BMP – La femme au chapeau et son rouge à lèvres rouge


Un dimanche chic en dessin, j’aime bien passer et réaliser des moments comme ça:) un côté détente. Et ça fait aussi une coupure avec les productions que je réalise dans la semaine.

Comment avez-vous dessiné ?

Dans mon salon, accompagnée d’un fond de musique de la télévision. Ça fait fuir le silence.
Je voulais réaliser le côté chic d’une femme, avec son chapeau accompagné de toute sa discrétion. Et juste se petit peu de rouge à lèvres.
J’ai commencé par réaliser le chapeau et la continuité de la forme du visage, ensuite le début du haut de son buste. Dans ma tête, j’avais déjà mon idée bien précise pour la couleur. Et concernant la représentation du visage il est là. Mais pour les yeux le nez, ça reste transparent. On peut même imaginer que le chapeau cache tous ça.
Un côté qui me rassure en ce qui me concerne le fait d’avoir une idée de mon dessin bien définie de A à Z. Je ne m’éparpille pas, sauf en cas de dissociation.
Pour recouvrir mon esquisse de son manteau d’aquarelle, j’ai réalisé des pauses, je voulais vraiment être rassurée, concernant le ressorti de mes couleurs choisies pour ce tableau.
Parfois, je ne comprends pas toujours mon inquiétude quand celle-ci s’approche et m’envahit la tête quand je peints. Comme si elle voulait me taquiner en me mettant un doute à la place de mon idée du départ.
Mais c’est toujours le calme qui au final plus fort face à cette angoisse qui joue je dirais au yo-yo.

Matériaux

Feuille de format 50 x70 cm à grain fin.
J’ai utilisé les couleurs aquarelles suivantes : jaune Gamboge, jaune-orange, bleu céruléum, alizarine cramoisie, noir d’ivoire, blanc de Chine, bleu de Prusse.
Spatule, pinceau moyen, eau.

Qu’avez-vous ressenti ?

A par cette inquiétude, j’ai aimé peindre ce tableau, ça sort je dirais de mon « ordinaire » par rapport aux autres de mes toiles que je réalise, un petit plus, un pas de plus dans mes découvertes.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

Femme distinguée me vient de suite en regardant ma toile. Et le rouge aux lèvres n’est en rien violant.
J’ai constaté qu’il y a moins de détail, mais quelques difficultés en ce moment.
Mais dans ma tête je me dis qu’une aquarelle peut faire ressortir quelque chose de beau même si des détails manquent.
Les détails chez moi c’est important j’en reviens aux mots finitions et  petite touche en plus.
Mais le fait de réaliser un tableau et de pouvoir le finir ça représente beaucoup en ce qui me concerne. Je réussi à faire sortir de la couleur, des formes, du mouvement, malgré mes difficultés de motricités 😉

Temporalité par François Pommier

Entre corps et psyché : les addictions 
sous la direction de Dominique Cupa, Michel Reynaud, Vladimir Marinov et al. (auteur)
Editeur : Edk.  Date de parution : 03/05/2010.
Page 209
François Pommier
Psychiatre, psychanalyste, professeur de psychopathologie, membre du Laboratoire de psychopathologie psychanalytique des Atteintes Somatiques et Identitaires (LASI), EA 4430, Paris Ouest Nanterre La Défense. 
Temporalité du traitement d’une addictée.
Au terme de cette journée de travail sur les addictions entre corps et psyché, j’éprouve un certain embarras à vous parler dans un temps record, de la temporalité dans le traitement des addictés. Je vais tenter de le faire de façon un peu lapidaire c’est-à-dire en suivant une dynamique inverse par rapport à la manière dont on procède avec nos patients puisque les cures des addictés sont souvent très longues et que pouvoir se donner l’éternité du temps est fondamental dans ces traitements au cours desquels nous sommes souvent contraints « d’animer le rien, d’habiller de parole le vide », en tentant de repérer certaines dissonances et de proposer à partir de ces signes parfois minuscules, un traitement qui se fonde sur la substitution, non pas du produit, (le produit de substitution), mais une « substitution de la dépendance »1 qui puisse se jouer dans le transfert, et créer l’espace virtuel du dire.
Pour le formuler de façon un peu schématique et en faisant un clin d’ œil si j’ose dire à la théorie de la séduction suivant J. Laplanche (séduction restreinte, généralisée et originaire), le problème de la temporalité peut être envisagé en reprenant les mêmes termes.
Temporalité restreinte, inhérente au temps éternel, inerte, sacré et immuable (temps cyclique des répétitions) qui s’inscrit pendant la séance, temps empreint de la parole du patient supposé-savoir qui se révèle par les silences ou l’écho qu’en renvoie l’analyste (temps paradoxal, au rythme différent l’habitude, susceptible d’osciller de l’immobilité et sentiment océanique ou d’immortalité).
Temporalité généralisée si l’on se réfère au temporel, au temps ordinaire en somme, qui nous contient tous, et mesuré, temps marqué par la durée des séances et l’intervalle qui les sépare (temps linéaire évoquant une prise de conscience des transformations irréversibles et de la finitude de la vie).
Temporalité originaire si l’on pense à l’organisation du clivage temporel dont vont dépendre les capacités du sujet à rassembler son corps morcelé en une totalité unifiée et, conjointement, à trouver l’altérité (instant fugitif, hors de durée, mais essentiel).
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1. M.-J. Taboada, J. Ebert, J.-Y. Mege et F. Pommier, « Que reste-t-il de nos amours ? ou la thérapeutique du reste », in Pour une clinique du toxicomane : traitements limites et perspectives. Actes des Deuxièmes Journées belges de la Plate-forme internationales, Bruxelles. Prodim, pp. 235-41.