BMP – Forteresse


Pour cette peinture, je voulais me servir de feuille plus petite que d’habitude, en ce moment le « grand » m’effraie, j’ai besoin de me sentir restreinte dans l’espace, même chez moi. Aller dehors en ce moment c’est la représentation d’une montagne qui se positionne, qui surgit avec une grande violence, devant moi, où je n’en vois pas la fin dans sa grandeur, que cela soit dans la largeur et la longueur. Tout comme aller très loin de chez moi, je me sens perdue. Mais il y a cette frayeur inexplicable qui est présente aussi.
Pour cette aquarelle, je voulais juste peindre, j’ai trop envie de rouge et de noir en ce moment dans ma tête, mais pour mon bien mon art-thérapeute me « défend » de les employer du moins seules avec aucun accompagnement.
Une situation que je comprends.
Comme cette envie de rouge était trop présente encore ce matin dans ma tête. Ce rouge qui représente le sang, je l’ai donc mélangé avec d’autres couleurs plus gaies pour en faire un paysage dans lequel le centre ressemble à une forteresse, peut-être même juste un trou. dans lequel personne ne peut pénétrer. Comme pour faire ressortir ce mot isolement, solitude.

Pour commencer j’avais besoin de faire des petits gestes avec mon pinceau, les grands m’angoissaient. Après pour le mouvement dans mon dessin, je n’y ai pas pensé non plus, il n’était pas là non plus en mot dans mon cerveau en vocabulaire. Par contre je ne voulais pas faire un tableau moche, comme pour masquer la réelle situation du moment, masquer ce qui se passe dans le fonctionnement de ma tête. C’est comme ça, et cette situation je n’arrive pas à l’expliquer, mais je sais juste que c’est fort en moi, tout comme vouloir me mettre en boule et rester dans le silence. Comme inexistante. Juste le bien qui apparaît rien de négatif, mais même ça parfois je ne reconnais pas. C’est compliqué à comprendre. Pourtant je me sens bien moi j’ai cette impression que c’est bien mon choix après le confirmer, je ne le pourrais pas, car je ne me reconnaîs pas dans mon attitude.

Après je pourrais dire que faire naître cette peinture m’a plu, voir la couleur rouge mélangée avec les autres couleurs, a été moins effrayant pour moi, mais je pense que le rouge dans mon aquarelle ne ressemble pas à celui que j’ai dans ma tête en couleur mais je ne saurais pas dire jusqu’à quel point.
Il y eu aussi ce coté où je dois m’obliger à mettre du bleu, pour mon bien, pour enlever ce côté incompréhensible de vouloir me mettre en boule et de rester en moi, enfermée. Ce joli bleu qui ressemble aux nuages, le côté apaisement et c’est cela qui je pense apporte une petite valeur douce quand on regarde mon tableau. Ce bleu que j’ai tamponné avec un mouchoir comme pour le faire disparaître.
Après voilà dans ma tête ce n’est pas l’explosion, je ne ressens pas forcément de la douceur, ou une explosion de joie non plus. Tout cela reste en profondeur aujourd’hui. Après je ne dirais pas que c’est dû aussi aux dissociations.
Je dirais juste que mettre ce rouge avec les autres couleurs a été comme découvrir une nouveauté, du jamais vu, un côté angoissant car ce n’est pas vrai, ce n’est pas la première fois que je travaille avec du rouge dans mes mélanges.
Après je ne pense pas que je suis dans la dépression non, c’est comme ça voilà, limite logique pour moi, je ne vois pas le mal ou autre. Après j’ai envie de vous dire là : allez je vous laisse, c’est compliqué dans le temps présent !

Matériaux utilisés

Aquarelle conçue sur feuille de format de 36 × 48 cm
J’ai utilisé la peinture aquarelle. Un pinceau moyen et un morceau de mouchoir.

BMP – Sixième étape du deuil – L’acceptation et l’accueil


Multitude de couleurs…
Je voulais une multitude de couleurs qui ne s’arrêtent jamais de grandir, je souhaitais également cacher un corps dedans, à la limite l’emmener, le transporter par toutes ces couleurs à en disparaître.
Je savais ce que je voulais faire apparaître, peut-être juste un petit doute pour le corps. En attendant que cela mûrisse dans ma tête, j’ai donc visualisé dans celle-ci les formes de mes couleurs, et un peu leurs emplacements.
Mon idée était à présent plus claire, mon idée était là, je pouvais donc me lancer à faire naître mon esquisse.

