BMP – Deux visages cubistes colorés

BMP – Deux visages cubistes colorés
Une personne de mon entourage est interloquée lorsque que je dessine des compositions à plusieurs visages, d’autant qu’elle trouve cela magnifique. Je lui ai expliqué qu’il m’arrive de me retrouver ainsi dans ces deux visages encastrés l’un dans l’autre. Aujourd’hui, j’avais en moi le désir de donner vie à une création avec beaucoup de couleurs et deux visages.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Chaque fois que j’utilise la technique du cubisme, je ressens beaucoup de plaisir. Certes, et c’est ce qui me plaît, il y a plusieurs morceaux mais ils ne partent pas en vrille. Un mélange existe mais il est très facile de percevoir la composition une fois celle-ci terminée.
Donc me voilà partie à faire apparaître mon esquisse.
Comme je savais comment j’allais positionner les deux visages, c’est donc par ce mouvement que j’ai commencé. Une fois celui-ci mis à plat sur ma feuille, j’ai continué en dessinant le cou qui reste toujours dans un mélange. Du moment que c’était positionné au bon endroit, je me sentais rassurée. Après peu importe sa forme. J’ai continué à aller d’avantage vers le bas de ma feuille, et j’ai fait apparaître une épaule. Tant que l’arrondi est là, ce n’est pas la peine de chercher plus.
Mais subitement, j’ai eu envie de dessiner une drôle de forme comme un poisson… J’appellerai cela de l’inattendu. Mais ce n’est pas grave ; comme cette idée est arrivée subitement je la garde. Elle a trouvé sa place alors pourquoi la rejeter ?
Enfin, je termine mon esquisse en rajoutant tout autour d’autres formes. Me voilà arriver au moment que j’aime tant : déposer les couleurs. Je me  sentais de plus en plus rassurée car je pouvais déverser sur ma feuille tout ce que je souhaitais. Pour aujourd’hui, ce sera des tons légèrement plus pâles, moins vifs, mais j’en déposerais le plus possible, ce qui mettra les formes en 3D plus en relief.
Pour déposer mes couleurs, je devais les choisir qui s’harmoniseraient bien les unes avec les autres. Cela m’apaise, et c’est moins brouillon, c’est important me concernant encore plus maintenant. J’aimerais que dans mon corps il en soit de même.
Il est difficile de retrouver la forme depuis mon opération, elle me donne l’impression que celle-ci m’échappe de plus en plus. Je voudrais la maitriser pour ne pas qu’elle m’échappe. Maitriser ce mal qui me ronge. C’est insupportable de me voir partir petit à petit. Je vais mettre tous ces faits, événements dans le mélange de mes couleurs. L’émotion sera là, la vie sera là, les mouvements également. Les mouvements de la vie ! Quelques finitions ont été faites aux feutres à pointes fines.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur une feuille de 36 X 46 cm. J’ai utilisé de la peinture aquarelle, un crayon HB pour faire naître mon esquisse. Pour terminer des feutres à pointes fines.

Que ressentez-vous quand vous regardez votre production ?

J’observe ma production sur le chevalet et j’ai l’impression que les visages me regardent. Dans ma tête je me sens beaucoup mieux qu’au début de ce travail. Ça fait du bien de prendre mes pinceaux. Le mouvement était là. Le moment présent, profiter de l’instant présent, voilà ce qui me rassure pour l’instant.

BMP – Visage bleu

BMP – Visage bleu
Ce matin, quand je me suis levée, j’avais cette folle envie de retirer quelque chose qui appartenait à mon visage. Cette difficulté était une souffrance pour mon cerveau. Moi, Béatrice je ne savais pas ce que c’était, mais il  y avait cet intrus qui me gênait. Comme je ne savais pas, comme je ne trouvais pas, l’artiste BMP s’est dit qu’elle pourrait en faire naître une esquisse sur une feuille.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Alors je me suis installée, la fenêtre de mon salon était ouverte car j’avais chaud. D’ailleurs depuis quelque temps, je ne supporte plus les manteaux, les pulls, les écharpes et les vestes. Quand je sors je ne porte pas grand-chose et même ce pas grand-chose, est de trop et pesant sur mon corps.
Pour en revenir à mon ébauche, pour montrer ce qui me gênait sur mon visage, l’idée était donc de dessiner deux visages. Un des deux aura les yeux fermés, il serait penché en arrière. Mais je suis incapable de faire apparaître une émotion à ce moment-là. L’autre visage aurait le mouvement de s’être décollé du premier. Il y aurait sur ce visage l’expression d’un visage qui aurait beaucoup peiné à se décoller. La bouche grande ouverte qui montrerait qu’un cri est en train de sortir. C’est ce que j’ai ressenti à ce moment-là.
Quand je regarde mon esquisse, j’ai l’impression d’être inondée d’eau. Ce quelque chose de lourd sur mon visage va m’étouffer plus loin dans ma trachée, une gêne pour respirer est présente. Une petite pause et je continue et je suis passée à l’étape suivante : déposer des couleurs. J’avais envie d’un ton bleu, bleu comme le ciel, bleu comme l’océan, j’avais cet image que mon corps baigné dans de l’eau très froide. Cela faisait du bien. J’ai donc retranscrit cette sensation sur ce visage. Je souhaitais que ce bleu domine ma production.
Ensuite, je continue avec ce visage qui part en arrière. Il semblait moins m’intéresser. Je l’ai quand même recouvert de noir avec de mon crayon fusain et des autres crayons graphiques. Je cherchais de l’air tout en déposant mes couleurs. Tout en moi était en morceau, je n’avais pas la force de les rassembler. Je ne voyais que la couleur bleue et cette eau.
Je voulais intégrer du bleu dans ce noir. Alors que pourtant cela ne m’intéressait plus du tout. Peut-être l’absence d’émotion sur ce dernier.
Je ne sentais rien dans ma tête. Il y avait juste le froid qui me faisait du bien dans mon cerveau. Je ne désirais pas qu’il s’en aille. C’était devenu important. Mais comment peut-on apprécier la sensation d’eau froide sur son visage, sur son corps, en plein hiver ? Comment comprendre ça ? En fait il n’y a pas d’hiver. Tout était chaud et j’en demandais encore, ce froid me faisait du bien.
Enfin pour terminer complètement ma création, j’ai rajouté du pastel sec sur le fond. Je me sentais plus rassurée. Les finitions ont été faites à la peinture et au crayon à papier.

Quel matériaux avez-vous utilisés ?

Cette production a été conçue sur une feuille de format 36 × 46 cm. Comme médium, j’ai utilisé la peinture aquarelle de couleur bleue. Tout comme des crayons graphiques. Et du pastel pour le fond de mon dessin.

Que ressentez-vous en face de votre production  ?

La sensation ressentie ce matin sur mon visage a diminué. Mais je n’en connais pas la cause. Je voudrais éviter de trop me poser de questions, pour éviter que l’angoisse ne monte et que je ne parte en vrille. Mon envie, plus de froid est encore plus forte, je me sens moins chaude. Depuis mon opération tout a changé, c’est perturbant, anxiogène, je n’y trouve pas ma place, j’ai reçu un gros coup de massue.
J’ai cette impression d’avoir développé une maladie à trou dans mon corps. …Mais en attendant, mon crayon, la couleur se sont baladés sur ma feuille. Ça c’est un médicament sans effets secondaire.