Avec mon psychiatre, nous avons échangé sur la colère. Cette colère qui tourne en nous dans tous les sens et qui est destructrice.
Paul Ekman écrit que
« quand la colère surgit, elle déforme notre perception et notre cognition, et il y a une période réfractaire qui nous prive de l’accès à notre intelligence. »
Je dirais, pour ma part, que la colère est généralement déclenchée par la perception d’une situation vécue comme injuste, dévalorisante, menaçante.
Elle est provoquée par la sensation d’être atteint, touché, voire blessé dans son être le plus profond. Les paroles ou le comportement de l’autre sont perçus comme fondamentalement en contradiction avec ses propres croyances, valeurs ou idées.
La colère peut nous aider à nous défendre contre un sentiment de menace. Physiquement, le corps est sur le qui-vive, prêt à se battre si besoin.
En ce qui me concerne, mon cerveau reste constamment sur le qui-vive. Je traîne avec moi une tumeur de frayeur, une peur permanente, et cela me met en colère.
Il faut savoir que la colère a des manifestations physiologiques. Lorsqu’elle monte, ces manifestations sont des indices pour nous-mêmes, qui doivent nous permettre de prendre conscience et de reconnaître cette émotion. Il est important de reconnaître la colère en soi, sans la confondre avec une autre émotion.
Mais être en permanence dans la colère, a des effets négatifs sur nous. Cela affecte notre cerveau, notre psychisme, notre qualité de vie et bien entendu nos relations. S’en rendre compte permet d’aller vers la guérison au lieu de rester dans la douleur.
C’est pourquoi il ne faut pas ignorer une colère quand celle-ci s’exprime. Il faut l’admettre quand occasionnellement elle est là et s’exprime. L’admettre c’est reconnaître que parfois c’est ainsi que je ne peux rien y faire pour changer un fait ou un autre. Mais elle ne doit pas s’exprimer par la violence, ni même par les mots.
Ma production d’aujourd’hui sera donc de retranscrire sur ma feuille comment je perçois ma colère.
Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?
Dans ma tête, je perçois ma colère comme un mouvement violent, un mouvement qui évoque une explosion, un éclatement avec des morceaux qui partent dans tous les sens.
Dans mon idée d’esquisse, je me voyais bien dessiner le visage d’une personne avec à l’intérieur, au centre, un autre visage qui exprimerait la colère. Cette colère serait tellement forte dans son mouvement qu’elle ferait exploser le visage de la personne. Elle partirait en éclats, elle se propulserait ce qui montrerait bien à quel point c’est dangereux pour la personne elle-même.
Je commence ainsi par dessiner le visage de la colère avec les morceaux, ensuite les deux autres morceaux du vrai visage de la personne qui est en mode en colère, puis je finis par la forme d’un cou.
Pendant que je dessinais, la couleur rouge me parlait fortement dans ma tête. C’est donc cette couleur que je dépose en premier, avec du noir. J’ai ensuite continué avec une touche de mélange de vert-jaune et de bleu-jaune. Avec un léger gris.
Les finitions ont été faites au feutre noir.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Création conçue sur une feuille 36 x 46 cm. Comme médiums : un crayon HB pour mon esquisse et de la peinture aquarelle. Un feutre noir pour les finitions.
Que ressentez-vous devant votre création ?
Je regarde ma production, dans ma tête, je me sens déstabilisée. Je réfléchis et parfois il m’arrive de ne pas me reconnaître en colère. Je pars dans des considérations, mais c’est la culpabilité qui est là de ne pas avoir fait comme j’aurais dû ou autre. J’ai encore cette fâcheuse habitude de me justifier mais c’est un peu moins présent. Que de choses à dire sur cette colère ! J’apprécie de la retranscrire en une forme sur ma feuille et cela fait moins de dégâts.