Ivry-sur-Seine, le 8 septembre. Charles-Foix (AP-HP) fut le premier établissement de santé à profiter de l’art-thérapie grand luxe grâce au partenariat scellé avec le musée du Louvre. Le projet s’achèvera fin décembre après huit mois de succès. (Éric Garault.)
« Quand je le regarde, je pense à ma jeunesse éphémère. C’est mon rêve, je vois une guerrière », décrit cette aînée devant La toilette d’Esther, tableau peint par Chassériau en 1841. « Ça me rappelle tellement de souvenirs, sourit une autre vieille dame, émue aux larmes face aux vaches de Van de Velde. Elles sont comme celles que je caressais dans les champs. C’est formidable, c’est chez moi… » Comme elles, plus de 300 patients de Charles-Foix ont découvert l’art-thérapie cette année à Ivry, grâce au partenariat inédit scellé entre l’Assistance publique (AP-HP) et le musée du Louvre.
Établissement pilote, l’hôpital gériatrique a ainsi accueilli au printemps 200 répliques de toiles de maîtres — copies de 50 par 60 cm confiées aux patients en court ou long séjour —, mais aussi huit peintures géantes imprimées sur des bâches tendues sur les grilles d’enceinte et quatre statues antiques, dont la célèbre Vénus de Milo, installées dans les jardins.
L’objectif ? Donner matière à penser, faciliter l’échange avec des patients souvent tourmentés par l’éloignement du domicile, et ranimer des souvenirs que l’on croyait oubliés. Une trentaine de personnels — médecins, psychologues, kinésithérapeutes, etc. — ont été formés par le premier musée du monde à parler et faire parler de ces tableaux.
Ce jeudi soir, c’était l’heure du bilan à Charles-Foix. Et Serge Morel, directeur du groupe hospitalier, a déjà signifié son « regret de voir partir les œuvres ». Mais « le lien tissé est fort et demeurera», annonce le Louvre. Si statues et toiles monumentales doivent quitter Ivry le mois prochain pour l’hôpital René-Muret de Sevran (Seine-Saint-Denis), Charles-Foix conservera ses 200 reproductions et celles accrochées dans les chambres le resteront jusqu’à ce que leurs occupants les quittent. « Car les soignants ont parfois intégré ces œuvres à leurs pratiques, souligne l’AP-HP. Ce n’est pas parce que l’artothèque s’en va que le concept ne doit pas perdurer. » L’établissement d’Ivry, labellisé Culture et Santé en 2013 et abritant des projets artistiques depuis près de 40 ans, en fait l’une de ses priorités.
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