BMP – Quand tes angoisses te sortent par les yeux  !

BMP – Quand tes angoisses te sortent par les yeux  !
Oui, je suis une éternelle angoissée. Même si mes angoisses sont un peu moins fortes, elles restent de très mauvaises compagnes. On dit cela quand on ne peut plus supporter une personne. Et moi, je ne les supporte plus mes angoisses. Je vais donc retranscrire cela par une forme !

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

En réfléchissant, je me suis dit que je devais donner un visage à ces angoisses, et que je devrais positionner ces visages qui les représentent, dans l’endroit où se trouvent les yeux, car de cette façon cela ira avec la phrase qui a donné titre à ma production : Quand tes angoisses te sortent par les yeux ! Dans ma tête, j’avais ce lien : angoisses = mal-être = inquiétudes = insécurité = danger.
Je devais aussi donner à ma forme ce mouvement de sortir de l’orbite, ce qui ira également avec sortir par les yeux, un peu comme si mes angoisses allaient prendre la fuite par cet endroit, car un jour, je serais encore mieux les gérer !
Ainsi, je commence par dessiner sur ma feuille blanche un visage légèrement de profil, puis je continue en positionnant les deux formes qui exprimeront mes angoisses. Je continue en rajoutant un nez, des oreilles, des yeux, mais pas de bouche. À cet instant, je n’en voyais pas la nécessité, car mes angoisses ne pouvaient pas sortir par cette partie de corps, ce qui était dans la logique de mon dessin. Elles ne sont pas verbalisées, elle me sortent par les trous de mes yeux.
En fait ce qui était important pour moi, c’était de donner un visage à mes angoisses et leur donner un emplacement. C’était rassurant, une façon peut-être pour mieux les gérer.
Pour que tout tienne bien ensemble, je devais ajouter un cou long et grand. À ce moment-là, tout tiendrait en un seul morceau et mon esquisse, ma production de ce jour, pourrait tenir debout.
L’étape suivante était de déposer de la couleur avec la peinture aquarelle. Je me suis promenée dans les mélanges de rouge, de violet, de marron, de jaune, de vert, de noir et d’oranger.
Quand je déposais le manteau de couleurs sur mon ébauche, je me sentais assez loin de mes angoisses, un peu comme si je ne leur donnais pas le droit de venir m’envahir ! Les finitions ont été faites au feutre noir.

Quels matériaux avez-vous utilisés  ?

Cette production a été conçue sur une feuille blanche de format 36 à 46 cm.
Comme médium, de la peinture aquarelle. Un crayon de papier HB pour donner naissance à mon esquisse. Un feutre noir.

Que ressentez-vous quand vous regardez votre création ?

Quand je regarde ma production, je me sens loin, mais pas longtemps, car aussitôt, le présent m’envahit rapidement et il me semble bien plus fort qu’au moment où j’ai commencé à cette nouvelle création. Je trouvais que la forme de celle-ci allait bien avec son titre ! Sacrées angoisses ! J’ai cette question en tête, vivre sans angoisse est-ce possible ? Pour ma part cela ne m’est jamais arrivé !

