BMP – Un dessin fait sur le moment


Je n’arrivais à rien et j’avais comme l’impression que ma tête tournait en rond sur elle-même en se déformant légèrement tout en restant en un seul morceau. Il me semblait que je la tenais dans mes mains, mais que je ne savais pas quoi en faire tout comme quoi faire de cette tristesse qui s’était infiltrée dedans.
Puis j’avais envie de faire apparaître du moche, du pas beau, et beaucoup de rouge. je ne voulais pas attendre, alors c’est un dessin fait sur le moment.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Pour concrétiser mon esquisse, je ne devais pas perdre de vue que ma tête restait en morceaux, même si dans son intérieur tout est emmêlé parce que c’est cela que je ressens comme sensation. Rien ne tient debout et rien n’a aucun sens. Tout est sans queue ni tête. Je ne sais pas où est le début, de je ne sais pas quoi d’ailleurs.
Alors j’ai donc commencé à faire apparaître cette tête, mais en un seul morceau, mais rien de l’extérieur n’est vraiment à une place dans la continuité. Ça bouge, d’où le fait d’avoir dessiner plusieurs visages.
Il n’y a pas de violence à part cette envie de rouge et cette tristesse que j’ai exprimée avec cette larme. Mais je ne sais pas, il y a cette froideur qui est là qui parfois se montre bien présente comme pour pousser cette tristesse vers un ailleurs bien loin.
Mais cette froideur, je ne la sens pas rassurante. Elle est là et elle ne peut pas s’échapper car ma tête je ne peux pas la mettre en morceaux. Tout reste en entier.
Ce froid se mélange avec tout ce qui s’est déjà emmêlé dans l’intérieur de celle-ci.
Il n’y a pas de violence. Je ne sais pas pourquoi c’est si important de l’écrire mais aussi, de l’écrire à vous qui regardez cette composition, mais je le fais.
Pour terminer mon esquisse, j’ai dessiné des mains, car je ne savais pas où mettre ma tête dans ce moment-là précis. Je ne voulais pas non plus qu’elle finisse en morceaux et pourtant je n’étais pas plus rassurée. Mais ces mains je les ai dessinées. Un filet ? Peut-être.
Pour les couleurs, j’ai donc mis la couleur rouge qui m’envahissait cette tête. Mais un bleu est venu faire interférence. Cela, c’est assez angoissant car je trouvais qu’il provoquait une cassure dans mon rouge, rouge orangé.
Dans ma tête c’était l’intrus du moment présent. Mais ce bleu, lui ne me parlait pas dans ma tête avant, il est venu comme ça, boum d’un coup, comme si je n’avais rien vu arriver. Mais ce n’est pas mon idée, mon idée à moi, Béatrice, et de ça, je suis certaine. Seulement cette intrusion est là et je dois faire avec.
Finalement je l’appellerais l’inattendu de l’instant, je le regarderais comme une pointe d’air, une pointe de douceur. Ça sera je pense juste ce petit détail qui n’aura rien de négatif dans mon dessin.
Pour le reste pour recouvrir les mains, du blanc et du gris. Car je ne savais pas quoi mettre d’autre rien ne me parlait sur cet instant présent.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm
Crayons graphic 3B. Peinture aquarelle.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Je regarde mon dessin et je voudrais attraper cette larme pour ne pas la laisser s’étendre sur le sol. Après je me dis que je dois remettre ma tête à sa place et non la garder sur mes mains. Quelle idée ! Et le pas beau ?

BMP – Un tableau qui utilise le ketchup pour remplacer la couleur rouge


Il y avait longtemps 🙂
Comme souvent, je cherche ce qui pourrait remplacer une couleur aquarelle.
J’avais envie de couleur rouge, mais je voulais jouer avec celle-ci en la mélangeant dans d’autres couleurs mais pas seulement. En effet, je souhaitais pratiquement la faire disparaître et la faire réapparaître de manière à ce qu’on ne puisse jamais penser que ce tableau contienne du ketchup : un vrai tour de magie. C’est sûrement ma partie “petite sorcière” qui pourrait s’exprimer ! En plus de la couleur rouge, j’aurais aussi une odeur bien agréable.
C’est donc en tâtonnant, parce que même si dans ma tête je sais ce que veux faire, il y a un décalage entre ce que je veux faire et les mouvements de mon pinceau etc…
Mais c’est bien cela qui par moments me plaît autant et ce qui permet de faire apparaître au final de belles surprises. Même si je ne contrôle pas toujours, je sais que cela restera dans le milieu de la peinture, par contre quand cela touche des situations plus importantes, perdre pied me rend dingue !
Le fait que mon idée du départ ne soit pas forcément celle de la fin, car c’est en cours de route, c’est dans le geste du poignet, qu’en général, d’autres idées se font connaître. C’est comme un nouveau fil conducteur qu’il ne faut pas lâcher, qu’il faut au contraire continuer à faire grandir, en lui permettant d’avoir sa propre vie et dans le présent et dans le futur.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Me voilà donc installée devant la table. Je commence par mettre directement sur ma feuille du ketchup, puis je rajoute du jaune et du blanc aquarelle et je mélange doucement, le blanc avec le ketchup, puis je rajoute un peu de spray de couleur verte, en encre liquide, et je continue à mélanger.
À chaque fois, avec la pointe de mon pinceau, j’essaie de rajouter une goutte de cette couleur rouge du ketchup, pour avancer doucement dans la forme de mon dessin.
Puis je rajoute un peu de gris que je re-mélange avec mon ensemble de couleur du début, ce qui fait naître d’autres tons, et ainsi de suite, sans oublier que ce ketchup devait disparaître dans ce mélange de couleurs et réapparaître d’une autre façon, mais pratiquement méconnaissable.
Mais vers la fin, je voulais apporter un peu plus de clarté à ce mélange, comme de l’or. J’ai donc rajouté plus de couleur jaune aquarelle en le déposant pratiquement pur et je me suis dit que la lumière du jour apporterait la touche finale. La lumière est importante dans l’intégration de mes œuvres.
Plus j’approchais vers la fin de ma production et plus j’avais cette idée que peu à peu apparaissait un paysage volcanique, et le jaune serait la larme qui se serait mélangée dans mes couleurs. Là, j’ai envie de rire, car où est passée mon idée de départ ?
En attendant, je suis bien arrivée à mélanger mon ketchup pour le faire réapparaître d’une autre façon. Après avoir décrit toutes les étapes, je pense que mon côté petite « sorcière » en n’est pas vraiment bien capable, car par moment il y a mon côté pulsion qui s’impose.
En attendant, je lui est donné une deuxième vie à ce ketchup, et c’est ce que je voulais. De plus cette couleur rouge, je ne la perçois pas comme je la ressentais au démarrage de ce travail, maintenant, elle est plus dans l’apaisement. Elle est intégrée dans mon dessin d’une façon magique avec cette touche d’imprévu pas toujours bien maîtrisé.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm.
Ketchup, peinture aquarelle.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

J’ai passé un moment agréable. C’était mon rendez-vous de ce jour avec de la peinture aquarelle, rendez-vous qui a lieu, quoiqu’il se soit passé juste avant ce moment, ou se passera juste après. Il y a aussi que en relisant mon texte et en observant mon dessin, cela m’a permis de ne pas trop m’arrêter sur cet abcès qui me fait souffrir et qui m’empêche de manger. Mais là, je me suis nourrie de plusieurs couleurs et ça c’est chouette !