BMP – D’écran à écran

BMP – D'écran à écran

Une séance d’art-thérapie en visio-consultation.
Pour cette séance, je me sentais moins angoissée. Pourtant le thème de l’atelier d’art-thérapie était « écran à écran” et ça ne me parlait pas du tout. Mais quand je dis « pas du tout », c’est vraiment pas du tout. Il y avait le fait que j’ai été touchée par des situations consécutives que dans ma tête c’est la vraie grande claque.
Pourtant il y a ce lien qui me parle beaucoup dans ma tête par rapport à ce thème écran à écran, le fait qu’avec Emmanuelle, le travail sur le blogue etc. tout se passe derrière les écrans, ce qui n’est pas le cas avec mon psychiatre, car avec lui il y a une présence physique, il y a le face à face, il y a le fait d’être assise dans un fauteuil et le fait d’être dans le cabinet médical.
D’ailleurs, j’en reviens à ce dé-confinement. Je le cherche encore ! Cette absence de la présence physique, je la vis comme un abandon. Au début, je me disais « non ça va passer, ce n’est que passager » mais là non, j’en souffre beaucoup.
Tout comme aussi la présence physique, des personnes qui venaient à mes ateliers, me manquent beaucoup, cette relation humaine, le toucher, l’ambiance du groupe etc. Ça aussi ça n’existe plus. Je ne sais pas ce que je ressens comme émotion si c’est de la colère, de la rage, de la souffrance, de la peine. Les points d’interrogation sont là pour les ateliers vont-ils pouvoir reprendre ? Si oui comment à quelle fréquence etc. ?
Pour les séances avec mon psy, c’est pareil. Oui, il y a l’angoisse des masques mais je pense maintenant qu’il y a autre chose. Il y a eu ces changements, ces chocs, sans oublier le décès de mon amie et de mon autre amie qui reste encore bien malade. Tout cela a marqué mon cerveau.
Cet atelier virtuel, avec l’art-thérapeute, m’a permis pendant un moment, de ne pas me sentir dans l’abandon. Je ne me sens pas si bien que ça, mais en moi ça je ne le sens pas vraiment, pourtant les symptômes sont là, mais je garde le sourire, je blague… Voilà pourquoi j’écrirais que ça a été important pour moi, je me suis sentie rassurée. L’art-thérapeute m’a même donné l’autorisation de pleurer, ça m’a beaucoup touchée car je n’ai pas l’habitude qu’on me dise cela. La professionnelle a observé derrière cet écran mon état. Je n’osais pas, ça je le savais, car je sentais mes larmes remplir mes yeux et je les retenais car je ne voulais pas qu’elles coulent. Mais pourquoi ? L’instinct, une défense, l’interdiction, car c’est Emmanuelle, je n’en sais rien. Parfois cela m’arrive aussi avec mon psychiatre, je me retiens. Mais cette autorisation m’a beaucoup touchée.

Pour en revenir à cette séance, Emmanuelle m’a fait faire le test sur l’anxiété. La bonne humeur était présente. Quant à me demander ce que je ressens, c’est tout un ‘voyage’. Mais au moins on ne s’ennuie pas. L’instantané du moment, il ne faut pas que je réfléchisse dans ma tête et ça c’est ambiguë. Comment on fait cela ? Comment demander à mon cerveau de s’arrêter pendant une seconde ? Pourtant je l’aime bien ce questionnaire, car j’apprends, j’apprends à savoir ce que je ressens ce qui est bien difficile à différencier. Rien n’est fait sous la violence comme je l’ai vécu et ça c’est énorme pour moi. Quand on lit cela doit poser question, mais pas pour moi qui l’ai vécu c’est pour cela que je l’écris car c’est important.
Et puis tout en parlant nous sommes passées à la partie art-thérapie.
Moi j’étais chez moi dans mon salon dans mon petit coin sécurisant et Emmanuelle était dans l’écran, enfin derrière  🙂 mais c’était comme si tout était habituel. Il y avait quelque chose qui se passait là d’extraordinaire. Ce présent était tel que je pouvais pratiquement y passer ma main à travers et c’est cette image que j’ai eu envie de dessiner.

Mise en situation

J’ai donc installé mon matériel et positionné mon écran afin qu’Emmanuelle puisse suivre la naissance de ma création de A à Z.
Parfois on continuait à échanger toutes les deux et parfois je me concentrais beaucoup plus et parfois encore et bien je partais dans un autre monde, le monde de la dissociation.

