BMP – Reprise du dessin sur le mot dérive

C’est le commentaire de Sabrina qui est à l’origine de ce dessin. Voilà ce qu’elle m’avait écrit :

“Vous avez très bien fait en dessinant en noir et blanc, car les couleurs ne venaient pas à ce moment-là dans votre tête. Mais pour surmonter cette colère et ne pas donner plus d’énergie et de raison à cette personne, vous pourriez lentement mettre des couleurs. Je commencerais par colorier les lignes dessinées sous les doigts. Vous pouvez utiliser les aquarelles qui sont un matériel plus doux si vous avez mal à la main. Comme ça, en mettant des couleurs sur le dessin, vous vous sentirez triomphante de ce mot et de cette personne. Ce mot vous a touché mais vous pouvez bien le diluer grâce à l’eau de vos aquarelles ».

J’ai donc repris mon dessin et essayant d’appliquer la consigne de Sabrina.
Béatrice voudrait comprendre certaines de ses réactions, mais beaucoup de questions font surface en même temps. Et cela est difficile à gérer et a une incidence sur ma concentration.

Matériaux utilisés

Aquarelle conçue sur feuille de format de 50 x70 cm à grain fin.
Je me suis servie des couleurs aquarelles suivantes : blanc de Chine,  noir d’ivoire.
Crayon HB, 2B, 3B, 9B.
Et repris par de l’aquarelle.

Qu’avez-vous ressenti ?

1 – Je n’arrivais pas mettre une forme pour exprimer ma colère.
2 – Dans ma tête je n’arrivais pas à réfléchir et mettre un mot sur une émotion concernant le mot qu’a utilisé cette personne pour qualifier mes troubles. Peut-être colère et tristesse, je n’en sais rien.
3 – Je me suis sentie dégoutée de moi. La douleur dans mes mains et mes difficultés à me servir de la main gauche, n’arrange rien.
4 – Je me disais que ce mot « dérive » avait touché la personne que je suis. C’est une espèce de découverte et je ne comprends pas pourquoi je n’arrive pas à y mettre une émotion.
Est-ce une incapacité ? Un interdit ? Une frayeur de quoi ou pourquoi ? Je ne suis pas capable de le savoir.
5 – Je sentais dans ma tête que de réfléchir était lourd à réaliser, je ne savais pas quelle direction je devais prendre, je cherchais un début et une fin pour y arriver.
6 – Diluer ce mot « dérive » dans l’aquarelle, je ne savais pas trop comment m’y prendre, c’était plus la couleur rouge qui prenait le dessus sur cette situation.
7 – Un moment donné il m’est venu l’idée de recouvrir tout ce dessin d’un manteau ; je me voyais nue et effrayée et je me suis perdue dans ma tête. Je ne sais plus si à ce moment-là j’étais dans le passé ou dans le présent.
8 – En moi j’ai cherché aussi un mot qui pouvait être plus fort que la mort, je ressentais le besoin de me rassurer, mais vous expliquer sur quelle situation, ça aussi ça reste compliqué en ce moment.
9 – J’ai eu des moments de dissociations, mais je ne sais pas si c’est la douleur qui devenait plus forte qui en était la cause, ou si c’était le fait de ne pas ressentir ma douleur psychologique face à ces diverses situations.
10 – Je hurle dans ma tête, je ressens ce passé qui n’attend que cela me ramener dans l’enfer, je suis effrayée si je ne peux plus dessiner qu’il m’emmène avec lui vers la mort.
11 – j’ai éprouvé du mal à mettre de la couleur, je voulais que mes gestes soient plus forts et plus surs, ressentir sous mes doigts a été difficile.


Quand je fais un dessin je fais le maximum pour me concentrer car c’est comme cela que je peux prendre plaisir de ce que je fais mais j’ai aussi des dissociations. Quand je vois que j’ai du mal je fais une pause et je reprends. La pause de 5 minutes. Et quand c’est un sujet compliqué pour moi ou difficile j’essaie de trouver le positif ce qui me demande encore beaucoup plus de concentration.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

En regardant mon dessin je trouvais que son habillement était mal fini, ça m’angoissait et cela m’angoisse toujours ! Car cela ne ressemble pas à Béatrice.
Mais je trouve malgré tout qu’avec l’aquarelle rajoutée, mon dessin devient plus vivant et plus en mouvement.
Ensuite, je n’arrive pas à réfléchir ;  je suis trop envahie de questions.
Je suis trop envahie par la douleur, mais je garde en tête que malgré tout la couleur est là. Après est-ce que cela est bon ou pas, je ne ressens rien.
Je souris car la couleur est là même si je ne trouve pas ce dessin convenablement bien réalisé. Un voile pour couvrir mon inquiétude…

BMP – Dérive


Je ne ressens plus le mouvement de mes doigts. Je n’existe plus.
Cela ne sert à rien que j’explique ce que je ressens en ce moment, ce n’est pas bienvenu. Mon opinion n’intéresse que peu de monde, j’en ai eu l’exemple il n’y a pas longtemps.
J’écrirais juste ceci : que les mots suivants sont importants pour moi :
• communauté,
• échange,
• partage,
• évolution,
• faire bouger,
• trace,
• écoute,
• réflexion,
• solidarité,
• participer,
• grandir
• permettre à une personne de faire, de s’exprimer…

Voilà quelques mots qui me touchent beaucoup en ce moment !
Ce dessin a été réalisé il y a quelques jours.