Comment avez-vous procédé pour concevoir votre esquisse ?

Mon premier coup de crayon a été pour dessiner le corps donc la tête, le début du corps, un début de mouvement de bras. Puis j’ai continué en descendant vers le bas de ma feuille, en formant mes premières formes des couleurs qui remplacent le reste du corps qui lui était absent dans ma tête à la naissance de mon esquisse.
Au moment de la concrétisation de mes formes, le mot « eau » était là mais aussi le mot bariolé de couleurs.
Mon idée était aussi de vouloir commencer à peindre sans filet, je veux dire par là, sans avoir à finir mon esquisse entièrement au crayon de papier, non, le reste je voulais essayer de le faire naître et de faire les finitions directement au pinceau.
Je voulais plus de mouvement, comme une grande vague qui emmène tout derrière elle.
Peut-être aussi par moment des imprévus dans mes gestes. Peut-être aussi plus de recherche pour vider la pression que je ressentais.
Pour concevoir le manteau en aquarelle de mon esquisse, là c’était des couleurs ! des couleurs ! Et encore des couleurs. Je ne voulais pas que cela s’arrête, le mot infini était présent et bien fort à ce moment-là dans le présent.
Je ne voulais pas non plus réfléchir à comment déposer ces couleurs dans les formes. Par contre j’ai réfléchi à comment elles apparaîtront en diversité.
Je sais que les couleurs gaies appellent les sourires, mais après dans ma tête cela n’allait pas plus loin, je pense que je ne voulais pas les faire disparaître. Je ne souhaitais surtout pas enlever ce sourire, ou même l’ébrécher.

Matériaux utilisés

Dessin conçu sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin.
Peinture aquarelle.
Crayons aquarelles.

Qu’avez-vous ressenti ?

• Je me suis demandé si le fait de ne pas finir mon esquisse au crayon n’était pas une façon de rechercher une forme de danger, de jouer avec le feux. Cela m’arrive quand je ressens trop de pression dans ma tête, vider un surplus.
• Je ne cherchais pas forcément à faire des finitions parfaites.
Mais je voulais que le rendu de cette aquarelle soit agréable à regarder et que les défauts ne se voient pas pour abîmer les couleurs.
• Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’avais la gorge serrée, les larmes étaient là et remplissaient mes yeux, mais je ne voulais pas qu’elles coulent, mais elles ne m’ont pas écoutée. Je ressens toujours cette espèce de honte quand celle-ci glissent sur mes joues.
• J’ai été envahie par une force, comme une pulsion mais celle-ci me faisait mal à ressentir, je voulais qu’elle quitte ce corps.
• Par moment je me demandais si les couleurs ne représentaient pas un pansement.
Par moment la colère me titillait mais je souriais car je me disais que les couleurs vont la tuer. Et je repartais à vouloir garder ce sourire.
• Par moment gérer mes gestes était difficile, j’avais cette impression de m’emmêler dedans.
• Je me suis perdue dans ma tête, des moments de blanc mais je me disais ce n’est pas grave, même si cela m’angoissait.
• Je me faisais cette réflexion le fait de visualiser reste un exercice que je ne fais pas toujours car j’ai parfois du mal, mon idée ne tient pas dans ma tête. Je ne sais comment l’expliquer.
• J’imaginais mon pinceau danser dans les couleurs, glisser, je l’imaginais tout simplement se laisser aller, une situation qui m’effraie et que j’aimerais connaître.
• Je me suis dit finalement que je n’existe plus dans cette douleur quand je peins, je n’existe plus pour cette douleur tout simplement.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

En regardant ma production, les couleurs me rappellent la chaleur de l’été, c’est agréable dans ma tête. Ma première réaction a été de voir si la couleur rouge sang n’y était pas, comme un interdit que je me mettais.
Je me suis amusée avec mon pinceau. Et la douleur ? Je n’ai pas envie de répondre, juste garder ce bon moment que j’ai passé avec ce petit soleil dehors très timide.