BMP – Un visage dans les couleurs

BMP – Un visage dans les couleurs
Pas trop envie aujourd’hui de me servir du médium aquarelle, ni faire des finitions. Cela peut paraître facile, mais pour moi, ça ne l’est pas du tout. Car ne pas faire de finitions, c’est laisser inachevé, et qui dit inachevé veut dire angoisse, ce qui signifie que je ne suis pas tranquille.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Pas simple de trouver une esquisse où l’on ne pourrait pas se rendre compte que les finitions n’ont pas été faites. Il me fallait trouver une idée où les traits qui donneraient naissance à mon esquisse partiraient un peu dans tous les sens, pour que celui qui regarde la composition finie, soit attiré par les couleurs aussi bien que par sa forme.
J’écris cela, mais au fond de moi, je n’y crois pas vraiment. Mais je me dis que je pourrais essayer, et simplement écrire cela me rassure.
L’idée qui venait était de dessiner un visage qui serait penché sur le côté. Cette forme serait entourée par un léger dégradé de couleurs. Je me disais que le temps que les personnes puissent trouver un sens à cette composition, ils ne verraient pas que les finitions n’ont pas été faites.
Je ris un peu, car je pensais que peut-être les personnes n’en n’ont rien à faire que les finitions soient faites ou pas. Sauf que moi, j’ai besoin de me rassurer parce que d’un côté, dans mon cerveau ça me parle finition, mais de l’autre, dans la tête, que dans ma tête ça ne me dit plus rien un peu comme si celle-ci s’était endormie subitement. Mais j’ai décidé d’aller jusqu’au bout de mon idée.
Je fais donc apparaître mon ébauche sur ma feuille, tout en y déposant cette angoisse que si je ne fais pas les finitions, ma création sera inachevée ! Parfois, je me dis que c’est la petite fille que j’étais qui est en moi qui est effrayée : elle a peur que l’on rouspète sur elle. C’est cette petite du passé qui était toujours effrayée de savoir ce qui pourrait lui arriver, si elle ne faisait pas au carré ce qu’on lui demandait ! Ce traumatisme est toujours présent, on me dit que c’est facile de changer le fonctionnement d’un cerveau même quand celui-ci a été fracassé, bousillé et bien non ! Mais j’essaie toujours !
Dans ma tête, légèrement endormie, je me répète que je suis dans le présent et je rassure cette petite fille en moi en lui parlant. Mais ne pas la sentir c’est comme un abandon comme on me l’a fait subir plusieurs fois, j’ai du mal avec cela.
Je positionne ensuite mon esquisse terminée sur le chevalet et de loin, j’essaie de voir où je vais déposer les couleurs avec comme médium la peinture pour marbre ! Oui, c’est cela que j’avais choisi ce jour-là pour changer.
J’irai donc me promener sur le chemin du jaune, du bleu, du vert, du rouge, du blanc et peut-être du noir, mais de cela je n’étais pas sure, car je comptais aussi sur ce mouvement du mélange qui pourrait éviter que je dépose cette couleur noire qui elle, ne me parlait pas du tout à cet instant présent !
Concernant les finitions, je devais, avec mon pinceau, aller jusqu’au bord des traits qui séparent les différentes parties de mon esquisse. Je n’y croyais pas trop, mais je laisse faire avec cette idée. Faire des mélanges avec la peinture pour marbre est difficile, mais le peu que j’arrivais à faire, était un petit pas en avant pour faire éloigner cette angoisse de ne pas faire les finitions.
Je prenais plaisir à déposer mes couleurs qui parfois se montraient imprévues quand les mélanges se faisaient.
Arrivée à la fin de ma production, j’essayais de repasser avec mon pinceau pour cacher les traits du crayon à papier, mais cela n’allait pas dans le sens de mon idée de départ, laisser cette esquisse dans son état initial, sans aucune retouche et sans finitions.
Ce n’est vraiment pas simple en moi et je sentais cette sensation de me justifier. Mais pourquoi ! C’est vrai, je suis adulte !
Ce qui m’a aidée, c’est de découvrir que l’on ne peut pas passer sur la peinture marbre avec un crayon.
Je dépose donc ma production sur le chevalet et là je me mets à reparler à cette partie émotionnelle qui est effrayée de laisser un « travail » pas fini ! je me sentais par moments présente, et par moments plus dans le brouillard. Mais j’étais qui ? c’est déstabilisant de ne plus rien sentir. Il m’était difficile de prendre une décision sur ces finitions. Je suis arrivée à ne rien reprendre. Qui a pris cette décision ?
Cette création est donc « nature », sans aucune finition ! Ça change !

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Création conçue sur une feuille 36 x 46 cm. Comme médiums : un crayon HB pour donner naissance à mon esquisse et de la peinture pour marbre.

Que ressentez-vous devant votre création ?

Je regarde ma création qui est posée sur le chevalet, je sens un vide, mais celui-ci s’éloigne un peu quand je regarde les couleurs, j’ai pris plaisir à faire naître cette composition, mais je suis incapable d’écrire si celle-ci est terminée. Mais ce n’est pas grave, car une création garde son mystère ça sera donc le cas pour celle-ci.
J’écris plaisir ? Alors si je l’ai écrit c’est que c’était vrai !