Je voulais représenter une femme avec des courbes, en mélangeant des rubans et des nœuds.
J’ai commencé par mettre dans des petits gobelets mes préparations de diverses couleurs de jaune et de bleu :
Goblé 1 : jaune + bleu de cobalt
Goblé 2 : jaune ocre + bleu de Prusse
Goblé 3 : jaune citron + bleu outremer.
J’ai commencé mon dessin (première photo) avec le premier gobelet. A ce moment-là, je me suis angoissée, et agacée ! J’ai eu du mal à me mettre au travail, je veux dire que mes idées étaient ailleurs, mais ça s’est un peu calmé. Mais je sens que dans ma tête je fais de l’équilibre, un coup je suis envahie par mes questions et mes angoisses, un coup ça ce stabilise et rebelote ça repart.
J’ai procédé comme ceci avec ce bleu de cobalt et ce jaune avec des petits mélanges, en mettant plus de jaune ou plus de bleu et plus je rajoutait ou diminuait la quantité.
Ça se mélangeait avec mes mélanges précédents et à chaque fois une nouvelle couleur apparaissait.
La deuxième photo, je me suis servie du gobelet 2. (jaune ocre+bleu de Prusse)
Je fais une pause, j’ai du mal, je reprendrais plus tard dans la journée 🙂
Cette couleur passe bien. Ce jaune ocre, même sortie du tube, je la vois marron, elle n’est pas vive, cette sensation de fuir n’est pas là. Elle me rassure.
Pour terminé mon tableau,
Troisième photo j’ai utilisé mon dernier gobelet 3 ( jaune citron+bleu outremer).
Je remarque que ce jaune reste très voyant à mes yeux toujours, une grande angoisse revient aussitôt : cette pulsion de cacher ce jaune est très présente.
Dans ma tête le mot foncé est présent comme si que je devais absolument cacher ce jaune de peur qu’il m’arrive quelque chose de dangereux.
Je m’aperçois que ce problème de couleurs est toujours angoissant.
Livre : L’enfant en questions. De la parole à l’épreuve du doute dans les allégations d’abus sexuels
Yves-Hiram Haesevoets
Date de parution : 13/09/2000
Éditeur: De Boeck
Collection : Oxalis
ISBN : 2-8041-3446-6
EAN : 9782804134464
Présentation : Broché
Nb. de pages : 435 pages
Poids : 0.715 Kg
Dimensions : 16,0 cm × 24,0 cm × 2,3 cm
Page 152.
5.3.3 Indicateurs symboliques d’un abus potentiel.
A travers ses productions artistiques, chaque individu s’exprime selon un style qui lui est personnel. Tout dessin du plus primitif au plus sophistiqué, relève d’une certaine créativité et contient des éléments symboliques plus ou moins accessibles. Certains de ces symboles semblent apparaître dans les créations des individus qui ont été maltraités ou victimes de situations extrêmes. Néanmoins, même lorsque ces symboles apparaissent de manière récurrente dans les productions d’une personne, ils ne signifient pas nécessairement que le sujet a été abusé. Il serait dès lors aussi hasardeux d’établir une grille de décodage symbolique qui mettrait en évidence des indicateurs objectifs d’abus sexuel. Il existe cependant des constantes qui reviennent dans la plupart des dessins d’enfants abusés. Ainsi, après avoir étudié 8000 dessins d’enfants abusés, Spring (1993) propose une liste des tendances symboliques qui apparaissent le plus souvent dans les productions de ces victimes.
Tendances et indicateurs symboliques relatifs à des dessins d’enfants abusés.
Spring, D., Shattered images : phenomenogical language of sexual trauma, Mangnolia Street Publishers, Chicago, 1993, p. 54
• Usage de couleurs extrêmes, des plus ternes aux plus intenses ;
• Représente des morceaux fragmentés, des parties de corps incomplètes montrant un certain degré de confusion ou d’incongruité ;
• Se réfugie plus dans l’abstraction tout en fuyant le réalisme ;
• Les compositions incluent de nombreux cercles qui sont parfois inachevés ;
• Le style est plutôt inconsistant, fluctuant d’un usage passif à plus agressif du matériel et des formes ;
• Exprime des sentiments intenses qui oscillent aussi bien entre la colère et la tristesse, la déprime et la confusion, la détresse et l’impuissance, la trahison et la peur, qu’entre la solitude et la perte de contrôle ;
• Montre une absence d’ouverture vers l’avenir et vers le bien-être existentiel et une incapacité à résoudre des problèmes ;
• Révèle une confusion à propos de la vie, des idées de suicide, du détachement, une incapacité à comprendre ses propres émotions, et la propension à choisir des mauvaises solutions ;
• Incapacité à se trouver des qualités ; dispersion de l’image de soi ;
• Représente des corps désincarnés, des visages excavés de leurs yeux ou des yeux enfoncés ;
• Représente des parties anatomiques incomplètes, des parties génitales inachevées ou morcelées, des morceaux de visages et toute autre formes qui indiquent une régression à un stade plus archaïque du développement ;
• Qu’elles s’en souviennent ou pas, les victimes ont tendance à diriger leurs dessins à travers leur passé et à exprimer leurs sentiments à propos d’expériences de souvenirs traumatiques ; les enfants se centrent plus sur des relations désagréables ou inquiétantes ;
• Les victimes utilisent de manière consistante le rouge ou le noir ou une combinaison des deux couleurs dans un même dessin et à des degrés variables. Les victimes utilisent moins les couleurs jaunâtres et vertes que les enfants non victimes, mais se servent du jaune avec la même fréquence.