Je me suis levée le matin et j’avais envie de faire un visage avec juste la forme des yeux mais sans pupilles. En parallèle, j’avais cette autre envie de me faire exploser la tête. Mais comment faire cela, et est-ce pour mon bien ou au contraire pour me faire du mal ?
Je sais que quand cette idée me vient, j’ai l’impression d’avoir un cerveau atrophié, qu’il me manque le haut de ma tête et de ressentir une lourdeur dans le coté droit. Trop bizarre !
Alors dans ces moments-là, je préfère prendre mon pinceau et le laisser s’exprimer. Avec ce petit tout et rien en idée, je ne sais pas trop ce que cela va donner. Ça sera la surprise !
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?
Installée dehors, je choisis mon endroit, par rapport à la lumière, au temps, mais aussi comment cela me parle dans ma tête, et là, je ne voulais plus me sentir enfermée dans ma tête, alors je vais dehors. Mon matériel à côté de moi, je me sentais aérée dans mon cerveau.
Me voilà partie à dessiner, donc à faire apparaître ce visage sans pupille. Je voulais essayer de comprendre pourquoi une telle idée. Mais dans ma tête rien ne s’accrochait. Pourtant j’avais besoin de trouver un sens, pour me rassurer, pour me dire que je ne suis pas juste une douce foldingue. Avoir des idées telles que celles-ci donne à réfléchir, même si pour moi avec notre pinceau, il n’y a pas de limite dans les formes et les idées.
C’est peut-être cela qui par moment répond à ce besoin de logique et qui me rassure.
Il était important que dans mon esquisse je retranscrive les formes des yeux, mais aussi leur place qu’ils ont sur un visage. Un détail qui parfois est changeant. Mais là, j’avais besoin d’aller jusqu’où bout de mon idée, mais aussi dans les détails.
La forme de la tête ne sera pas aboutie.
Mon visage était là, mais j’avais mon autre idée, dessiner à partir de ce visage recouvert de couleurs, le contour des dégradés de mes couleurs. Faire ainsi parler le fait que ce ne sont que des morceaux qui font que ce visage se tient dans une forme et debout.
J’avais trop hâte de prendre mes gros feutres et faire apparaître tous les morceaux et contours de mes différents dégradés de couleur. Il y avait une autre envie, les contours devaient être bien fermés.
J’ai donc déposé des couleurs sur le visage en faisant en sorte de bien dessiner le contour des yeux avec des couleurs marquantes, comme le noir.
Puis, le noir dans ma tête s’est associé à deuil. C’était un lien. Quel rapport avec la production aucune, mais cela me faisait me sentir plus stable.
Une fois ma couleur déposée, j’ai donc pris les gros feutres et là j’ai savouré ce moment de faire le contour de mes dégradés de couleurs, mais aussi à faire apparaître tous les morceaux sur ce visage qui était là malgré tout et ancré dans sa forme.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, 3B, peinture aquarelle. Feutres de couleur.
Que ressentez-vous en regardant votre production ?
Je regarde ma production, je me sens encore plus aérée dans mon cerveau et moins lourde dans le côté droit.
Mais je ne suis pas rassasiée pour les morceaux, il en aurait fallu encore plus.
Pour les angoisses, ça va enfin je crois. Je dis merci à mon pinceau et aux couleurs.
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