Quand l’art répare le cerveau

Quand l’art répare le cerveau

HERVÉ PLATEL ET FABRICE CHARDON
21 mars 2018
CERVEAU & PSYCHO N° 98
Dépression, AVC, Alzheimer, fin de vie… Les effets thérapeutiques de l’art sont de mieux en mieux établis. Les dernières études montrent même qu’il a le pouvoir de stimuler la neuroplasticité.
Camille, 13 ans, souffre de troubles cognitifs. Adrien, 17 ans, est violent et manque de confiance en lui. Handicapé par les séquelles d’un accident de la route, Dominique, 44 ans, a développé une dépression. Bernard, 75 ans, souffre de la maladie d’Alzheimer. Jean, 41 ans, est entré en unité palliative, en raison de son cancer en phase terminale.
Leur point commun ? Tous ont été inclus dans un protocole d’art-thérapie. Et tous ont vu leur état physique, cognitif ou émotionnel s’améliorer. Nul besoin toutefois d’être victime d’une pathologie lourde pour bénéficier des bienfaits de la pratique artistique  : les recherches montrent que de simples séances de dessin ou de coloriage, que chacun peut pratiquer, diminuent le stress.
Pour le psychologue israélien Son Preminger, l’art est une expérience totale, à la fois perceptuelle, émotionnelle et personnelle. Il agit alors à plusieurs niveaux. D’une part, il stimule les sensations et les émotions, ainsi que la motricité (quand on danse, que l’on dessine, que l’on modèle de l’argile…). Ensuite, il encourage à aller vers les autres, pour élaborer une œuvre avec eux, ou tout simplement pour leur montrer les œuvres que l’on a soi-même exécutées. Il aide aussi à restaurer la confiance en soi, grâce à la satisfaction de réaliser une belle chose, ainsi que la « saveur existentielle » (le plaisir de vivre l’instant présent).
De ce fait, l’art-thérapie, définie comme la valorisation du potentiel et des capacités préservées d’une personne en souffrance grâce à une pratique artistique, permet d’assister des patients victimes de pathologies très variées. Une enquête réalisée en 2015 par l’école d’art-thérapie de Tours (Afratapem) montre à quel point elle a pénétré le milieu du soin en France : plus de 92 % des structures d’accueil (hôpitaux, centres médico-sociaux…) déclarent en proposer. Si de façon générale, elle n’est pas remboursée par la Sécurité sociale, certaines de ces structures l’intègrent tout de même gratuitement au parcours de soin. Autre atout  : on peut y recourir à tout âge.

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Qu’est-ce que l’art-thérapie ?

Prévention Santé
L’émission du bien être et de la santé
Qu’est-ce que l’art-thérapie ?
6 février 2017
Par Mylène Marion
www.art-therapie-grenoble.net
En premier lieu, je dirais que l’art-thérapie est un processus de soin ou d’aide plutôt qu’une méthode. Celle-ci utilise les outils du monde artistique comme moyen d’expression. (Chant, danse, musique, art-plastique, théâtre…) C’est une forme d’expression différente, lorsque parler est trop difficile ou que les mots ne reflètent pas ce qui est à dire. La parole n’est pas exclue mais n’est pas comme en psychothérapie le moyen proposé prédominant.
Exemple : « je parle, je parle mais cela ne veut pas sortir » A la 8eme séance elle dit : « j’ai mis le doigt sur quelque chose de très important » ceci en faisant un travail par le dessin et l’expression corporelle. Dans l’éphémère on parle de trace.
La créativité est au cœur du processus, elle est au service de l’expression. S’exprimer par la créativité permet de mettre en évidence la singularité de chacun. En donnant à voir l’inhabituel, en se connaissant mieux, on constitue un socle qui permet de meilleurs appuis, une meilleure confiance en soi et un renforcement de l’estime de soi. L’art-thérapie conduit l’individu vers une transformation positive de lui-même, favorisant la relation à soi et aux autres.

« Ça m’intéresse » Juin 2015

Les neurosciences le confirment depuis peu : « c’est dans ces temps « hors temps » que naît la véritable créativité. Au niveau du cerveau, un réseau particulier se met en route laissant éclore des associations d’idées, des divagations hors cadre, qui apportent des réponses à nos questions, des solutions à nos problèmes. »
La créativité est une sorte de pont qui permet aux émotions intérieures, aux blocages d’aller vers l’extérieur pour prendre une nouvelle forme et être observables consciemment.
L’art-thérapie ne se substitue pas à un traitement médical mais viendra en complément de celui-ci.
L’art-thérapie s’adresse à toute personne qui souhaite faire un travail sur elle-même pour aller mieux.
L’art-thérapie consiste à « Redonner aux choses du passé une valeur actuelle » nous dit R. Roussillon, c’est-à-dire d’aller chercher et faire ressortir à travers les créations et les échanges, ce qui fait blocage, qui nous empêche d’être épanouis. Des évènements, des représentations ou des schémas inconscients qui nous emprisonnent dans des fonctionnements et qui ne nous conviennent plus.
A cela j’ajouterais une citation de Lacan :

« tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime »

S’exprimer à travers l’art permet à la personne de se révéler, d’avoir des sensations, des émotions, de mettre en lumière des blocages… qui vont prendre sens dans le présent de la séance ou dans l’après coup. C’est un travail sur le sensoriel et la mémoire du sensoriel.
Lorsque le mal-être, les difficultés, la souffrance, sont représentés, extériorisés par le biais de la création, ils sont en quelque sorte mis à distance et ne collent plus à la peau. La personne peut alors progressivement les considérer comme un objet extérieur, leur parler et les hisser au rang d’objet de communication. Une problématique communiquée est déjà moins douloureuse, cela permet de prendre du recul et de relativiser.
On attribue l’origine de l’art-thérapie au peintre anglais, Adrian Hill, qui en fit le premier l’expérience en 1940. Tuberculeux et placé en sanatorium, il entreprit, durant sa convalescence, d’entamer une flânerie sur papier qui, au grand étonnement des médecins, lui octroya un rétablissement rapide. « Lorsqu’il est satisfait, l’esprit créateur […] favorisera la guérison au cœur du malade », écrivit-il. Intéressée par cette approche, la Croix-Rouge britannique l’utilisa avec ses patients. En 1950, les premiers programmes de formation en art- thérapie virent le jour aux États-Unis.
En France, il fallut attendre 1986, malgré une pratique bien antérieure, pour que le concept soit enfin reconnu par la communauté scientifique au cours d’un congrès international souligne Jean Pierre Klein.

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