Parfois, je sens des choses qui me disent et montrent que je ne suis pas comme les autres. Il est certain que quand je me lève et que je sens mon visage partir en éclats, quand je sens comme un tempête qui vient avec violence passer en moi, non je ne suis pas comme tout le monde.
Par moments, j’imagine que cela peut faire rire, moquer de moi, poser des questions sur qui je suis ? ou rien du tout. Prendre comme ça vient. Les dissociations restent encore difficiles à comprendre pour des personnes qui ont la chance de ne pas subir cela. Quand j’ai voulu expliquer ce phénomène à quelqu’un, celui-ci m’a dit : « pourquoi ? moi je vais très bien ». Alors là, je n’ai plus rien à dire. Je m’en suis rendu-compte encore, il y a peu de temps. Quand j’ai voulu expliquer ce « phénomène », on m’a répondu : « pourquoi ? moi, je vais bien ». Je n’ai plus rien à dire après cela.
Donc en ce matin je vais essayer de dessiner cette étrange sensation : mon visage qui part en éclats.
Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?
Quand j’ai commencé mon esquisse, je voulais exprimer la violence que j’ai ressentie. Puis j’avais envie de comprendre pourquoi par moment, je sens cette réaction dans ma tête.
Je me suis dit que peut-être ce mal-être est parfois si présent, je pourrais une fois encore le mettre comme à plat sur ma feuille. Pourtant, il y a des moments, j’aimerais créer des compostions d’une telle violence qu’elles seraient difficiles à regarder et que même avec l’émotion esthétique ce serait ‘in-confessionable’. Pourtant, comme je le dis à mon psy, ça me ferait tellement de bien. Je ne suis pas facile à comprendre, ce qui se passe dans mon cerveau est tellement complexe. Peut-être qu’un jour j’y arriverais.
Pour ma production, je vais donc faire apparaître un visage qui part en éclats avec des couleurs mélangées et mitigées. Oui mélangées, car à cet instant présent, je ne savais pas lesquelles déposer sur mon ébauche. Pourtant, j’ai pris plaisir à faire naître la forme sur ma feuille, en n’oubliant pas les yeux, le nez et les joues. Par contre les oreilles ça va rester un mystère. Il en faut bien. Ça va changer de l’imprévu qui vient montrer le bout de son nez de temps en temps, et bien là ça sera le mystère. Quand je déposais les couleurs aquarelles, je me sentais impatiente, ma jambe droite bougeait, pourtant, le plaisir était présent, à ne plus rien y comprendre dans ma tête. Cela arrive parfois, mais faut-il en chercher la cause à chaque fois ? Parfois, je me dis non. Quelques finitions ont été faites au feutre noir.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Cette production a été conçue sur une feuille de 36 X 46 cm. J’ai utilisé de la peinture aquarellée, un crayon HB pour faire naître mon esquisse. Pour terminer des feutres à pointes fines et du pastel.
Que ressentez-vous face à votre peinture ?
Je regarde ma production je me sens mitigée dans ce que je ressens, dans ma tête ça saute du coq à l’âne. Je me sens serrée à l’intérieur, avec un pouls qui tape comme un fou.
Pourtant, j’ai pris du plaisir et je ne voudrais pas finir par en douter. Alors je reste sur cet instant présent ! le plaisir !