Les neurosciences au secours des victimes de viol ?

Les neurosciences au secours des victimes de viol ?
18/01/2018
par Jason Wiels
VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES
Souvenirs flous, pertes de repère, chronologies confuses… Les victimes de viols ont souvent du mal à raconter leur agression. L’explication est à chercher du côté de notre cerveau, explique une neurologue auditionnée jeudi par les députés. Et, grâce au progrès de la médecine, leur traumatisme pourrait à l’avenir être plus facilement reconnu. Explications.
Les victimes de viol subissent une double peine : en plus de l’agression elle-même, elles ont du mal à reconstituer le récit précis des événements, voire à parler tout court. C’est le résultat de ce que les spécialistes appellent un stress post-traumatique, recensé également chez les victimes d’attentats ou les soldats envoyés sur les terrains de conflits.

Auditionnée jeudi par la mission d’information sur le viol de l’Assemblée nationale, la neurologue Carole Azuar apporte un éclairage précieux sur « une pathologie bien plus vaste que ce qu’on pouvait imaginer au départ ».

Sidération et oubli

L’apport des neurosciences est utile pour comprendre les conséquences de l’agression. « Quand la victime est sous l’emprise d’un stress aigu, elle ne va plus pouvoir prendre de décision », explique la scientifique. En clair, « le système de décision, situé dans le lobe frontal du cerveau », va être « sidéré », empêchant toute réaction rationnelle, comme prendre la fuite.
Sous le choc de l’agression, le « système émotionnel des victimes va être modifié ». Résultat ? « Quand la victime raconte ce qui lui est arrivé, elle n’aura pas forcément les émotions ‘attendues' », explique Carole Azuar.
La mémorisation de l’agression elle-même ne va pas se faire de façon normale, ajoute la neurologue :

« Au lieu d’être enregistré dans l’hippocampe, le souvenir va être enregistré au sein de l’amygdale qui est une structure émotionnelle. [La victime] va enregistrer les couleurs, les odeurs, les sensations de manière très violente, mais elle ne va pas enregistrer le caractère temps-espace de manière précise »

Carole Azuar, neurologue, 18 janvier 2018

Par conséquent, les souvenirs « seront peu précis », insiste la spécialiste.
La neurologue a notamment traité le cas de Flavie Flament, qui affirme avoir été violée pendant son adolescence mais qui dit n’avoir retrouvé le souvenir de son viol qu’en 2009, soit vingt-deux ans après les faits : « Flavie Flament avait une atrophie de l’hippocampe très visible, je ne m’attendais pas à trouver ça à l’échelle d’un individu », note la neurologue.

Vers un « faisceau de preuves » ?

Cette atrophie de l’hippocampe constitue-t-il pour autant des preuves qui pourront aider les victimes en justice ? Oui et non, explique Carole Azuar, alors que les députés s’interrogent sur l’opportunité d’allonger la prescription des crimes sexuels sur mineurs à trente ans après leur majorité (contre vingt ans aujourd’hui).
Bonne nouvelle en tout cas : plusieurs marqueurs neurologiques peuvent désormais être mobilisés pour prouver la réalité d’un stress post-traumatique. « Probablement, la médecine va avancer et on va pouvoir aller vers un faisceau de preuves », imagine Carole Azuar. Reste que les enquêteurs auront toujours à faire « le lien avec la cause de ce stress », qui pourrait être d’un tout autre ordre…

Dans ces conditions, on comprend mieux la difficulté pour une victime de livrer un premier témoignage suivant le viol. D’autant que les policiers ou gendarmes ont encore une grosse marge de progression dans l’accueil des victimes, ont reconnu leur hiérarchie à la fin de l’année dernière.

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Violences faites aux femmes : « mettre des mots c’est le chemin de la guérison »

Logo-Ariegenews2 octobre 2015

Le département de l’Ariège en est à son cinquième plan de lutte contre les violences faites aux femmes, même si les choses avancent, notamment en matière de formation des professionnels susceptibles d’être confrontés dans leur pratique aux victimes et auteurs de violences sexistes, viols, les chiffres sont là pour nous rappeler la triste réalité : en 2013, 282 victimes de violences conjugales se sont adressées aux différents services d’accueil du département, 47 déclarent avoir porté plainte.
Des faits inacceptables comme l’a souligné Norbert Meler, maire de Foix dans son discours d’accueil.
« Au-delà des violences faites aux femmes, c’est un problème de discrimination (…) Et d’aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, la lutte contre les discriminations a été portée par des gens courageux tels qu’Olympe de Gouges, Louise Michel, Simone Weil ou Élisabeth Badinter. Avec humilité, modestie, vous vous inscrivez dans les pas de ceux qui ont la volonté d’améliorer l’homme et la société ».
Marie-Christine Carrié, directrice de la DDCSPP a rappelé les actions impulsées par le gouvernement pour lutter contre ces discriminations : « C’est un combat de tous les jours. Il s’agit du respect de l’égalité et à l’accès à l’ensemble des droits des femmes. La constitution est le socle de notre action, elle doit être au cœur des débats que nous portons. (…) La mobilisation et la solidarité du réseau montrent la détermination des professionnels sur ce sujet »
Depuis de longues années, la mission départementale aux droits des femmes et à l’égalité animée par Nicole Surre travaille avec les référents départementaux et organise un certain nombre d’actions sur les différents territoires.
À la veille du 25 novembre, date de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, plus de 200 personnes (des professionnels issus du secteur médical, associatif, social, éducation, animation, police, gendarmerie… etc.) confrontées dans leur pratique professionnelle à cette problématique ont assisté à la conférence du Dr Muriel Salmona*, sur les conséquences psycho-traumatiques des violences.
« En Ariège, les professionnels sont habitués à ce rendez-vous annuel, explique Nicole Surre qui organise cette conférence en partenariat avec le centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF).
Après le psychiatre Roland Coutanceau c’est la psycho-traumatologue Muriel Salmona, car nous avons pour objectif de monter le niveau de formation et de connaissance, de donner à nos partenaires les outils pour repérer les victimes et les prendre en charge de la meilleure façon possible.
Notre conférencière mène un gros travail auprès des victimes de violences conjugales, de viols, d’agressions sexuelles. 90% de ces victimes sont en état de stress post-traumatique.
Elle va nous expliquer ce dont il s’agit, les conséquences que ce stress entraine dans la vie de ces victimes, dans leur comportement (comportement d’évitement, de transgression, à risque).
Le stress post-traumatique est difficilement repérable, c’est un phénomène au niveau du cerveau qui génère des hormones particulières (hormones du stress) ayant des incidences psychiques, physiques sur le comportement.
Elle parle aussi des auteurs qui pour certains sont d’anciennes victimes qui n’ont pas été traitées. D’où la nécessité d’être formé pour repérer ces comportements pour comprendre le traumatisme des victimes.
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