BMP – Donner/recevoir


J’écrirais que donner et recevoir sont des mots inséparables, mais je rajouterais que l’on peut donner sans à chaque fois attendre un retour ; que « donner pour recevoir » réside dans l’idée de favoriser l’échange et l’entraide ; que l’indifférence n’a pas d’existence dans ces moments-là, c’est impossible.
Lorsqu’on se sent obligé de donner, cela ne procure pas de joie et cela peut aussi se ressentir pour la personne qui se trouve en face de nous.
Mais lorsqu’on donne parce qu’on a vraiment envie de donner, on est heureux et cela amène les sourires qui peuvent se propager et emmener un parfum de bonne humeur.
Ma première pensée pour faire une œuvre sur cette réflexion est la suivante : donner, ça on sait faire et on aime le faire, parfois de trop, ou pas toujours de la bonne façon et là j’en reviens aux limites, même si une partie de moi se dit qu’il ne devrait pas y en avoir, ce doit être mon côté pas raisonnable qui s’exprime-là.
Donner c’est donc une disposition de cœur, c’est profond c’est plus qu’une transmission de biens.
On peut donner par exemple :
• son rire,
• sa joie de vivre,
• sa gaieté, son dynamisme,
• sa gentillesse, sa tendresse, sa douceur,
• son écoute, sa compréhension.
C’est aussi donner de son temps, comme par exemple dans le bénévolat : pour moi, ce sont « les Blouses roses » mais aussi envers les personnes migrantes. J’essaie d’accepter sans me poser de questions ces « cadeaux » que me font souvent sans le savoir toutes ces personnes. Une chaleur humaine est là, sans chercher autre chose, c’est de la spontanéité, c’est l’âme du cœur qui s’exprime.

Si donner est relativement facile, je reviens malgré tout sur le fait que recevoir est différent, c’est plus difficile. Recevoir avec simplicité et sans être gêné, des compliments, des attentions, des témoignages d’affection, des cadeaux, des paroles gentilles, des propositions d’aide, sans essayer de refuser, ce n’est pas facile. On sait qu’on n’a pas besoin et pourtant c’est important pour l’autre. Accepter cela peut lui permettre de se sentir bien. Recevoir peut sembler lourd pour certaines personnes ; elles se sentent embarrassées vis-à-vis de la personne qui donne et c’est pour cela que donner c’est beau mais il faut le faire bien, pour ne pas gêner la personne en face de nous.
Parfois il m’arrive, encore maintenant, de rejeter ou de minimiser un compliment ; le mot merci par exemple me renvoie beaucoup au passé, mais je le travaille pour que celui-ci soit mis en valeur dans le présent, alors par moment je souris pour montrer à l’autre personne que je l’ai entendue ou lue, car pour moi c’est important que celle-ci comprenne que je ne l’ai pas ignorée.
Pourtant je me dis que recevoir doit faire du bien, on se sent mis en valeur, que ce sont d’agréables émotions qui doivent nous envahir. Et c’est cela aussi qu’il faudrait accepter : ces émotions qui me font encore des frayeurs.
En recevant des autres, on permet à quelqu’un de donner, alors je me dis que dire juste merci parfois cela apporte beaucoup, même si cette situation peut se montrer pas toujours facile à faire et parfois juste un sourire peut exprimer beaucoup également.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Pour concevoir mon esquisse, je me disais que l’on pouvait avoir la peau noire, marron ou blanche, la situation de « donner et recevoir » existe pour chaque personne, à tout âge, même chez les plus jeunes et quelle que soit la nationalité.
Et donc mon idée était de dessiner plusieurs mains à tous les âges, des mains bienveillantes. Je devais les faire apparaître dans une forme, dans une position, qui ferait parler la situation de douceur, de la tendresse. L’idée que celui qui observera ces mains, comprenne qu’il se passe quelque chose de fort et d’important dans ces moments de donner et de recevoir.
J’ai donc commencé par faire naître les premières mains en bas de ma feuille, les mains d’un jeune enfant et les mains d’une personne beaucoup plus âgée.
Ensuite j’ai dessiné les deux autres mains qui se trouvent au-dessus des autres.
Mon idée était là de faire parler ce partage de donner-recevoir qui se passe pendant mes ateliers dessins, peintures avec les personnes migrantes. Je voulais faire apparaître cette pensée qui existe.
Pour concevoir le manteau de mon esquisse, j’ai pensé à la couleur marron pour représenter la couleur de peau des personnes qui viennent à mon atelier et pour le reste des dégradés de la couleur grise du plus clair au plus foncé.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin fait sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin.
Pastels secs. HB , 3B, 8B, 4B, crayon de couleur marron

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

En observant mon dessin, j’ai cherché si il faisait apparaître à mon regard quelque chose de fort. Ce que me renvoie cette situation de donner et recevoir. Je ne voulais pas que l’on aperçoive que des mains. Le bonheur c’est de donner et c’est une joie de recevoir, tout se passe dans le cœur.

BD – La victime doit-elle être reconnue par la justice pour se reconstruire ?

LA VICTIME DOIT-ELLE ÊTRE RECONNUE PAR LA JUSTICE POUR SE RECONSTRUIRE ?
Très intéressent comme article, Merci à la personne de l’avoir posté. De ne pas oublier cette situation, ça montre que ça bouge.
Là je me suis demandée : la justice m’a t’elle reconnue en me remettant chez mon géniteur, ma génitrice quand on m’a laissée dans un état critique ?
M’a t’elle reconnue dans mon changement de nom de famille ?
M’a t’elle reconnue quand il ne fallait pas me mettre avec mon géniteur car celui-ci avait perdu ses droits paternels pour ses premiers enfants et pour les enfants à venir ? Donc pour moi, ceci a été écrit sur un papier signé par le juge du tribunal signé et daté. Alors qu’on m’y a remise ?
J’ai été retirée de chez mes géniteurs, mon père a été mis en psychiatrie, plusieurs fois consécutives, en prison, plusieurs fois de suite. Il a fini par se pendre en psychiatrie.
Mais il n’a pas été jugé pour ce qu’il a fait pour cette petite fille le soir de son arrestation ; Non.
La justice m’a t’elle reconnue comme victime ?  Pour moi je n’en sais rien.
La justice a t’elle reconnu ce que m’ont fait subir les mères nourricières…
La Dass de Bourges me dit d’oublier. Comment je peux oublier ? les flashes, les cauchemars, les souvenirs, les dissociations sont là tous les jours, et les problèmes de mémoires, les odeurs, les voix etc.
Voilà pourquoi je remercie Emmanuelle et son blog car sans tout cela je ne pourrais pas me reconstruire.
Alors oui c’est important que la victime puisse être reconnue par la justice. Car en ce qui me concerne je me pose des questions.

LA VICTIME DOIT ELLE ETRE RECONNUE PAR LA JUSTICE POUR SE RECONSTRUIRE ?