toutes ces Infox et qui en perd sa tête. Il en en devient dingue, il a peur et ne se sent pas rassuré. Pour amplifier ce gavage, j’ai dessiné comme des perfusions qui nous alimentent malgré nous, ce qui a des répercussions nocives sur notre état général et sur notre santé.
J’avais envie de rajouter à ma production des mégaphones, pour montrer que des personnes détournent les faits et crient dans nos oreilles, nous assourdissent.
J’ai cependant choisi de prendre des couleurs douces, comme pour essayer de lutter contre cette situation qui existe depuis longtemps, mais qui en ce moment est très intense et finalement très violente.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Production conçue sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, peinture aquarelle.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

J’ai trouvé ce sujet très intéressent à aborder. Travailler dessus permet aussi de pouvoir prendre du recul face à ces Infox. Pouvoir se poser et prendre les bonnes décisions, par exemple en ce qui concerne le vaccin. Apprenons à résister aux tentations et à trop écouter tout ce qui nous entoure ! Peut-être aussi essayons de faire confiance à la médecine.