Stromae – Enfer

Stromae a annoncé à la rentrée la sortie de son prochain album, Multitude, le 4 mars 2022, ainsi qu’une tournée qui passera notamment par les grands festivals de l’été, comme les Vieilles Charrues.

Sa tournée s’achèvera en France en 2023.

« J’ai déjà eu des pensées suicidaires et j’en suis peu fier »

Quant au ton combatif de certaines de ses chansons, « quand on affronte des difficultés de la vie, on est tous un peu boxer et je me sens comme ça de temps en temps », ajoute-t-il. Sans pour autant détourner le regard face à son sentiment de solitude et ses idées sombres. Au fil de l’entretien, il glisse une réponse en musique, sans aucun musicien, et livre un extrait de la chanson « L’Enfer », issue de son nouvel album et encore jamais interprétée en public.

« Tout ce à quoi j’ai déjà pensé / Dire que plein d’autres y ont déjà pensé / Mais malgré tout, je me sens tout seul / Du coup / J’ai déjà eu des pensées suicidaires et j’en suis peu fier », chante-t-il, les yeux fixés sur la caméra. « On croit parfois que c’est la seule manière de les faire taire / Ces pensées qui me font vivre un enfer. » En fond, des notes graves de piano se marient à des rythmes électro et saccadés. La puissance d’un chœur solennel fait écho à chaque refrain.

Une croisée des styles musicaux chère à Stromae, et qu’il a cherchée à explorer sur tout l’album, en hommage notamment à l’esprit baroudeur de sa mère qui l’a fait beaucoup voyager lorsqu’il était enfant.

« J’avais envie d’aller chercher des grooves différents, ce que j’aime beaucoup faire : un violon chinois appelé l’erhu, un clavecin, du baile funk brésilien… », confie-t-il. « J’adore mélanger les choses. L’idée, c’était vraiment de prendre des inspirations partout sans pointer un pays du doigt. »

D’où le titre de ce nouvel opus, Multitude. « Je pense qu’on est tous multiples, on a plein de personnages et de personnalités différentes, on n’est pas résumé à un carcan ni une case », estime l’artiste. Pour son retour sur scène dès février, le chanteur belge a déjà vendu 60.000 places sur trois dates, parties en 20 minutes seulement. Il arpentera aussi des festivals cet été, comme à Rock en Seine le 28 août 2022, avant une tournée mondiale qui s’achèvera en France, aux Zénith et à l’Arena en 2023.

BMP – Une aquarelle pour exprimer ma peine devant le suicide d’une amie


Ce matin j’ai appris le décès d’une personne que je connaissais bien. Elle s’est suicidée. Je n’en dirais pas plus, sauf que je suis triste et touchée.
La mort me touche beaucoup. Ce qui est terrible c’est de se trouver désarmée, démunie devant une telle souffrance. Quoique l’on fasse, ou que l’on dise, cette souffrance enveloppe la personne qui va mal, l’isole et plus rien ne compte pour elle. J’ai ressenti cela dans mes derniers échanges avec elle. Je l’ai quittée avec beaucoup d’inquiétude, car pour elle, la vie ne comptait plus. Elle ne voulait plus de cette vie là.
On dit souvent qu’une personne qui veut se tuer n’en parle pas avant, et bien c’est faux et cela le montre bien.
Pour m’aider à digérer ma tristesse et ma peine, j’ai donc pris mon pinceau, pour donner le jour à un dessin. Comme je ne vais pas trop bien, j’habillerais cette esquisse, avec des couleurs qui seront comme un manteau protecteur, pour recouvrir ma peine, et peut-être même une colère.
Je sais que dessiner, prendre mon pinceau, sera une aide. Je sais que cela m’aidera à ne pas trop partir dans la peine que je ressens, mais aussi dans la culpabilité, car je n’ai pas su, pas pu la retenir dans son geste.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Dessiner, c’est comme m’envelopper dans un manteau qui me protège, me calme, atténue ma peine, mais aussi une légère colère qui se lève malgré tout en moi. Pour représenter cela, j’ai eu l’idée de dessiner un corps sur une palette, puis de le peindre, de le recouvrir de couleurs.
J’ai donc dessiné en premier le corps, puis la palette et pour finir cette main qui la tient.
Faire ce geste avec ce pinceau qui va recouvrir ce corps avec des couleurs, traduit le début de pansement, un peu comme une pilule que je prendrais sur l’instant présent. Puis en dernier j’ai fait apparaître le pinceau en haut de ma feuille.
Il n’y a pas de larmes dans mon dessin, car je n’y arrive pas, pourtant ma peine est là, mais elle est bloquée, elle ne s’exprime pas par des pleurs.
Pour concevoir les couleurs, j’ai pris les couleurs qui se sont présentées dans ma tête au moment même que je les prenais dans ma boite.
Je ne sais pas si Béatrice voulait y déposer des douces ou des violentes. Je sais juste que je devais recouvrir ce corps qui a de la peine.
Une mort reste pour moi très déstabilisante et très effrayante.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm
Crayons graphic HB

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Quand je regarde mon dessin, je me sens inutile. J’ai du mal à écrire, je suis sous le choc. Des questions me viennent est-ce que est-ce que… ?
J’aimerais présenter mes condoléances à sa famille et à ses ami.e.s.