Dissociation

C’était une première pour moi, mais aussi peut-être pour l’art-thérapeute de gérer cela derrière un écran, car elle a eu en face d’elle la petite fille qui est en moi et qui lui a parlé.
Il en est de même pour après, ça aussi, ça s’est bien passé, même si ça reste pour moi difficile.
Mais il y a ce quelque chose qui fait que voilà ça repart peut-être un peu sur la fragilité, le temps de reprendre mes esprits mais toujours après sur le chemin de la force.
Même si je me suis sentie un moment perdue, à cause de cette dissociation, je parle d’après la crise.
Emmanuelle, n’a pas montré une seule fois sa peur, une angoisse etc. Je ne parle pas du pendant la « crise » je n’ai pas de souvenir, mais d’après. Elle m’a juste demandé de me poser, de respirer profondément et ce n’est qu‘ensuite qu’elle m’a expliqué ce qui s’est passé. Le professionnalisme est bien là !
Le souci dans ces moments-là, c’est que j’ai besoin d’avancer, comme pour rattraper le temps, un peu comme pour me dire que non, rien n’est arrivé, oublier ce moment perdu pendant la crise qui me fait encore mal.
Pourtant c’est cela que je dois apprendre à faire autrement. Je dois me dire, non, pose-toi, ne t’en veux pas etc. Ça m’aiderait à diminuer mes dissociations.
Je pense que c’est ce qu’Emmanuelle a voulu me faire comprendre, mais je crois que je n’ai pas bien capté. Mon cerveau ne devait pas être encore bien remis bien en place.

Après le fait de me dissocier devant Emmanuelle ne m’a pas dérangée, ce n’est pas la première fois. Elle connaît bien le sujet des dissociations et les traumatismes importants et puis elle sait que je peux me dissocier à tout moment et que si elle m’a proposé ces séances, elle a dû aussi mûrement réfléchir à cela également. C’est un tout qui fait que je me sens rassurée. Après, me concernant, le vécu de mes dissociations reste pour moi une usure.
Pour conclure ce fût une séance apaisante. J’ai apprécié grandement cet échange et ce calme qui a été contaminant. Ça fait du bien. Cette sensibilité qui est présente et qui me touche beaucoup et qui rassure.
Pour accompagner l’écrit de ma séance avec la professionnelle, je souhaitais donc retranscrire mon sentiment devant cette séance sur ce thème l’écran à écran.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Pour concrétiser mon ébauche, je vais garder le fait que sur le blogue, lors des échanges avec Emmanuelle, tout se passe derrière les écrans, que cela soit par téléphones ou par ordinateurs.
Mais là pendant ces séances de vidéo-consultation, ça va beaucoup plus loin par moment, les attitudes de chacune font que l’ambiance pourrait même faire croire que l’on pourrait passer nos mains à travers pour nous saluer, nous toucher, provoquer cette présence qui me fait vide depuis quelques semaines et qui me provoque un malaise général.
Voilà c’est ça l’image que j’aimerais montrer à travers ma production par notre regard devant cette création.
Ce quelque chose de spécial qui provoque cela.
Tout de suite je pense à ces situations : résilience, et encadrement. Ce quelque chose de rassurant. Même si par moment il y a toujours une angoisse de cet écran qui peut surgir qui n’est jamais trop loin mais qui finalement nous attire car on se sent accompagné, voir bien plus. C’est incompréhensible dans ma tête mais c’est à la fois fort et beau.
Mon idée était donc de dessiner deux écrans de téléphone et des mains qui en sortent, comme pour se toucher, et faire briller cette bienveillance.
Pour les couleurs, de la douceur, de la sécurité, mais aussi il fallait que je fasse apparaître au milieu de tous ces divers tons, ce que je ressens en moi, c’est-à-dire ce calme, qui est important car il fait une coupure entre les dissociations et mes angoisses.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, peinture aquarelle.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Je regarde mon dessin et je ne sens pas d’angoisse et de cela je suis certaine. De même que je ne me pose pas de question et ce constat c’est trop fort de l’écrire. C’est très ambigu de décrire mes émotions par écrit, ce que je ressens au plus profond de moi. Le dire verbalement est parfois plus facile pour moi et encore quand je ne fonds pas comme une glace. Pour moi ça fait partie de la discrétion et de la sensibilité.

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