Ce blanc provoqué par les dissociations est inscrit chaque jour dans mes journées, mais qui finira par la suite dans mon passé. Quand j’y pense par moment cela reste angoissant. En fait, mes journées ressemblent à des puzzle jamais finis. Le soir dans mon lit, quand je me remémore ma journée, j’ai pas mal de blancs dans ces moments-là. Mais je me dis que demain est un autre jour ! Aller hop ! Il est important de terminer sa journée sur du positif, même si celle-ci a été bousculée et qu’elle n’a pas eu toutes les couleurs que l’on aurait souhaité.
Aujourd’hui donc, je vais retranscrire ce blanc qui s’est marqué dans le présent et qui va aller finir dans le passé, qui va donc rester derrière l’avenir. Faire naître une production est aussi une manière de rester sur le positif et d’observer les faits différemment en allant plus dans un mouvement de douceur dans ma tête.
Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?
En ce qui concerne la forme de l’esquisse, mon idée était de dessiner deux visages, l’un de face, qui sera le présent et l’avenir, et l’autre de profil, qui sera celui du passé. Entre les deux je ferais apparaître quelque chose qui ressemblerait à un visage, mais qui restera de couleur blanche, ceci fera parler les blancs. Il sera le visage qui portera en lui et sur lui, tous ceux que j’oublie à chaque fois dans mes journées. Mon désir était qu’il soit plus petit que les deux autres, je me disais aussi que la couleur blanche le ferait suffisamment remarquer, mais aussi tout en restant à la fois discret. Pour donner plus de vie et du mouvement à tous ces visages, je devais les rattacher à un corps, car dans ma logique, sans corps, il ne pouvait y avoir ce phénomène de dissociation ! Dans ce corps on trouvera incorporé des petits morceaux, qui traduisent la dissociation, mais les morceaux tiendront bien les uns dans les autres pour cette fois-ci.
Concernant le manteau de couleur, je souhaitais y introduire des couleurs pastel douces. Les couleurs violentes comme le rouge vif me faisaient trembler, rien que d’y penser ! Je me suis donc promené dans les tons d’un bleu clair, dans un rose, un jaune, de l’orangé et le violet en y rajoutant quelques mélanges nuancés. Douceur, apaisement résonnaient en moi dans ma tête. Mais malgré tout, dans mon cerveau, c’était nettement plus complexe. Il est vrai que chez moi, entre le cerveau et ma tête, se trouve cet espace qui par moment fait filtrage, comme une barrière de protection à cet instant présent. Toutes les finitions ont étés faits au feutre marron.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. J’ai utilisé un crayon à papier HB, comme médium de la peinture aquarelle, un pinceau plat et un crayon-feutre noir.
Que ressentez-vous face à votre production ?
Je regarde ma production, je me sens moins compressée dans ce corps. Mais il y a une pulsion dans ce dernier qui prend beaucoup de place.
J’ai aimé déposer les couleurs sur ce corps. Ce visage entre les deux me paraît finalement inaperçu, et je dois dire que je trouve cela très bien.
Une réflexion au sujet de « BMP – Deux visages et un blanc »
Bonjour BMP,
Harmonie. Le geste de votre pinceau est léger. Les couleurs nous ramènent dans le calme. Pourtant, la situation nous envoie dans les points d’interrogation et le plein. L’émotion esthétique est fragile dans votre œuvre mais c’est ce qui fait apparaitre l’unique.
Il est vrai que chez moi, entre le cerveau et ma tête, se trouve cet espace qui par moment fait filtrage.
Ce n’est pas la première fois que vous abordez ce fait. Pourquoi vous écrivez que vous avez un espace entre votre tête et votre cerveau ?
Max-wars