Un corps de dos et une tête penchée. Mais à l’intérieur de la tête il y a deux activités.
La première c’est une activité relativement calme : réfléchir sur ce qui se passe. Je dirai “être pensive”.
L’autre, qui est plus active, c’est d’observer ce qui l’entoure durant ces moments difficiles.
Pensive car prendre du recul par rapport à ce qui nous a perturbé, c’est difficile.
Pourquoi le corps de dos ? C’est parce que lorsque l’on rentre dans ces moments de silence, on se met automatiquement en mode protection et moi je le retranscris ainsi. Mais il peut aussi y avoir de la honte, de l’incompréhension, de la lassitude. Ce n’est pas forcément du négatif d’être dans cet état.
Quand on a l’impression de ne pas trop savoir et puis il y a quand on ne sait pas du tout, cette posture traduit cela.
Mais est-ce que nous devons toujours nous justifier ?
Est-ce que nous devons trouver des réponses à tout ?
Doit-on se grignoter le cerveau tout le temps ?
C’est peut-être aussi accepter de laisser couler ce qui pourrait éventuellement nous toucher, nous perturber, sans en rajouter et faire en sorte que tout se passe tranquillement.
Pas de prise de tête, rien.
Voilà, plusieurs raisons pour faire apparaître une production dont on voit un corps de dos et la tête penchée sur le coté.
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?
Pour concevoir mon esquisse, dans ma tête il y avait le besoin de faire des morceaux pleins, sans trous entre eux, un peu comme une protection. Des morceaux emboîtés du moment que rien ne pouvait se perdre, voila ce que ça me disait dans ma tête. Je voulais aussi une forme légèrement bizarre, mais pas trop non plus. Il me fallait un juste milieu, même si celui-ci je ne le trouvais pas dans ma tête, comme pour me rassurer de quelque chose d’inexplicable, peut-être quelque chose d’enfoui.
J’ai dessiné ce corps, en morceaux emboîtés et légèrement bizarre.
Pour déposer les couleurs sur mon esquisse, j’étais attirée par une couleur proche du rouge, mais j’avais ce besoin de diversifier. Rajouter un peu de blanc, comme pour faire parler l’inexistence, la fragilité, la force et le silence, je ne savais pas trop, je lève la tête, le soleil est présent et ça j’aime.
La couleur rouge, rosée ne renvoie pas à de la colère, car il n’y en avait pas en moi. Je ne voulais pas non plus peindre le corps de la même couleur. Comme pour faire apparaître une différence de quelque chose de mystérieux. Un peu pour accompagner la forme de mon dessin qui pourrait nous laisser avec des points d’interrogations, sur pourquoi et sur comment.
Une chose est certaine, les couleurs telles que le jaune, le bleu, le vert, étaient comme évaporées de ma palette, elles ne me parlaient pas du tout. Mais cependant, je devais mettre des couleurs pour le fond, pour ne pas laisser le corps, tout seul.
Et puis il y avait ce soleil qui était venu me dire bonjour devant la fenêtre je ne pouvais pas l’ignorer.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, peinture aquarelle et gros feutres de couleurs.
Que ressentez-vous en regardant votre production ?
J’observe ma production et je me sens bien dans le présent mais avec une espèce de rien dans ma tête. Je ne sens pas d’angoisse, je ne sens rien, sauf ce vide qui m’empêche de penser. Il y a cette lassitude qui commence à prendre place. Le temps est trop long en ce moment et mes pinceaux pas assez grands !