BD – Un vendredi pas comme les autres, marqué par la tristesse

BD – Un vendredi pas comme les autres, marqué par la tristesse
La Table de Jeanne-Marie est en deuil et mon équipe du vendredi également. Le cuisinier R. s’est éteint le mercredi 26 août 2020 à l’hôpital Bretonneau à Tours des suites d’une maladie. Il était demandeur d’asile, en attente d’une réponse, il était âgé de 30 ans et originaire d’Iran.
R. a servi comme cuisinier à l’association depuis plus d’un an. Il ne pourra pas être enterré dans son pays. Pour sa famille c’est une situation très dure. Des démarches sont donc faites pour qu’il soit enterré dignement en Indre et Loire.
Étant responsable le vendredi, de la journée, et comme ce jeune homme faisant partie de mon équipe, c’est avec l’Accueil Sans Frontière en Touraine – ASFT,  que nous avons organisé un hommage auquel beaucoup de personnes se sont rendues.


Donc ce n’est qu’après vers 15h que l’atelier d’arts plastiques a été mis en place, il a été le bienvenu pour tous. Pour apaiser les “esprits ».
Une fois tout le monde installé autour des tables, le matériel sorti, mes aides M. et Q. bien présentes, l’atelier pouvait commencer. Mais nous avons pris un temps pour parler des événements de la mi-journée.
Le thème retenu était : « le mouvement des mains. Tenir un objet ».
C’est un thème qui a attiré la curiosité. Il a permis de faire des petits exercice avec les mains. Nous avons observé ensemble ces mouvements : du poignet, des doigts, de la main en entier, de la tenue des objets.
Un petit moment de détente, que les personnes ont apprécié et qui a permis aux participants de mieux percevoir comment commencer leur ébauche.
C’est ainsi qu’elles se sont mises à dessiner les premières mains. Toujours accompagnées des conseils de M., Q. et de moi-même. C’est très important d’encourager les participants qui au début on rencontré quelques difficultés.
Nous n’étions pas limités par le temps, ce qui aide à détendre l’ambiance. Les personnes présentes oubliaient un peu le vécu de la matinée. Elles nous ont d’ailleurs dit à quel point dessiner leur faisait du bien.
De mon côté je voulais accorder plus de temps que d’habitude à mon atelier, pour que chacun puisse repartir plus serein et moins angoissé.
C’est ainsi, avec plus de sérénité, que les productions ont vu le jour, que les couleurs ont été déposées sur les esquisses. Des avis sur les réalisations se sont échangés, avec même des petites pointes d”humour, ce qui est vraiment ce que j’attendais.
Comme d’habitude nous avons rangé, nettoyé ensemble et fini par un goûter.
Puis nous avons accroché les productions sur les tableaux prévus pour cela ; c’est toujours un moment très attendu et qui me rend fière.
Les personnes sont reparties, un peu plus détendues, et nous ont remerciées.
De mon côté, dans ces moments-là, je suis persuadée que l’aide d’une professionnelle serait la bienvenue, mais c’est mon avis.

BMP – Travail à l’éponge

BMP – Travail à l'éponge
Toujours à travailler mes couleurs : mon idée était de les travailler seulement avec une éponge, donc sans pinceau.
Je me voyais bien faire ce mouvement dans ma tête avec cette petite éponge de couleur jaune, mais je n’arrivais pas à amener ce geste sur ma feuille, à le faire apparaître. Alors il me fallait trouver et essayer.
Me voilà lancée, mais avant je devais concevoir mon esquisse.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Me voilà donc devant ma feuille, j’avais ma petite idée en ce qui concerne mon tracé de dessin.
Dans ma tête il y avait un petit mélange de cubisme et de décalage. En moi, il n’y avait pas d’émotion particulière, telle que colère, joie, tristesse, mélancolie ou autre. Pourtant il y en avait bien une qui était là, mais je ne la sentais pas. Parfois cela m’arrive. Ça me fait repenser au niveau d’angoisse et au questionnaire de l’étude sur l’anxiété en période de confinement.
J’étais pourtant bien dans le présent et j’avais hâte de pouvoir essayer de travailler mes couleurs et de peindre avec l’éponge.
J’ai donc commencé mon esquisse, en dessinant un corps de femme, ce corps aura un visage et je me suis empressée de le faire apparaître.
Puis je suis passée aux différentes autres formes pour habiller le corps, comme une robe à plis, mais légèrement en une forme cubiste et décalée, de même que les  bras que j’ai dessinés dans cette esquisse.
Par moment quand je dessine ainsi, je ne pars pas en vrille mais dans mes « doux délires » et j’aurais tendance à faire apparaître ces drôles de formes, qui une fois peintes, me font sourire. Pour cette fois-ci c’est un peu cela, je serai partie, mais je ne sais où… 🙂
Mais, du coup, mon esquisse est bien finie !
La phase couleur, là où je dois prendre cette éponge qui, pour cette fois-ci, va remplacer mon pinceau.
J’ai donc mis quelques couleurs sur ma palette et je me suis lancée. J’ai commencé par mouiller mon éponge en trouvant le bon dosage d’eau qui restera à l’intérieur de celle-ci, et surtout qui sera suffisant pour se mélanger avec la peinture aquarelle mais aussi sur ma feuille sans trop la mouiller. Pour arriver à cela, il faut comme je dis un bon tour de main.
Le début a été en tâtonnements, puis je me suis un peu plus détendue mais jamais trop. C’est le dosage qui m’angoissait.
C’est comme trouver le bon dégradé entre le noir et le blanc. Pour moi, c’était pareil, trouver le bon dégradé, en eau et dans le mélange de mes couleurs et tout cela avec mon éponge.
Mais pour une première, je trouve que je me suis bien débrouillée : on ne perçoit pas trop les auréoles.
Pour les finitions, je voulais, avec le crayon noir, faire apparaître un peu plus le corps de la femme. Une petite démarcation.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, Peinture aquarelle. Éponge, feutre noire à pointe fine.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Je regarde ma production, je me sens moins angoissée qu’au départ. Après il y a cette partie de moi qui cherche les défauts ! J’apprends toujours à me raisonner là-dessus ! On est dans le présent. Dessiner pour moi c’est du plaisir !