C’est le titre que je donne finalement, alors que ce corps montre une douleur au niveau du dos et le fait d’apparaître en morceaux.
Je ne sais pas ce qui s’est passé mais cette idée s’est envolée.
C’est une autre idée qui est apparue, faire apparaître un corps avec des formes légèrement généreuses un peu comme le mien dans une douceur de couleurs.
Je ne serais pas capable d’expliquer pourquoi ce revirement aussi rapide, car entre ma première idée et cette deuxième, je n’ai aucun souvenir, aucun questionnement. Souvent mes idées fusent partout dans mon cerveau mais pas là.
Pourtant pour moi j’étais bien dans le temps présent, parce que je me revois dessiner, bouger mon poignet mais par contre je ne saurais pas non plus dire quelle partie de mon esquisse j’étais en train de faire apparaître.
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre œuvre ?
Je savais ce que je voulais exprimer, la douleur , la douleur de mon dos. Je voulais qu’elle s’exprime elle. Donc je devais dessiner un corps assis. Assis car par moment rester debout me fait hurler de douleur dans ma tête. Mon cerveau me demande de m’asseoir pour être soulagée de cette douleur qui me donne cette impression que l’on enfonce un couteau dans le dos, mais aussi sous les côtes.
Corps assis, vu de dos, j’ai encore toujours cette envie de me cacher quand j’ai trop mal, et de garder le silence, du moins Béatrice l’adulte. J’en reviens à cette honte. Un peu cet interdit de dire ou de faire comme dans le passé. Mais cela, chez moi ça reste complexe car je le fais automatiquement, comme un robot, dans le spontané. Une logique même pour moi et ce cerveau qui a été formaté comme cela.
Sauf que voilà, au cours de la concrétisation de mon esquisse, je change d’avis et donc ce qui représente la douleur de ce dos perd son existence dans mon dessin. Elle est remplacée par de la douceur.
Cela serait alors l’étape finale de mon dessin, puisque le début s’est sauvé. Après tout pourquoi pas ?
Pour les couleurs, j’ai pris celles qui se présentaient sur ma palette, celles où mes yeux s’attardaient sans oublier de jouer avec les nuances.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm.
Peinture aquarelle, crayon HB.
Que ressentez-vous devant votre dessin ?
Quand j’observe mon dessin, je me demande quand même pourquoi il y a eu ce revirement. C’est comme un besoin de me dire que somme toute, ce n’est pas grave. Pourtant je sais qu’il demeure en moi, ce sentiment de culpabilité de ne pas être allée au bout de mon idée, comme si je n’étais pas capable de tenir parole. Et ne pas tenir parole, ce n’est pas moi.
Je ne vois pas apparaître de colère dans ma tête, mais il y a ce petit truc en moi comme une pression qui se retient, qui pourrait donc d’un coup partir comme une une flèche. Cela reste mystérieux.