livre – Art-thérapie et enfance – Contextes, principes et dispositifs par Anne-Marie Dubois

  • 9782294743931FSDate de parution : 26/08/2015
    Editeur : Elsevier Masson
    Collection : Psychologie
    ISBN : 978-2-294-74393-1
    EAN : 9782294743931
    Présentation : Broché
    Nb. de pages : 152 pages
    Poids : 0.18 Kg
    Dimensions : 13,5 cm × 21,0 cm × 1,0 cm

    Résumé

    L’art-thérapie est de plus en plus présente au sein du panel thérapeutique disponible dans les institutions de soins. Elle reste néanmoins représentée de manière marginale et peu étayée dans le champ de la pédopsychiatrie. Cet ouvrage traite de l’utilisation de la médiation graphique et picturale avec l’enfant lorsqu’elle est mise en place sur indication médicale et avec une visée psychothérapeutique.
    L’application des principes de l’art-thérapie au cadre de la psychothérapie de l’enfant nécessite de prendre en compte les spécificités d’un développement en cours d’évolution. L’ouvrage commence donc, dans une première partie, par l’évocation des phases de maturation de l’enfant et de son dessin. Si l’activité graphique appartient de plain-pied à ce mouvement développemental, son déploiement n’est pas la seule donnée à considérer.
    Le dispositif art-thérapeutique doit prendre en compte l’environnement et les besoins propres à l’enfant. Des adaptations spécifiques sont en effet nécessaires pour que l’acte de dessiner, qui fait partie de la vie ordinaire de l’enfant, puisse donner lieu corrélativement à un processus de création et à un processus thérapeutique. Art-thérapie et enfance aborde ainsi, dans une deuxième partie, le cadre et le dispositif à mettre en place dans ces psychothérapies à médiation artistique.
    Cette alliance particulière, entre une pratique artistique et un objectif psychothérapeutique, est enfin illustrée dans la troisième partie de l’ouvrage à travers le récit de trois exemples de parcours de soin. Ce livre est destiné aux thérapeutes désireux de s’informer sur la nature et la spécificité d’un atelier d’art-thérapie pour enfants mais aussi à toute personne intéressée par le domaine de l’enfance et son rapport avec la médiation graphique et picturale.

    À propos des auteures

    Anne-Marie Dubois est psychiatre, praticien hospitalier, responsable de l’unité d’art-thérapie à la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale (CMME), au Centre hospitalier Sainte-Anne, à Paris. Corinne Montchanin est art-thérapeute dans un centre médico-psychologique spécialisé dans les psychothérapies pour enfants et adolescents, et participe par ailleurs à la formation des art-thérapeutes à l’Université Paris-Descartes.

L’art-thérapie, se transformer par la création – entretien avec Jean-Pierre Klein

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par Mélik N’guédar
Voilà un « psy » qui ne croit pas tant aux psychothérapies qui interprètent à grands coups de projecteurs qu’à celles qui conduisent, dans une semi-pénombre, à des « surprises de conscience », semblables aux visions des artistes. Chacun de nous pourrait ainsi devenir créateur de sa propre vie, grâce à un subtil jeu de masques.

Nouvelles Clés : Il y a mille angles différents, dirait-on, pour aborder l’art-thérapie et les rapports entre l’art et la thérapie.

Jean-Pierre Klein : Au départ, je suis psychiatre et psychothérapeute d’enfants: ça veut dire que je m’occupe aussi bien d’un enfant de quatre ans qui fait toujours pipi au lit que d’une toxicomane de dix-huit ans, ou d’une anorexie mentale ou… On se retrouve avec des cas forcément plus différents que chez les adultes. Le psychiatre d’enfants ne peut pas se reposer aussi facilement sur des grilles et des codifications constantes. La rencontre se déroulera autour d’une table, ou par terre, ou dans un théâtre de marionnettes, ou avec du papier et des crayons… il y a donc forcément, à la base, de l’expression artistique. Et puis d’un enfant à l’autre, des formes différentes s’imposent.

D’autre part, l’enfant ne va pas toujours pouvoir dire « je », se situer par rapport à son père et à sa mère, etc. Il est par contre naturel de travailler avec lui dans l’invention, à partir de dessins – c’est la moindre des choses – mais aussi à partir d’histoires, de terre, de masques, d’expression corporelle, etc. L’enfant vient avec ses parents, qui parlent de leur problème, et l’enfant comprend qu’il est dans un endroit où quelqu’un doit l’aider à se transformer. Mais plutôt que d’examiner directement les symptômes et de voir ce qu’ils signifient, comme on fait en thérapie classique, moi,je demande à cet enfant de produire en thérapie. De partir de lui-même et de créer quelque-chose. Et forcément, parce qu’il sait grosso modo où il se trouve, tout ce qu’il va faire sera imprégné de ses problèmes.
À partir de là, plusieurs possibilités. La première, c’est de prendre la peinture, la mélodie, l’improvisation théâtrale, l’écriture… et de les décrypter pour y trouver des significations sous-jacentes. Ça ramène au discours en « je ».

Avec des interprétations des œuvres parfois assez caricaturales, du type « le rouge signifie l’agressivité », « le vertical c’est le phallus », etc. Alors qu’en art-thérapie, nous préconisons d’accompagner la personne, d’une production à l’autre. Comme si elle parcourait tout un itinéraire symbolique et se transformait dans la production, sans trop voir d’abord en quoi cela renvoie à ses difficultés. Il n ‘y a pas forcément d’interprétation. L’art-thérapeute ne dira pas : « Voilà ce que ceci signifie de ton rapport à ta mère. » À l’institut dont je m’occupe, l’INECAT, il y a même interdiction totale que quiconque fasse sur quiconque une interprétation de dévoilement. L’art-thérapie ne se situe pas dans l’explication de l’origine des troubles.

Ah bon ? Mais alors que pensez-vous de la classique interprétation du dessin considéré comme un test projectif ?

Jean-Pierre Klein : Je reprends l’exemple de l’enfant. Je lui demande de faire un dessin et il me dit qu’il ne sait pas dessiner – j’insiste un peu : « Allez, vas-y ! » Il veut faire un personnage de BD, je refuse, il se dessine lui-même, je lui dis : « Non, j’aimerais que tu inventes un personnage qui n’existe pas, comment s’appellerait-il d’ailleurs ? » Il l’appelle Alain. L’enfant est un peu étonné, car il pensait qu’on allait parler de lui. En réalité, c’est une façon beaucoup plus profonde, pour certains, de parler de soi. Et c’est la même chose pour un adulte.

En psychiatrie, vous avez une inflation de sujets parfaitement capables de parler d’eux-mêmes et de dire l’origine de leurs difficultés, mais qui ne guérissent pas ! Ça aboutit à des gens monstrueusement mentaux, à des intellectuels de l’inconscient, qui pensent que l’approche psy est une voie cognitive de connaissance de soi. Je ne pense pas que la psychothérapie soit cela, si ce n’est par des révélations fulgurantes de temps en temps. Ce n’est en aucun cas une recherche rationnelle de son propre fonctionnement et de l’origine de ses troubles. Selon moi, l’expérience psy en général est d’abord vécue. La psychanalyse, elle, est l’expérience du transfert et du revécu d’un certain nombre de choses sur le divan et c’est par ailleurs une recherche cognitive sur le fonctionnement de la psyché – mais je ne pense pas que cette recherche soit thérapeutique. Il faut qu’il reste de l’énigme, et la thérapie est une façon d’accompagner l’énigme à travers des figurations auxquelles on ne comprend pas forcément tout.

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