Il y avait longtemps que je n’avais pas repris mes crayons artist pen black. J’apprécie ces crayons, car cela demande un peu plus de finesse et de minutie dans mes motifs. Cela m’aide pour la concentration et pour la finesse des gestes.
Je souhaitais aussi garder une légère empreinte sur la forme cubiste mais pour cette production ça sera peut-être moins flagrant.
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre idée ?
Pour concrétiser mon esquisse, je suis restée dans l’univers des corps que je fais apparaître dans diverses attitudes et formes.
Un corps couché sur le côté, avec une main légèrement posée sur la bouche.
Ce geste n’est pas apparu comme cela au hasard, non, il exprime le fait qu’en ce moment je me tais devant les divers problèmes que je rencontre dans le bénévolat, problèmes qui me hérissent le poil.
De fait, je ne sais pas si c’est bien de ne rien dire, mais si je commence à donner mon avis, la frayeur apparaît, et je ne peux et ne dois rien dire. Je suis toujours dans cette attitude de ne pas vouloir blesser, mais voilà, parfois je me dis que je devrais parler, que cela m’évitera d’entendre des jugements erronés, mais je n’y arrive pas.
Il y a comme une muselière qui se met en place automatiquement… Je ressens dans ma bouche une mauvaise chaleur et une lourdeur, puis mes lèvres elles-mêmes se dessèchent. L’interdit de parler, c’est cela. Mais je sais que c’est le passé qui est là, alors je parle au présent et je me répète tu es dans le présent, et ça passe doucement la rumination disparaît et là je me dis : voilà tu n’as peut-être rien dit, peut-être que tu aurais dû, je n’en sais rien, mais une chose est sure : la rumination du passé a disparue !
J’ai donc dessiné un corps légèrement de travers, comme emboîté dans sa forme, et positionné sur le côté. Peut-être qu’on peut percevoir une certaine détente.
En dessinant cette forme de corps, je ne ressentais pas de sensations dans ma tête, mais il fallait que ce corps soit sur le côté, pas autrement..
Qu’avez-vous ressenti en produisant votre travail ?
Je savais que j’allais m’amuser en habillant ce corps de cette couleur noire, qui apporterait pourtant une lumière à ma production. Expliquer comment cela se ferait n’est pas possible, mais je savais qu’il en serait ainsi.
Une fois mon esquisse terminée, j’ai eu besoin de la poser un petit moment sur le chevalet, je voulais absolument percevoir ce corps emboîté car c’est ainsi que je sens le mien par moment. D’office je me suis sentie rassurée et c’est seulement à ce moment là que j’ai commencé à y mettre les premiers traits noirs.
J’ai pris plaisir à habiller ce corps. Car il m’arrive de percevoir mes œuvres nues. Pas assez de couleur, un fond vide etc. un peu comme si je restais sur ma faim. Cela, je ne le voulais pas. Après ne pas vouloir et réussir, ce n’est pas la même chose.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm.
Crayons graphiques, 3B.
Crayons Faber-Castell artist pen black.
Que ressentez-vous devant votre dessin ?
Je regarde ma production, et je trouve que ce dessin est sobre. Tout est bien centré, ce corps n’est pas envahi par l’extérieur et il n’envahit pas non plus l’extérieur. Donc il respire, quoi qu’une oeuvre ne respire pas, elle fait partager une émotion ! oui je délire parfois et même souvent. mais CHUTTT 🙂 !