BMP – Figurine


En plus de peindre, j’apprécie aussi les masques. Je trouve qu’ils nous parlent à travers leurs histoires.
Mais je n’avais pas ce qu’il fallait pour faire un masque, alors je me suis tournée vers la création d’une « petite figurine ». Je n’avais jamais essayé, mais je me suis dit que je découvrirais au fur et à mesure 🙂
Je devais réfléchir sur la manière de procéder et quand mes idées fusent elles fusent ! 🙂 Hum il faut juste qu’elles s’arrêtent dans ma tête ! et ça, par moment, c’est la course dans ma tête 🙂 !

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre figurine ?

Avant tout; je devais monter la base de mon travail, c’est-à-dire construire la forme, l’armature de ce qui serait le corps de ma figurine. Je me suis servie de fil de fer, de couleur rouge, ce qui rappelle un peu le sang dans notre corps. Quand j’ai commencé cette morphologie, j’avais comme l’impression d’y faire naître les premiers os. Je n’y suis pas arrivée tout de suite : j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois. Un problème de longueur des pieds, jambes etc.
Puis j’ai continué en faisant apparaître ce qui remplirait ce corps, mais également ce qui pourrait être une peau. Je me suis donc servie, de papier mâché et de plâtre. J’ai fait une petite mixture en utilisant une petite goutte de colle blanche pour mosaïque. Une fois mon mélange bien homogène, j’ai commencé par faire apparaître la tête de ma figurine en la modelant. Je voulais voir un peu ce que cela donnerait. Là, c’était du tâtonnement, mais ce n’était pas mal. Puis j’ai continué pour faire le reste du corps, le ventre, et une légère forme de poitrine.
J’ai laissé séché deux jours dehors au soleil.
L’étape suivante a été de faire les bras, les rembourrer, les rendre plus « fort » et d’essayer de faire également les formes des mains. Pour cette étape, je me suis servie de grosse laine, que j’ai entourée autour des bras. Pour la forme des mains j’ai pris du gros fils. J’ai eu un peu de mal, mais bon la forme est présente.
Une fois finie, ma forme était plus vivante, plus humaine. Je ne voulais pas que les articulations soient bloquées, je souhaitais pouvoir plier les jambes et les bras.
La suite de mon travail a été de trouver une petite solution pour pouvoir habiller ma figurine, ne pas la laisser toute nue. J’ai donc fouillé dans mes restes et j’ai trouvé une espèce de tissu que j’ai mouillé et collé sur le corps. J’ai également dessiné les yeux et la bouche, le nez.
Ma dernière étape a été de faire apparaître les cheveux. J’ai donc récupéré les épluchures de mes crayons de couleurs quand je les taille, et je les ai collés sur la tête de ma figurine. Pour moi, c’était vraiment original. Une petite touche qui rappellerait le côté couleur, le côté dessin.
Je voulais rester sur la note de l’art-thérapie et petit peintre et ça a été ma touche finale, pour prendre les photos.
Voilà comment est née ma figurine.
Maintenant, je sais comment faire si je refais cela une prochaine fois. Je pourrais donc la faire un peu autre.
Une nouvelle découverte, avec laquelle, même en tâtonnant, j’y ai pris du plaisir à la faire naître.

Matériaux utilisés :

Fil de fer, papier mâché, plâtre, laine, gros fil rouge souple
Récupération d’épluchure de taille des crayons de couleurs.
Colle, feutre noir, tissus mouillés au préalable.

BMP – Un dessin fait sur le moment

Un dessin fait sur le moment. C’est ce que j’appelle moi, dessiner dans l’immédiat, ne pas attendre, être dans le temps présent, être dans le « tout de suite ». Ne pas attendre l’heure qui suit, car je pense que mon idée peut s’envoler, elle peut être mangée (dévorée) par mes dissociations.
Cette situation se met en place quand j’y pense, quand mon cerveau se met en mode « réfléchir » au lieu de partir un peu dans tous les sens, au lieu de délirer.
J’ai écrit « y penser » car quand j’ai trop de dissociations ça ne me vient pas en tête de dessiner.
Mon cerveau n’a pas intégré totalement encore que dessiner c’est comme « roue de secours ». Mais, peu à peu, mon cerveau commence à l’assimiler.

