Parler de santé mentale


jeudi 11 février 2016

Février étant le mois de la prévention du suicide, il est nécessaire de faire place à la santé mentale. Pourquoi n’en parlons-nous pas le reste de l’année ? Aborder ce thème demeure tabou pour certains.

Pourtant, il touche la majorité d’entre nous de près ou de loin. Selon l’institut de recherches en santé du Canada (2014), un Canadien sur cinq sera aux prises de maladies mentales au cours de sa vie. Parlons-en pour amoindrir le fardeau de ceux qui vivent ces difficultés.

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Toutefois, nous avons notre part de responsabilité et devons prendre conscience de l’importance qu’a la santé mentale sur nos vies.
Un point clé est de ne pas négliger notre équilibre de vie. Ceci peut être un concept qui nous pose quelques difficultés, surtout lorsque notre socialisation, nos normes et nos valeurs n’accordent pas une place d’importance à la santé mentale. La majorité d’entre nous vivent un rythme de vie accéléré et sentons beaucoup de pression au quotidien. Cependant, il est important de se recentrer régulièrement sur nous-même pour maintenir un bon équilibre de vie.
Une façon de faire ceci est de porter attention à comment on partage notre énergie entre nos responsabilités familiales, sociales, professionnelles et notre bien-être. C’est malheureusement souvent notre bien-être qui est délaissé. Finalement, nous sommes tous différents, chacun ayant son propre équilibre. Nous avons tous des capacités différentes et il faut les respecter sans vouloir copier le modèle de vie des autres ou celui véhiculé par les médias. Enfin, pour reprendre le proverbe : « Un esprit sain dans un corps sain ».

Mélodie Vienneau
Dalhousie-Junction

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L’art-thérapie à Montréal : du récréatif à la recherche

Logo-La-presse-CAPublié le 28 juin 2015
Par Éric Clément
La Presse

Chez les peuples premiers, l’art avait la fonction de guérir. La modernité a mis à mal cette tradition qui a tout de même ressuscité aux États-Unis, en Angleterre et au Québec sous le nom d’art-thérapie. Précurseurs, les Grands Ballets canadiens et le Musée des beaux-arts de Montréal sont passés à la vitesse supérieure en lançant des projets de recherche fondamentale avec des médecins et des chercheurs.

En avril dernier, un élève de 8 ans, atteint de mutisme sélectif depuis 3 ans, a participé à une visite du Musée des beaux-arts de Montréal avec sa classe. Devant l’oeuvre Jouet d’adulte, du trio d’artistes québécois BGL, son enseignant a demandé aux élèves de la classe ce qu’évoquait en eux ce véhicule tout-terrain renversé et parsemé de flèches.

« À la grande surprise de ses camarades et du professeur, le petit garçon s’est mis à parler, raconte en entrevue Danielle Champagne, directrice de la Fondation du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Il a alors raconté que son papa était mort dans un accident de moto trois ans auparavant. L’oeuvre l’avait incité à parler. »
Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres de l’effet que peut avoir l’art sur des enfants victimes de traumatismes. Le printemps dernier, on a appris qu’au Nigeria, l’UNICEF utilisait le dessin lors de séances psychosociales afin que des enfants enlevés par les djihadistes de Boko Haram puissent exprimer les traumatismes qu’ils ont endurés, rappelle Nathalie Bondil, directrice du MBAM.

Le MBAM croit en la force de l’art-thérapie depuis une quinzaine d’années. Sous l’impulsion de Nathalie Bondil, l’institution a multiplié, depuis trois ans, les programmes permettant aux organismes de faire interagir leurs membres aux prises avec des problèmes de santé avec des œuvres d’art. Le futur pavillon du musée, le Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein qui devrait ouvrir fin 2016, aura un étage voué à l’art-thérapie, comprenant un bureau de consultation privée pour des visiteurs dans le besoin.

Si Concordia a été la première université canadienne à proposer une maîtrise en art-thérapie dès 1982, l’art-thérapie prend actuellement un virage scientifique et méthodique au Québec. De l’aspect récréatif de l’art-thérapie, le MBAM et les GBC sont passés à la recherche fondamentale et à l’angle thérapeutique, s’associant à des instituts de recherche et à des universités pour faire avancer la connaissance sur les effets de l’art sur la santé.

Trois projets au MBAM

Le MBAM travaille ainsi avec l’hôpital Sainte-Justine sur les effets que peut avoir la création d’oeuvres collectives sur une dizaine de jeunes aux prises avec des troubles psychologiques. Les chercheurs vont vérifier si cette activité a des effets sur l’estime de soi, sur la santé et le bien-être des jeunes et sur leur capacité à s’intégrer dans un groupe.

Le deuxième projet de recherche est mené de concert avec l’Institut de cardiologie de Montréal. Il s’agit de mesurer à quel point les problèmes de dépression et d’anxiété chez des patients souffrant de maladies du coeur peuvent être atténués par des contacts relaxants avec des oeuvres d’art.

Enfin, le MBAM a un projet en partenariat avec l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Il accueille en effet pour un après-midi des jeunes ayant des troubles alimentaires tels que l’anorexie, afin qu’ils prennent conscience, au contact d’oeuvres d’art, de la diversité des formes du corps humain puis participent à un atelier de dessin de leur propre corps.

Le musée planifie d’autres projets de recherche pour étudier les effets de l’art sur le syndrome post-traumatique (avec l’hôpital Sainte-Anne-de-Bellevue), sur les troubles de santé mentale (avec le département de psychologie transculturelle de l’Université McGill) ou encore pour prévenir les pensées suicidaires (avec le département d’art-thérapie de l’Université Concordia).

Grands Ballets canadiens

Les Grands Ballets canadiens sont également très actifs en art-thérapie. Ils ont créé en 2013 le premier Centre national de danse-thérapie au monde. Ce centre offre des services en thérapie par la danse et le mouvement, de même que le premier programme canadien de cycle supérieur en danse-thérapie, qui formera des danseurs-thérapeutes.

« Le Centre nous a poussés à réfléchir non pas au savoir-faire, mais au savoir-être, dit Alain Dancyger, directeur général des GBC. Les bienfaits de la danse-thérapie sont connus. Elle peut s’appliquer aux maladies infantiles, aux maladies mentales, à celles reliées au vieillissement, à l’oncologie ou à la maladie de Parkinson. »

Du coup, les GBC ont mis sur pied un premier projet de recherche qui étudie l’effet de la danse sur le mieux-être des aînés sédentaires en bonne santé. Un projet mené avec l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, le centre Perform et Concordia. Le deuxième projet de recherche des GBC cible les élèves dotés d’une déficience intellectuelle moyenne et ceux qui ont des troubles de comportement; il est mené en association avec la commission scolaire Marie-Victorin, l’école secondaire Monseigneur-A.-M.-Parent, l’UQAM et l’Université de Sherbrooke.

Enfin, un troisième projet de recherche est mené à l’Institut Pinel par une chercheuse de l’Université d’Ottawa auprès de femmes purgeant une peine à l’unité de santé mentale de l’institution. Outre ces projets de recherche, les GBC fournissent des séances de danse-thérapie à des jeunes filles victimes d’agressions.

« Peut-être qu’un jour, un médecin fera une ordonnance pour envoyer son patient au musée ou en danse-thérapie, lâche Nathalie Bondil. La nouvelle tendance n’est plus seulement d’accompagner des personnes malades, mais de les soigner. Par contre, toutes ces recherches prendront bien des années, car elles devront être validées par plusieurs niveaux du corps médical. »