BMP – Les dissociations dans la douceur des couleurs

BMP – Les dissociations dans la douceur des couleurs
J’écrirais que le phénomène de dissociation est une déconnexion entre nos pensées, notre environnement, nos émotions et l’identité dont certaines personnes souffrent. Ce phénomène est un état de déconnexion de l’ici et le maintenant, c’est un blocage mental qui se produit sur et dans l’instant présent. Le cerveau disjoncte et déraille.
Les dissociations, pour rester simple, sont des parties émotionnelles de nous-même qui sont restées bloquées dans notre passé à la suite de nombreux traumatismes très graves. Des traumatismes où l’on n’a pas su, ou, pas pu, dans le passé à trouver d’autres options que de s’éloigner de soi-même, pour ne plus souffrir mais aussi pour nous protéger, car à ce moment-là, les violences etc. étaient devenues extrêmes et intolérables aussi bien pour le cerveau, que pour le corps.
Mais voilà nos parties émotionnelles continuent à s’exprimer dans le présent et cela dès que des reviviscences apparaissent et rappellent le passé comme une odeur, un bruit ou encore un visage etc. Finalement c’est comme un retour en arrière dans le passé pour la personne qui pourtant est dans l’instant présent.
J’écrirais donc que pour essayer d’avoir moins de dissociations, c’est d’arriver à parler à nos parties émotionnelles qui sont restées coincées dans le passé, il faut essayer de les rassurer dans le présent, et donc par exemple il faut leur expliquer ce que l’on fait. Il faut essayer de les faire grandir dans un climat plus rassurant dans le présent que celui qu’elles ont connu dans le passé. Cela demande beaucoup de travail sur soi-même.
Les dissociations peuvent prendre des formes différentes par rapport au vécu des personnes. En ce qui me concerne, par exemple, je ne sens pas mes parties émotionnelles, mes dissociations sont beaucoup trop violentes. Mais mes parties émotionnelles sont bien là et elles réagissent pendant les crises de dissociation. D’où l’importance de continuer à les rassurer constamment et de comprendre tous nos traumatismes. Afin de pouvoir remettre les morceaux de notre vie en entier si c’est possible et à les transformer en des liens plus solides.
Il arrive également quand la douleur du corps est trop forte, cela nous emmène dans un mouvement de dissociation.  Comme certains médicaments. C’est ce que j’ai observé me concernant et je peux le confirmer depuis peu. Par contre je ne saurais dire à quel moment mon cerveau a disjoncté tout comme repérer à quel endroit de mon corps où s’est trouvé cette douleur qui a été trop forte et provoquer une dissociation. Je n’ai plus de souvenir quand le moi du présent revient à lui. Ce qui complique par moment les faits et les prises en charge.
C’est ce qui m’arrive depuis un moment et donc je vais faire apparaître une production pour essayer d’apaiser mon cerveau.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Qui dit dissociation, dit que plusieurs parties émotionnelles se manifestent, donc plusieurs visages. Et c’est ce que j’ai fait apparaître : des visages entiers, pas en morceaux, mais légèrement imbriqués les uns dans les autres. Je voulais de la douceur ! J’ai également dessiné une main, juste un membre et un œil solitaire. Ceci retranscrit le fait que lors des dissociations, on n’est plus du tout dans le présent. Certes on est là, mais dans une sorte de grand brouillard qui nous donne cette impression que l’on est très très loin. Parfois on est même plus du tout là. Mais là c’est plus violent dans ma tête, le moi adulte dans le présent est comme mort et ça j’ai du mal. C’est pour cela aussi je l’ai dessiné un œil car je ne voulais pas non plus, faire apparaître le rien, le vide, le sans corps. L’œil permet de voir et de nous rassurer quand on revient à nous dans le présent. Même si un flou demeure avant que cela ne disparaisse.
Pour les couleurs, j’ai déposé sur ma feuille ce qui me passait par la tête et ça sans réfléchir. J’avais l’angoisse d’être comme inondée de questions et de partir en vrille. Mais ces couleurs me plaisent. La douceur me parle et ça me fait du bien, je me sens loin de tous les traitements qui ne me rendent pas bien, nauséeuse et j’en passe ! Je me promène dans mes couleurs aquarelles, c’est un voyage agréable. Je suis dans mon monde et non dans les dissociations. Les finitions ont été faites aux crayons de couleur.

Quels matériaux avez-vous utilisé ?

