BMP – Une tête de mort oui mais elle est en couleur

BMP – Une tête de mort oui mais elle est en couleur
Comme la mort joue avec mes nerfs, j’ai décidé aujourd’hui, de jouer moi aussi avec elle. On ne peut pas dire que ma santé est bien florissante ! Mais justement ! Hé Hé !

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Dans ma tête, je me dis que parler de la mort, ce n’est pas contagieux. Je me dis également qu’avec le mouvement du crayon et avec l’aide des couleurs, je serai capable de faire apparaître une émotion esthétique. Pourtant la mort reste un sujet tabou et par moment elle fait peur. Oui oui ce n’est pas faux.
Ce matin, je voulais la fracasser, la tuer, en faisant naître une forme sur ma feuille. Dans ma tête j’avais cette gaieté. Non mais ! il faut garder le sourire !
Je percevais bien une tête de mort bien colorée. Avec par-ci par-là des morceaux qui s’en vont loin, vers un oubli.  C’est vrai, cette mort a été là dans mon passé et qu’elle est là dans mon présent. Mais cela ne m’empêche pas d’incorporer dans celle-ci des couleurs.
Je dessinerai légèrement en forme de crâne, légèrement en forme de visage, et légèrement avec des morceaux. Voilà comment sera composée ma nouvelle production. Sans oublier que c’est un moyen de faire un léger petit pied de nez à la mort.
Ma feuille étant devant moi, je commence par dessiner la forme d’un visage qui sera fondue, mélangée dans un mouvement de crâne.
Je voulais aussi incorporer quelques formes géométriques, des grands yeux, des grandes dents, un nez et un semblant d’une oreille et pour terminer un cou.
Il n’était pas question de dessiner une tête de mort ou un visage qui crée de la frayeur. Ce n’était pas le but et ce n’était pas non plus mon idée, car je souhaitais quelque chose de coloré et de gai, mon souhait : m’amuser également avec les morceaux et les couleurs.
Mon esquisse était terminée et maintenant cette tête ne pouvait plus s’en aller. C’était moi qui la tenais. Du coup, elle ne joue plus avec moi. Cela me faisait sourire, parce que cela inverse le rapport de forces, et pour continuer à aller plus loin dans mon pied de nez, il fallait passer aux couleurs. J’ai donc sorti le médium peinture aquarelle. Je me suis promenée dans le violet, le rose, le rouge, le bleu, le marron et le jaune avec bien entendu des mélanges. Ah mes mélanges ! parfois sans eux je me dis que mes productions ne ressemblerait pas à grand chose, il manquerait un petit plus.
Plus je mettais la couleur et plus je trouvais qu’il y avait de la douceur et de l’apaisement dans la production. En fait, c’était ça que je souhaitais, je ne veux pas lui faire du mal à cette mort, je veux jouer avec elle comme elle le fait avec moi. Mais la différence c’est que moi je le fais avec douceur, pas avec brutalité. Quelques finitions ont été faites aux feutres à pointes fines.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur un carton de 36 X 46 cm. Un crayon HB pour mon esquisse. De la peinture aquarelle. Des feutres à pointes fines pour les finitions.

Que ressentez-vous devant votre création ?

Je regarde la production et dans ma tête ça me dit « même pas peur ». Dans ma tête, j’ai envie de rire. Je me suis amusée et je suis dans le présent et ça ce n’est pas rien ! Parfois j’ai envie de me dire : après le reste …:) Le principal ; faire un petit pas de plus vers l’avant !

BMP – Le cauchemar

BMP – Le cauchemar
La nuit dernière, je me suis réveillée en sursaut parce que j’avais l’impression d’être avalée par une énorme chose. Je me suis sentie tellement mal que les larmes coulaient toutes seules. J’étais en « nage ». Pour diminuer cette frayeur, je souhaitais retranscrire ce « mal » sur ma feuille car j’ai eu une énorme frayeur. Quand je me suis levée, je me sentais encore mangée.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

L’idée était de retranscrire sur ma feuille ce que j’ai ressenti comme réellement diabolique, de dessiner cette chose qui m’a rendue si mal. Car quand je me suis réveillée en sursaut, je n’avais plus de tête. C’est la douleur violente que je ressentais pourtant dans ma tête, qui m’a fait comprendre qu’elle était toujours là au bout de mon cou. Je me suis sentie subitement rassurée, mais tout cela m’a semblé bien loin dans ma tête. Quand j’ai voulu me lever de mon lit, l’équilibre était bien fragile.
J’ai commencé à prendre mon petit-déjeuner, tout me paraissait lourd à l’intérieur de ma tête. Je ne ressentais aucun goût dans ma bouche. Je n’étais plus moi et néanmoins, j’étais dans le présent. C’était déroutant !
Je n’ai pas insisté, après une pause, je me suis installée devant ma feuille et j’ai dessiné cette chose qui ne pouvait pas être humaine, qui avait avalé ma tête et  mon visage. A ce moment là, je me dis : « si cela se trouve, ce n’est même pas moi. Mais je me sentais avalée au bout de mon lit et ne plus avoir de tête. C’était anxiogène !
J’ai alors commencé à dessiner cette forme. Pour me rassurer je ne voulais pas me dessiner dans ce lit. Mais juste un espèce de serpent qui commençait à avaler ce corps. Je dessinais ce mal-être sur ma feuille, avec le désir de tuer ce qui m’a fait si peur ce matin. J’étais complètement insécurisée, remplie d’anxiété, mais je voulais aller jusqu’au bout de ma production. C’était comme si je souhaitais déposer quelque chose mais je ne savais pas quoi. C’était là et cela devait se faire.
Une fois mon ébauche finie, j’ai commencé à mettre les couleurs. L’envie d’utiliser l’encre de Chine noire et rouge avec mon pinceau, m’a apporté un début d’apaisement. C’est ce que je cherchais depuis que je m’étais décidée à dessiner. Je me suis sentie un peu plus rassurée et surtout, je sentais bien ma tête au bout de mon cou, ce qui m’a permis de terminer ma création avec beaucoup d’apaisement. La bête n’était plus là ! Pour la suite de ma production, j’ai déposé de la peinture aquarelle sur le corps. Je n’ai fait aucune finition, parce que je trouvais que l’encre de Chine noire le faisait très bien. Mais notamment je ne souhaitais pas toucher à ce rouge qui me faisait du bien.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur une feuille blanche de 36 × 46 cm. Comme médium, j’ai utilisé de l’encre de Chine rouge et noire, et de la peinture aquarelle. J’ai également utilisé un crayon HB pour faire naître mon esquisse.

Que ressentez-vous quand vous regardez votre production terminée ?

J’observe ma production posée sur le grand chevalet. Je me sens bien dans ma tête. Je suis retournée dans ma chambre pour m’asseoir sur le bord de mon lit ; et là je sentais bien ma tête, l’angoisse n’était plus là ! Je retourne voir ma création et là, je dis à voix haute : « tu ne m’as pas eue ! » J’avais besoin de le dire.