« Les ateliers d’art-thérapie aident les personnes en fin de vie à se sentir vivantes jusqu’au bout », entretien avec Valérie Grondin

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 Publié le 07 déc. 2015 à 10h07

Valérie Grondin, peintre et art-thérapeute à la Maison Médicale Jeanne Garnier à Paris

Valérie Grondin est l’auteure d’un mémoire de recherche intitulé « La fenêtre : ouverture sur le vivant ». Réalisé en 2014, ce mémoire a été préparé dans le cadre de l’obtention du diplôme d’Art-Thérapeute de l’INECAT -Institut National d’Expression, de Création, d’Art et Thérapie. Dans le cadre de l’obtention du diplôme universitaire « Deuil et travail de deuil », elle a également soutenu en 2013 un mémoire ayant pour titre « L’accompagnement par la création des personnes en fin de vie et en deuil ».

Propos recueillis par Sophie Ferron, assistante-documentaliste au CNDR Soin Palliatif

Bonjour Valérie Grondin, nous vous remercions de cet entretien pour www.soin-palliatif.org. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre métier d’art-thérapeute ?

L’art-thérapie est un accompagnement thérapeutique de personnes en difficultés psychiques, physiques, existentielles ou sociales à travers la production artistique telle que la peinture, par exemple. Pour la Fédération Française des Arts-Thérapeutes – FFAT, « l’art-thérapie est une pratique de soin fondée sur l’utilisation thérapeutique du processus de création artistique. »

Brigitte Gueyraud, art-thérapeute à l’hôpital Bretonneau en psycho-gériatrie, définit notre pratique en disant que « nous accompagnons une personne de façon à ce que la production artistique serve de pont entre le monde intérieur et la réalité extérieure ».

L’art-thérapie en soins palliatifs est un accompagnement très spécifique. Pour être art-thérapeute en soins palliatifs, il faut savoir composer avec les extrêmes. L’accompagnement peut se faire dans l’atelier d’art-thérapie ou dans la chambre, en une seule séance ou sur plusieurs semaines. La séance peut durer de cinq minutes à plus d’une heure, en fonction de l’autonomie de la personne et de sa fatigue. Il peut arriver qu’il n’y ait qu’une séance avec un patient, parfois plus.

C’est un accompagnement de la personne dans le « ici et maintenant », sans jamais savoir s’il y aura d’autres séances à suivre.

Comment le lien entre art-thérapie et soins palliatifs s’est-il fait pour vous ?

Pendant ma formation d’art-thérapeute, j’ai suivi en parallèle le diplôme universitaire « Deuil et travail de Deuil », sous la Direction d’Emmanuel Hirsch à l’Espace Ethique de Paris Sud. Pour valider ce DU, j’ai écrit un mémoire « L’accompagnement par la création des personnes en fin de vie et en deuil » en m’appuyant sur mes stages d’art-thérapeute en unité de soins palliatifs. En commençant mes formations, je savais que je voulais, à terme, accompagner les personnes en fin de vie. En tant qu’artiste, j’ai toujours ressenti le « pouvoir » de la création qui aide à se sentir vivant en se connectant à d’autres parties de soi-même, à exister autrement grâce à des sensations fortes et intenses. Les artistes ont souvent évoqué l’importance de la pratique de leur art à la fin de leur vie et témoigné sur ce qu’elle leur apportait. Cet apport peut se résumer en deux points : créer pour se sentir vivant jusqu’au bout et créer pour laisser une trace après sa mort.

Je reste convaincue que ces deux points ne doivent pas rester le privilège des artistes avec un grand « A ». J’accompagne les personnes en fin de vie à se mettre dans une posture de créateur, en faisant l’expérience de la création, en restant dans le plaisir, la découverte, l’émerveillement, en se laissant aller à se surprendre, en se connectant à des parties d’elles-mêmes inexplorées et inconnues.

Je peux dire aujourd’hui que les ateliers d’art-thérapie aident les personnes en fin de vie à se sentir vivantes jusqu’au bout.

Pouvez-vous nous expliquer la démarche que vous mettez en place avec les patients ? Qui sont les patients auprès desquels vous intervenez ?

Je dirais qu’il y a avant tout la nécessité de trouver une forme de justesse : pour entrer et sortir de la chambre, pour entrer en contact, dans la présence à l’autre, dans sa temporalité, dans ses silences, dans les consignes, dans l’accompagnement.

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