BMP – Deux heures de séance sur la plate-forme bemypsy

BMP – Deux heures de séance sur la plate-forme bemypsy
Deux heures d’entretien avec Emmanuelle, sur la plate-forme bemypsy :
Une aide proposée par Emmanuelle, au vu  de ma forte frayeur et mes angoisses devant le port des masques sur les visages des personnes et ma difficulté devant les séances par écrans interposés ou même par téléphone. Avec mon psy, c’est loin d’être simple.
Quand Emmanuelle, m’a proposé cet entretien, je n’ai pas dit oui tout de suite, même si c’était elle. Au fond de moi, ça bloquait déjà. J’ai même eu besoin d’en parler avec mon psychiatre, qui m’a dit que c’était une bonne idée. Je lui ai fait part de mes angoisses, du fait que l’écran me figeait, mais qu’il pouvait y avoir de bons côtés. Dans ma tête je n’arrivais pas à m’y faire. Le docteur m’a dit d’essayer malgré tout. Mais moi je n’étais pas fière.
Que cela soit Emmanuelle ça ne changeait rien, l’écran était là, l’agresseur était là !
J’ai donc pris RDV sur la plate-forme.
J’ai fait confiance à mon psy et non à moi. J’ai commencé par m’inscrire et évidement je n’ai pas réussi du premier coup, mais ça, je sais que c’est dû à l’angoisse et à l’affolement… Pour choisir une heure, je n’ai même pas vu que le planning était là en gros devant mes yeux. Ce n’est qu’au bout du deuxième essai que j’ai réussi. Là aussi je n’ai pris RDV que pour 10 jours plus tard. Il fallait me faire à cette idée que j’avais pris RDV avec Emmanuelle, qui serait derrière l’écran et cet écran m’effraie. Emmanuelle agresseuse, je hurlais en moi. Je voulais rappeler mon psychiatre. Mais je ne le pouvais pas.

Pendant toute la semaine j’ai fait abstraction de ce RDV car je savais que si j’y pensais, je fuirais très loin. Déjà pour mon psy, je dois me forcer… La veille de mon RDV, j’ai commencé à trembler dans ma tête, des questions commençaient à m’envahir mais des questions de toute sorte. Je n’avais même pas le temps de faire une pause. Peut-être une façon de me rassurer et je n’arrivais pas à visualiser Emmanuelle derrière cet écran. C’était exactement la même chose que lorsque je dois commencer une séance avec mon psy.
Comme tous les soirs, avant de me coucher j’avais rangé mon coin dessin, qui est aménagé dans mon salon, histoire de garder mes habitudes. Pourquoi je vous écris cela ? Mais ce RDV avec Emmanuelle était bien là et je ne pouvais plus l’ignorer. J’étais là et je me disais oui c’est demain. Dans ma tête j’avais cet écran qui avait pris tout l’intérieur de ma tête, qui envahissait tout, comme si le temps s’était interrompu d’un coup.
Le lendemain je me suis levée de bonne heure, je ne voulais pas rater ce RDV bien que je sois envahie par l’impression que l’écran de mon ordinateur avait doublé de volume, tout me paraissait immense devant mes yeux. Même mon coin à dessiner.
Cependant je devais m’installer et me connecter à 8 heures. Bien évidement je n’avais pas vu que je devais accepter le son et l’image. J’ai quand même appuyé et là j’ai pu percevoir le visage d’Emmanuelle.


Notre échange a commencé, mais je suis incapable de savoir comment cela se passait dans ma tête. Je souhaitais juste profiter ce moment à moi, m’occuper de moi, chose que je ne fais que rarement. Donc de profiter de cette séance pour moi et avec elle.
Après j’avais cette angoisse de me demander si je me sentais bien ou pas et si j’avais cette frayeur de l’écran et cela je ne le voulais pas. Cela je le fuyais, car j’avais aussi cette angoisse de ressentir quelque chose qui aurait pu me décevoir encore en plus et ça je ne le voulais pas. Mon cerveau sait bien faire cela, il a été très habitué, il est en mode automate, robot et même moi je ne perçois même pas ce passage en ce changement.
Je sentais par contre mes doigts trembler, comme si j’étais prise dans un tremblement de terre. Il y avait pourtant ce détail si important qui m’est apparu immédiatement, je veux parler de cette différence flagrante entre les échanges sur le blogue en privé et ce qui se passait là, devant cet écran qui me semblait immense. Je me sentais plus rassurée. Était-ce son visage, les expressions ? Les échanges ? Je ne sais pas encore, pourtant Emmanuelle n’avait pas « muté » entre le blogue et cet écran. Je sais aussi que j’ai ressenti des émotions, des sentiments mais pas de la colère. Pourtant nous avons échangé sur des sujets importants, touchants et qui prennent aux tripes. J’avais envie de tout lui dire, chose que sur le blogue je ne peux pas faire, j’ai ce recul, mais il y avait ce truc en moi que je n’arrivais pas à surpasser c’était trop violent. Incompréhensible.
Par moment je voulais essayer de savoir vraiment comment je me sentais devant cet écran, mais je n’y arrivais pas. Je pense que j’ai mis en place une certaine barrière, qui m’a protégée de certains ressentis et je pense aussi que je ne voulais pas fuir devant Emmanuelle, devant cette aide qu’on m’avait proposée.
Je souhaite avancer sur ce mal-être. J’ai appris dans cet échange avec Emmanuelle, que j’ai été plus chamboulée par la covid que je voulais moi le reconnaître. L’art-thérapeute en tant que professionnelle a observé ceci à travers mes productions, alors que moi je ne le vois pas du tout, tout me semble logique.

