Livre : L’enfant en questions. De la parole à l’épreuve du doute dans les allégations d’abus sexuels

HaesevoetsYves-Hiram Haesevoets
Date de parution : 13/09/2000
Éditeur: De Boeck
Collection : Oxalis
ISBN : 2-8041-3446-6
EAN : 9782804134464
Présentation : Broché
Nb. de pages : 435 pages
Poids : 0.715 Kg
Dimensions : 16,0 cm × 24,0 cm × 2,3 cm


Page 152.
5.3.3 Indicateurs symboliques d’un abus potentiel.
A travers ses productions artistiques, chaque individu s’exprime selon un style qui lui est personnel. Tout dessin du plus primitif au plus sophistiqué, relève d’une certaine créativité et contient des éléments symboliques plus ou moins accessibles. Certains de ces symboles semblent apparaître dans les créations des individus qui ont été maltraités ou victimes de situations extrêmes. Néanmoins, même lorsque ces symboles apparaissent de manière récurrente dans les productions d’une personne, ils ne signifient pas nécessairement que le sujet a été abusé. Il serait dès lors aussi hasardeux d’établir une grille de décodage symbolique qui mettrait en évidence des indicateurs objectifs d’abus sexuel. Il existe cependant des constantes qui reviennent dans la plupart des dessins d’enfants abusés. Ainsi, après avoir étudié 8000 dessins d’enfants abusés, Spring (1993) propose une liste des tendances symboliques qui apparaissent le plus souvent dans les productions de ces victimes.

Tendances et indicateurs symboliques relatifs à des dessins d’enfants abusés.

Spring, D., Shattered images : phenomenogical language of sexual trauma, Mangnolia Street Publishers, Chicago, 1993, p. 54

Usage de couleurs extrêmes, des plus ternes aux plus intenses ;
Représente des morceaux fragmentés, des parties de corps incomplètes montrant un certain degré de confusion ou d’incongruité ;
Se réfugie plus dans l’abstraction tout en fuyant le réalisme ;
Les compositions incluent de nombreux cercles qui sont parfois inachevés ;
Le style est plutôt inconsistant, fluctuant d’un usage passif à plus agressif du matériel et des formes ;
Exprime des sentiments intenses qui oscillent aussi bien entre la colère et la tristesse, la déprime et la confusion, la détresse et l’impuissance, la trahison et la peur, qu’entre la solitude et la perte de contrôle ;
Montre une absence d’ouverture vers l’avenir et vers le bien-être existentiel et une incapacité à résoudre des problèmes ;
Révèle une confusion à propos de la vie, des idées de suicide, du détachement, une incapacité à comprendre ses propres émotions, et la propension à choisir des mauvaises solutions ;
Incapacité à se trouver des qualités ; dispersion de l’image de soi ;
Représente des corps désincarnés, des visages excavés de leurs yeux ou des yeux enfoncés ;
Représente des parties anatomiques incomplètes, des parties génitales inachevées ou morcelées, des morceaux de visages et toute autre formes qui indiquent une régression à un stade plus archaïque du développement ;
Qu’elles s’en souviennent ou pas, les victimes ont tendance à diriger leurs dessins à travers leur passé et à exprimer leurs sentiments à propos d’expériences de souvenirs traumatiques ; les enfants se centrent plus sur des relations désagréables ou inquiétantes ;
Les victimes utilisent de manière consistante le rouge ou le noir ou une combinaison des deux couleurs dans un même dessin et à des degrés variables. Les victimes utilisent moins les couleurs jaunâtres et vertes que les enfants non victimes, mais se servent du jaune avec la même fréquence.

BD – Jaune + bleu = vert – Rubans

BD-– Aquarelle-n°-400-–-Jaune-bleu-vert-5Tableau de rubans, guidé par Emmanuelle.
Consigne : mettre du jaune dans mon assiette avec un tout petit peu de bleu.


J’ai pris le bleu de Prusse. J’ai choisi celui-là car ce mot « Prusse » m’attire, et cela me fait penser à une prune, et aussi le fait que je ne le connaissais pas.
De voir le jaune dans cette assiette m’a énormément angoissée, j’aurais eu peut-être aussi tendance à vouloir mettre plus de bleu. Je ne sais pas cette attirance vers les couleurs foncées est très présente, dans ma tête c’est automatique.
J’ai des images de moi qui remontent fortement quand je suis dans cette chambre avec les volets fermés, avec un tendeur attaché à la fermeture du volet.
Je me vois dans la pénombre. Je n’arrive pas à faire une relation, mais ce matin c’est cette situation qui ressort.
Cela vient peut-être du fait que je suis seule : mon « ami » est reparti en déplacement, je n’en sais rien.
Dans ma ciboulette le mot consigne était là aussi, car parfois je pars en vrille et je fais n’importe quoi, et ça aussi c’est important que j’y travaille, pour bien retenir, apprendre et comprendre pourquoi aussi ce problème de couleurs.
Quand j’ai mélangé le bleu de Prusse avec le Jaune, ma première réaction a été de regarder si ce mélange ne éclaircissait pas trop ! Et puis une fois le mélange terminé je trouvais que cela ressemblait à la couleur Vert Kaki. Pour moi ça reste foncé, donc ce n’est pas trop angoissant.
J’ai rencontré des difficultés pour visualiser dans mon dessin ou je devais laisser le blanc, pour faire ressortir le trou dans le ruban, l’intérieur, ça j’ai passé du temps. C’est un problème de concentration, ou de visualisation ? Je ne sais pas trop,  les deux peut-être.
J’ai fais deux pauses. Parfois je ressentais des palpitations assez fortes, et des moments de tremblement. Certains contours ont été difficiles à faire.
J’ai eu des absences, car à un moment je me suis retrouvée dans la chambre et je ne savais pas pourquoi, avec mon pinceau dans les mains.
Voilà ce que je peux dire pour l’instant sur ce début de dessin.

Après une pause j’ai repris mon dessin, j’ai donc refait un mélange avec le bleu de Prusse et le jaune, mais là pour moi ça a été plus compliqué. Je n’ai pas retrouvé la même couleur que celle du début de mon dessin, ce n’est pas le même vert kaki enfin pour moi, et là je suis rentrée dans une terrible angoisse, cette différence de couleurs  sur mon tableau se voyait, elle me déstabilisait. Pour moi dans ma tête je devais retrouver le même vert kaki, et de ne pas y arriver m’a mise face à une question : pourquoi une telle réaction ? Un changement que je ne comprenais pas, car j’ai mis les mêmes couleurs. Je n’arrivais pas à passer au-dessus de cela, me dire et bien, ce n’est pas grave, me dire : Béatrice tu as mal dosé c’est tout, je bloquais.
Dissociation, je bloquais, mais j’ai continué et encore absence. Mais il est fini 🙂
Du fait de voir mon dessin avec une telle différence de couleur l’idée m’est venue de repasser sur le premier vert kaki pour essayer de mieux harmoniser mon tableau en couleur concernant ses deux couleurs différentes.