Temporalité par François Pommier

Entre corps et psyché : les addictions 
sous la direction de Dominique Cupa, Michel Reynaud, Vladimir Marinov et al. (auteur)
Editeur : Edk.  Date de parution : 03/05/2010.
Page 209
François Pommier
Psychiatre, psychanalyste, professeur de psychopathologie, membre du Laboratoire de psychopathologie psychanalytique des Atteintes Somatiques et Identitaires (LASI), EA 4430, Paris Ouest Nanterre La Défense. 
Temporalité du traitement d’une addictée.
Au terme de cette journée de travail sur les addictions entre corps et psyché, j’éprouve un certain embarras à vous parler dans un temps record, de la temporalité dans le traitement des addictés. Je vais tenter de le faire de façon un peu lapidaire c’est-à-dire en suivant une dynamique inverse par rapport à la manière dont on procède avec nos patients puisque les cures des addictés sont souvent très longues et que pouvoir se donner l’éternité du temps est fondamental dans ces traitements au cours desquels nous sommes souvent contraints « d’animer le rien, d’habiller de parole le vide », en tentant de repérer certaines dissonances et de proposer à partir de ces signes parfois minuscules, un traitement qui se fonde sur la substitution, non pas du produit, (le produit de substitution), mais une « substitution de la dépendance »1 qui puisse se jouer dans le transfert, et créer l’espace virtuel du dire.
Pour le formuler de façon un peu schématique et en faisant un clin d’ œil si j’ose dire à la théorie de la séduction suivant J. Laplanche (séduction restreinte, généralisée et originaire), le problème de la temporalité peut être envisagé en reprenant les mêmes termes.
Temporalité restreinte, inhérente au temps éternel, inerte, sacré et immuable (temps cyclique des répétitions) qui s’inscrit pendant la séance, temps empreint de la parole du patient supposé-savoir qui se révèle par les silences ou l’écho qu’en renvoie l’analyste (temps paradoxal, au rythme différent l’habitude, susceptible d’osciller de l’immobilité et sentiment océanique ou d’immortalité).
Temporalité généralisée si l’on se réfère au temporel, au temps ordinaire en somme, qui nous contient tous, et mesuré, temps marqué par la durée des séances et l’intervalle qui les sépare (temps linéaire évoquant une prise de conscience des transformations irréversibles et de la finitude de la vie).
Temporalité originaire si l’on pense à l’organisation du clivage temporel dont vont dépendre les capacités du sujet à rassembler son corps morcelé en une totalité unifiée et, conjointement, à trouver l’altérité (instant fugitif, hors de durée, mais essentiel).
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1. M.-J. Taboada, J. Ebert, J.-Y. Mege et F. Pommier, « Que reste-t-il de nos amours ? ou la thérapeutique du reste », in Pour une clinique du toxicomane : traitements limites et perspectives. Actes des Deuxièmes Journées belges de la Plate-forme internationales, Bruxelles. Prodim, pp. 235-41.

1/ La réalité virtuelle – Avec ou sans le corps ? par Alain Milon


Date de parution : 01 mai 2005
Editeur : Autrement (Editions)
Collection : Le corps plus que jamais
ISBN : 2-7467-0652-0
EAN : 9782746706521
Présentation : Broché
NB. de pages : 127 pages
Poids : 0,17 kg
Dimensions : 13,0 cm × 20,5 cm × 1,0 cm
« Réalité virtuelle », « Corps virtuel »… Ces expressions, il nous semble les connaître. Elles peuplent notre environnement sonore, médiatique, culturel, comme pour nous préparer à un état inéluctable vers lequel la technique nous précipite.
Et pourtant. Pourtant, il demeure une impossibilité à imaginer ce que serait notre corps une fois débarrassé de la pesanteur, de la maladresse, de la finitude, de la corruption, en un mot débarrassé de sa  » chair « , qui n’est pas réductible à de la  » viande « , fut-elle connectée, bio-assistée ou numérisée.
Alain Milon nous explique cet embarras en décortiquant pour nous ce qu’est et ce que n’est pas le virtuel. Car ce que ne voient pas certains thuriféraires de la cyberculture, c’est que le virtuel ne s’oppose pas au réel mais indique ce qui, en lui, est possible. Loin de toute démagogie moderniste comme de tout lamento anti-moderne, Alain Milon montre comment, de Sterlac à Orlan, en passant par Cronenberg ou les frères Wachowski, nombre d’artistes contemporains manquent le corps en travaillant sur la technique. Ce qui suppose de reconnaître que ce n’est pas l’effacement des limites du corps mais leur authentique prise en compte qui permet d’en développer les potentialités, avec le virtuel.

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