Production conçue sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, peinture aquarelle, crayons de couleur.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

J’ai pris plaisir à faire naître cette production, même si le contexte des dissociations me donne l’impression de m’épuiser et de détruire mon cerveau, un peu plus à chaque fois. J’apprends à les accepter, car je me dis que nier les faits ne fait qu’aggraver la situation. Dans mon cerveau je me sens moins colonie de vacances, mais cela tape partout mais beaucoup moins fortement. Je trouve que les couleurs sont douces et cela m’aide à faire apparaître un apaisement dans ma tête. J’ai oublié également un temps mes traitements et ça c’est beaucoup. Chouette mon pinceau a dansé sur ma feuille !

BMP – Corps allongé à la manière cubiste

BMP – Corps allongé à la manière cubiste

« Le cubisme est l’art de peindre des ensembles nouveaux avec des éléments empruntés non à la réalité de vision mais à la réalité de conception ».

Guillaume Apollinaire

Ce mot a été prononcé pour la première fois par Henri Matisse au sujet d’une toile de Georges Braque datant de 1808. Je ne le savais pas et je l’ai découvert. J’aime apprendre et je crois que je ne serai jamais rassasiée là-dessus ! Un manque du passé qui reste marqué dans mon cerveau par moment. Mais ce manque je le transforme dans le présent en un plaisir, dans une découverte, dans des essais.
Cette création, que je vais faire naître, ne ressemblera pas à celle que j’ai faite il n’y a pas si longtemps dont le corps était recroquevillé :
Pourtant je l’apprécie, car c’est ma position actuelle.
Non, cette fois, ce sera un corps qui se montre sur toute sa longueur. J’apprécie beaucoup ce travail, en forme cubiste, même de plus en plus. J’apprécie cette géométrie que je fais naître par des cubes, des triangles et des rectangles. Mélanger cela avec quelques courbes. Sauf que par moments je m’y perds un peu et je perds pieds pour conserver la forme initiale de mon esquisse au moment où je dépose les couleurs. C’est un vrai jeu, il y a ce côté complexe mais au final on y prend goût. À chaque fois j’ai l’impression de composer quelque chose de nouveau, sans oublier les couleurs. Jouer parfois avec la perspective est également enrichissant. Sans oublier que cela fait travailler ma concentration mais également mon observation.

Comment avez-vous concrétiser votre esquisse ?

L’idée était de dessiner un corps allongé, couché sur le côté. Plus j’avançais dans la naissance de mon esquisse et plus j’avais l’impression que je pouvais plier ce corps. Ce sont les formes qui m’ont fait penser à cela. J’aurais tendance, par moment, à faire ce lien dans ma tête ; la technique cubiste avec l’origami et ça il n’y à pas longtemps.
Je souhaitais également me rapprocher pour cette ébauche vers une finesse, et la minceur. Je ne sais pourquoi cette idée est venue en moi. Par moments j’ai l’impression que c’est mon cerveau qui me guide et non moi qui guide mon cerveau. Mais quand j’y réfléchis, il y a quand même un ordre que notre corps doit respecter pour fonctionner. Bon j’arrête de partir un peu dans tous les sens, dans mes questions et je continue mon esquisse.
Mon esquisse terminée, je l’observe. Subitement une envie de remplir cette feuille de couleur était là. Mais là encore, je serais incapable de dire si c’est moi qui en ai eu l’idée ou si c’est mon cerveau qui me l’a dicté, parce que je ne sens rien du tout. Tout ce que je voulais, c’était prendre mon pinceau et jouer avec les couleurs. D’ailleurs, j’ai repris des couleurs d’une ancienne production que j’avais mise de côté sur une palette et que j’avais recouvert d’un sac plastique. En fait quand je les ai regardés, il y avait des couleurs qui ne parlaient pas du tout. Mais je me suis dit que ce n’était pas grave car j’allais m’en servir pour en faire des mélanges. C’est ce que j’ai fait et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Avec mes couleurs, je faisais des habits sur mesure pour ce corps. J’ai trouvé cette pensée très positive.
Une fois ce corps recouvert de son manteau, j’ai fait quelques finitions aux crayons de couleur. Un peu comme les finitions quand on fait un vêtement en couture.

Quels matériaux avez-vous utilisé ?

Production conçue sur feuille blanche de format 36 x 48 cm. Un crayon à papier HB pour faire naître mon ébauche et de la peinture aquarelle comme médium.

Que ressentez-vous en face de votre création ?

Je regarde mon esquisse, je vais chercher l’autre production que j’avais faite, il y a quelques temps, dont le corps est recroquevillé. Je trouvais que les deux allaient bien ensemble. Il y a ce détail important : les morceaux ne sont pas éparpillés même s’ils sont légèrement décalés. Dans mon cerveau je me sens au chaud.