Pour en revenir à ce dessin je l’ai donc fait naître de ce que je ressentais dans ma tête, ce manque de place. Parfois je me dis aussi que ce sont les questions que je me pose sans cesse, qui parfois envahissent mon cerveau et prennent la place pour le côté plus réfléchi, plus posé qui existe quand même chez moi.

Pour pour la concrétisation de cette esquisse, mon idée « à moitié finie »  persistait.
Ce que je veux expliquer, c’est qu’il m’est impossible d’avoir un regard sur un corps fini là où aucune pièce ne manquerait, où celles-ci seraient rassemblées d’une façon normale, d’un  seul morceau et attachées avec tous les membres.
Pour moi cela n’existe pas vraiment. Mon cerveau a du mal avec cette situation. Je pense aussi que non seulement j’ai du mal à me dire qu’un corps doit être en entier ; mais il y a aussi le côté « routine ». Pour moi, créer un corps, avec une tête, des pieds, des oreilles, un corps qui  doit rentrer dans la  fameuse case, quand on  arrive à ce dire « il est normal » et bien pour moi ça m’apporte un côté « bourdon ». Aucune originalité.  mais aussi, que veut dire ce mot normal pour un corps ?
Pour ma part, j’apprécie le côté disjoncté. Et puis c’est sortir des limites. car on a tous un peu ce côté là en  nous.
Et puis je me dis aussi que sortir de cette banalité, être originale cela apporte un côté mystérieux et peut-être casse-tête, et ça par contre j’aime.

Comment avez-vous procédé pour  la concrétisation de votre esquisse ?

J’ai donc commencé par dessiner ce corps de dos, avec son visage de profil, un visage où aucune émotion n’apparait, mais aussi où il n’y a ni bouche ni yeux. Ils sont absents, ce qui me ramène au mot dissociation. Juste une forme.
Ensuite j’ai continué en faisant apparaître ce visage qui se trouve à côté, c’est la même personne mais de profil car ça me disait, dans ma tête, au moment de la création de cette esquisse, qu’il fallait se cacher, ne pas se montrer. « Je ne veux pas qu’on me regarde ».  Ce n’est pas forcément négatif non plus mais je ne sais pas finalement.
Là pour mon dessin, je suis incapable de dire dans quel sens je le perçois, je voulais juste exprimer ce moment avec un coté bizarre.
Puis j’ai terminé en dessinant cette jambe et ce pied à part du corps, comme blessé à jamais, comme ci cette partie n’existait plus. Je voulais juste qu’une petite courbe, un côté cambré de ce corps comme pour exprimer de la douleur.
Pour la finalisation de mon dessin, je suis passée au manteau de mon esquisse, je ne voulais aucune couleur hormis cette pointe de rouge au niveau de la bouche, juste pour dire que cette bouche est là pour exprimer quelque chose, pour éviter que le silence ne prenne la main sur mon dessin. Après le reste de mon esquisse devait rester dans la discrétion, donc pas de couleur pour se faire remarquer.

Matériaux utilisés

Dessin conçu sur une feuille de format de 36×48 cm à grain fin.
Je me suis servie aussi du crayon grafic 6B et HB, crayon Derwend Charcoal médium de couleur noir.

Qu’avez-vous ressenti ?

J’ai ressenti l’impression d’être serrée, avec un manque d’air, j’avais l’impression d’étouffer dans ma tête.
Je voulais aussi de la couleur noire, car le noir c’est aussi cette sensation de rien laisser paraître. Rester dans les limites ou pas, le noir cache les dérapages. Le mot incognito pointe son nez, tout comme le mot discrétion.
J’ai eu des dissociations. Et cette douleur dans le côté droit, qui m’énerve « drôlement » !
Mais j’ai aimé effectuer ce dessin, parfois je ne veux que travailler au crayon de papier. Comme une plénitude qui émerge.

Que ressentez-vous ?

En regardant mon dessin, je  dirais qu’il y a de la tristesse, mais je ne sais pas trop si c’est bien cela, je pourrais dire aussi c’est un corps dont le temps passé et présent joue avec lui.
A part cette douleur qui est bien réelle, je dirais que je n’ai pas la guerre dans ma tête.
Je n’arrive pas à ressentir d’autres choses finalement.
Cela donne une impression aérée à l’intérieur de ce corps, qui n’est  pas fini, enfin je crois, mais je ne sais pas, j’ai cette impression de ne pas être bien moi et je ne veux pas me tromper.