J’apprécie de dessiner des visages déformés les uns dans les autres, mais c’est par période. Il y a quelque temps, j’avais commencé à mélanger le visage d’une femme et d’un homme dans ce mouvement de la dissociation, mais pour l’instant, il doit être encore travaillé. Par moments, je me dis qu’il est alors possible de faire vivre et apparaître des émotions plus importantes.
Parfois, quand je me regarde dans la glace, il m’arrive de percevoir un visage déformé, mais celui-ci est comme au loin. Je dois dire que lorsque cela m’arrive, je suis remplie de frayeur. Après, il y a comme un trou dans ma tête, quant à mon cerveau, il a disparu, je n’en n’ai plus.
Aujourd’hui, je voulais prendre mes crayons graphiques et noyer ce qui me provoque ce trou quand la dissociation est là. Mais il y a aussi Béatrice qui s’amuse avec les crayons et qui prend du plaisir, et ce matin elle est là, elle va justement prendre plaisir à faire naître deux visages et les faire vivre sur ma feuille.
Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?
Ces deux visages, seront ceux d’un homme et d’une femme, mais il ne faudra pas essayer de chercher et de trouver si c’est l’homme ou la femme qui se dissocient le plus, par le biais du mouvement de mon crayon. De même, il ne faudra pas non plus essayer de reconnaître le visage de la femme ou de l’homme.
Parce que ce n’est pas ça l’important me concernant. L’important, c’est surtout de noyer quelque chose qui bouge et qui est pris dans le mouvement de la dissociation. Alors je vais commencer par m’amuser à faire bouger les yeux et les bouches dans ces deux visages que je vais dessiner de profil. En premier, j’ai positionné les 4 yeux, puis les deux nez et les bouches. Cela m’a permis, par la suite, de dessiner le premier visage de profil celui de la femme. Ensuite, j’ai continué en faisant apparaître la première oreille, à droite de ma production. C’est ce qui m’a aidée à élaborer le visage de l’homme ainsi que son cou. La plus grande partie de mon esquisse étant née, il ne me restait plus qu’à terminer en ajoutant les chevelures pour l’homme et pour la femme.
Pour les couleurs, je ne voulais pas de peinture aquarelle, mais je voulais m’amuser avec mes divers crayons graphiques. Ces crayons graphiques me salissant les doigts, mais ce n’était pas grave. La seule chose que je voulais, c’était de ne pas laisser les empreintes de mes doigts sur la feuille. J’ai essayé de jouer avec les ombres et les dégradés. J’essaie toujours d’évoluer là-dessus.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur une feuille blanche de format 36 x 48 cm à grain. J’ai utilisé un crayon papier HB pour faire naître mon esquisse puis des crayons graphiques.
Que ressentez-vous quand vous regardez votre création ?
Je dépose donc ma production sur le grand chevalet et je l’observe de loin. Ce qui m’attire le plus c’est le centre de ma création. Dans mon cerveau, je me sens un peu enfermée. Je sens un trou entre mon cerveau et ma tête. Ma feuille bouge, il me semble, je ne sens rien de certain dans mon cerveau, ma tête, elle craque.