Les émotions les unes dans les autres. Faire apparaître un visage puis deux et un autre qui n’était pas prévu… Voilà ce qui s’est passé quand j’ai fait naître mon esquisse.
Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?
Dans ma tête, c’étaient des visages, peu importe leur forme, leur grosseur. En moi c’était des mélanges. C’était des émotions toutes mélangées. Dans ma tête en fait, c’était un flux de tout qui était là et qui se précipitait pour en sortir.
Par moments, je me crois dingue parce que je suis incapable de savoir ce que je veux. Je suis hésitante ! Mais ce qui est bien avec les pinceaux et avec la feuille blanche, c’est qu’on peut tout dessiner, même ce qu’on pense ne pas savoir, qui est tellement embrouillé dans le cerveau. Une fin d’une production peut s’avérer surprenante.
Je sens toujours cet espace entre mon cerveau et ma tête. Il y a cette ouverture béante qui me semble ne jamais vouloir se refermer. Pourtant, il serait bien de faire en sorte que mon cerveau soit constamment en connexion avec ce qui se passe dans ma tête. Mais pourquoi j’écris ceci ?
Il y a donc cette image que je vois en moi : ma boite crânienne, le cerveau et la tête. Mais tout cela s’est disjoint, rien ne se touche, les espaces me semblent infinis. Alors je ne sais pas si c’est cela qui m’a poussée ce matin à vouloir dessiner des visages… Mais je me suis installée derrière mon bureau, j’ai pris mon crayon et j’ai commencé à faire naître sur ma feuille plusieurs mouvements.
Un premier visage est apparu qui me semble bien apaisé. Puis, juste en dessous un deuxième. Celui-ci me semble plus triste plus fatigué. Je ne sais pas s’il fait partie de cette même personne.
Si ça se trouve, ce sont plusieurs visages appartenant à plusieurs personnes différentes. Je ne le sais pas, mais en attendant je prends plaisir à les faire naître. Je continue et mon crayon fait apparaître un troisième visage de profil, visage qui me semble très différent des autres. Pourtant, ces trois visages sont bien mélangés les uns dans les autres. Je me demande si c’est bien ça.
Une fois mon esquisse terminée, je la pose délicatement sur le grand chevalet. Je me recule. J’ai comme l’impression que ces visages ont tellement de choses à dire, mais quoi ? Cela on ne le saura pas.
Puis, je continue donc mon petit bonhomme de chemin pour y déposer un manteau de couleur.
J’ai laissé parler l’instant présent, je n’ai pas trop réfléchi, j’ai suivi mon pinceau. Il semblerait que le bleu serait un peu dominant par rapport aux autres couleurs, qui seraient ou étaient plus pâles. Plus j’avançais dans mes couleurs et plus j’étais attirée par ce premier visage qui dominait les autres… Pourtant, dans ma tête, il est important de ne pas ignorer les autres. En fait c’est ce mélange qui est déstabilisant, alors que d’habitude j’apprécie.
Voilà comment sont nées ces trois visages. C’est vrai, on ne saura jamais ce qu’ils veulent exprimer, mais en attendant, ils sont sur ma feuille, et puis il y a ce mouvement.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Cette production a été conçue sur une feuille 36 X 46 cm. J’ai utilisé de la peinture aquarellée, un crayon HB pour faire naître mon esquisse et pour terminaisons des feutres à pointes fines.
Que ressentez-vous quand vous regardez votre création ?
Dans ma tête, je me sens mitigée, embrouillée. Dans mon cerveau, je ne sais rien. Comme si mon propre visage ne m’appartenait pas, pourtant il est bien accroché à mon cou. Par moment il se passe des effets bizarres.
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