Dérive :

au sens figuré : fait de s’éloigner de la normalité
dérive, nom féminin
Sens 1
Dérivation pour un avion ou un navire sous l’effet du vent ou des courants marins.
Synonyme : déviation
Sens 2
Marine
Aileron vertical sous la coque d’un bateau destiné à réduire la dérive.
Traduction anglais : drift
Sens 3
Fait de s’écarter d’une norme, d’un cadre établi.
Traduction anglais : mouvement

Synonymes de dérive :

• éloignement
• dérivation
• déviation
• dévoiement
• recul

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

– Quand Emmanuelle m’a proposé de travailler sur le mot dérive, tout de suite ma première idée a été de faire un carré dans un cerveau.
– Le premier mot qui a pointé son nez a été : limite.
– ma dernière réaction a été ne pas dépasser les limites si nous voulons nous amuser. Ne pas partir dans une dérive malsaine ou qui pourrait nous mettre en danger.

Ce mot a été employé par une personne, lors d’un échange concernant mes troubles dissociatifs. En gros ça voulait dire que je dérive quand je me dissocie ! Je sors du droit chemin ! Je dérive.
Mon attitude avec mes troubles dissociatifs fait que je m’éloigne de la normalité demandée ! C’est une situation qui, à la limite, ne serait pas « normale »
Mais me dire cela me blesse.

Non je ne suis pas non plus dans la dérive ! J’essaie de garder et de rester sur une voie normale, le cap droit devant, toujours en évolution, je ne suis pas non plus là, sans réagir. Je disjoncte simplement quand une crise de dissociation pointe son nez. Je ne dérape pas longtemps et ce n’est pas conscient non plus. C’est tout comme passer d’un sujet à un autre quand je ne suis pas moi réellement.
Pour moi ce mot dérive ne correspond pas à la situation.

Pour concrétiser mon esquisse, je me suis servie de ces mots là :
« Le fait de s’éloigner de la normalité »
Et ces mots évoquent pour moi, de ne pas être comme les autres personnes, c’est-à-dire ne pas rentrer dans le moule, être différente, ne pas savoir et être dans une normalité demandée !

Dans ma tête je voulais donc rendre visible un côté disjoncté, mais avec cette pointe de mouvement qui me fait du bien.
Je pense que je voulais montrer ma colère dans ce dessin, car elle était présente dans ma tête.
Je voulais exprimer que même avec des dissociations je pouvais donner naissance à une peinture qui sorte de la normalité, en fait je veux dire de l’ordinaire, sans pourtant dériver.

Mon premier coup de crayon a été pour dessiner le corps de dos, ensuite j’ai continué en faisant apparaître les mains, et j’ai terminé en faisant la tête, qui part en mouvement. Je voulais que mon dessin en entier fasse ressortir ce mot « dérive », mais dans un sens « positif ».

Je ne voulais pas me justifier, je voulais juste exprimer ma colère.

Pour concevoir le manteau de mon esquisse, les couleurs n’étaient pas présentes dans ma tête, pourtant je me suis servie de l’aquarelle.

Je pense que parce que cette phrase m’a blessée, les couleurs ont disparu de ma tête, que ce mot dérive m’a fait du mal et a provoqué de la colère et que c’est elle qui s’est exprimée en oubliant les couleurs.

Matériaux utilisés

Aquarelle conçue sur feuille de format de 50 x70 cm à grain fin.
Je me suis servie des couleurs aquarelles suivantes : blanc de Chine,  noir d’ivoire.
Crayon HB, 2B, 3B, 9B.

Qu’avez-vous ressenti ?

• J’ai ressenti une grande colère face à la réaction de cette dame.
• Je me suis vraiment sentie comme un cas psy.
• Je me suis sentie petite devant cette réaction dérive mais aussi devant cette dame, comme si cela me faisait retomber dans mon enfance avec les mères.
• J’ai ressenti cette impression de ne pas me sentir mature.
• J’ai ressenti de la peine dans ma tête par rapport au mot « confiance » qui est revenu une fois de plus.
• Des paroles très dures des mères nourricières sont venues trifouiller ma tête, de fortes douleurs ont été présentes, j’ai fini en dissociations.
• Je me suis mordue la langue, je ne m’en suis pas rendu compte de suite, j’avais un peu de sang sur la lèvre. Je n’ai pas ressentie la douleur non plus.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

En regardant mon dessin, je trouve que le mouvement est présent.
Après le fait qu’on emploie ce mot à mon égard me fait du mal.
Je réfléchis pour comprendre ce que veut dire ce mot « normalité ». Qu’appelle-t-on « normal ? »