Fin de séance

La séance est arrivée à la fin, j’avais eu cette impression d’avoir vite raccroché et je m’en suis voulue. Mais je me sentais rassurée et j’avais besoin d’écrire tout de suite pour ne rien oublier. Je crois aussi que j’avais besoin de libérer ce que j’avais gardé en moi de frayeur, je veux parler de cet écran qui me semblait immense mais qui a pourtant maintenu l’échange avec Emmanuelle.
Avec du recul cet entretien m’a beaucoup apporté et appris. J’ai apprécié cette douceur qui est autre que celle que je trouve sur le blogue, je me suis sentie apaisée et ça c’est énorme, car cela m’a accompagnée une bonne partie de la journée. Par moments je me remémore des moments de la consultation et je pense que ça m’a aidée pour avoir des dissociations moins fortes, je pense que c’est lié à ce lien fort et à ce qu’Emmanuelle représente pour moi, et aussi dans cette sécurité ressentie.
Je ne sais pas par contre si en me posant la question sans me mettre cette carapace, cette sécurité à savoir comment je me sentais dans ma tête, dans mon corps sur le moment présent, à cet instant précisément, pendant la séance avec en face de moi Emmanuelle mais ce qui est le plus important derrière cet écran qui est la représentation d’un agresseur et qui m’a encore mise mal mardi de cet semaine.
Mais pour une première séance je ne retiens que du constructif et positif.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Pour faire trace, j’ai fait apparaître ce rendez vous en vidéo, par un ordinateur.
Puis j’ai symbolisé toutes mes questions d' »avant » que le rendez-vous ait lieu, avec les points d’interrogation.
J’ai voulu concrétiser le fait que lors de nos échanges, les sentiments ont été pas mal présents. C’est vrai aussi pour les émotions et j’ai vraiment été touchée par moment. Alors cela je l’ai exprimé par la forme de ce cœur et par ce demi cerveau. Touchée par des sujets vrais, sincères. Mais aussi sur des mises à jour, sur des vérités, car je n’avais pas pris conscience de mon état. Il y a eu également des remises en question.
Demi cerveau, parce que l’autre je l’ai mis de côté car je n’arrivais pas à savoir comment je me trouvais face à cet écran immense. J’avais l’angoisse de fermer l’ordinateur et de le regretter après et de m’en vouloir.
A l’heure actuelle, je ne le sais toujours pas, ce qui provoque cette vue d’un écran immense et dangereux. Je bloque totalement, je suis effrayée de sentir de la souffrance ou une agression. Ce n’est pas Emmanuelle qui peut me faire du mal, non c’est l’écran et cela s’apparente avec ce que je ressens pour les masques. Je ne veux pas que ceux qui sont derrière ces masques me volent, détruisent ce qui me permet de m’aider, de me construire en m’apprenant à m’occuper de moi.
Pour terminer j’ai tiré des traits qui partent de l’ordinateur, qui allaient vers les mains de la personne, vers le cœur, vers le cerveau, ceci pour montrer ce qui se passait lors de cette séance, ce moment d’apaisement qui s’est étendu après l’entretien.
Pour les couleurs, je voulais garder l’intense de cette séance, donc l’exprimer par de la douceur.
Mais je trouvais important de prendre les couleurs qui me parlaient dans ma tête, là tout de suite sur ce moment présent lors de la création de mon dessin.
Jaune, jaune orangé, bleu, blanc, marron clair, marron foncé, vert, vert-jaune, rose-rouge.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, 3B, peinture aquarelle.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

J’observe ma production, et je crie dans ma tête ! Oui je ne regrette rien. J’ai envie de sauter très haut et de toucher le ciel pour y mettre plein de couleurs gaies et heureuses avec mon doigt.
Après je suis consciente que tout n’est pas réglé, j’en parle avec mon psychiatre. De son côté il ne brusque rien, il se montre très patient. Pour l’instant je ne suis toujours pas capable d’aller le voir à son cabinet et manier les boutons de mon téléphone juste avant de me connecter me semble dur et nouveau, et je beugue dans ma tête, tout comme pour les masques.
Mais chaque petit pas en avant est une victoire et avec cette séance avec Emmanuelle j’en ai fait, et c’est cela que je retiens.

2 réflexions au sujet de « BMP – Deux heures de séance sur la plate-forme bemypsy »

  1. J’apprécie beaucoup comment vous décrivez votre séance. Je sens votre retenue. Un léger voile de protection.
    Je ne suis pas un professionnel mais il me semble que vous vivez en ce moment un gros traumatisme. Ce qui expliquerait effectivement le fait que ça ressorte dans vos productions.
    J’aimerais savoir voyez-vous la différence dans vos productions ? Avant et de maintenant ?

    1. Bonjour Monsieur,

      J’aimerais savoir voyez-vous la différence dans vos productions ? Avant et de maintenant ?

      Je dessine, mais il n’y a pas de différence dans mes productions 🙂 les formes sont différentes c’est peut-être ça qui fait que cela donne cet effet que…
      Je ne vois pas le gros traumatisme que vous parlez. On est tous pareil on vie des situations parfois difficiles c’est tout.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.