Il y a des matins où parfois je suis incapable de me concentrer pour faire une esquisse, et ce matin ça a été le cas. Il peut y avoir plusieurs raisons pour ça, comme par exemple : avoir ma concentration ailleurs, sur un autre sujet, et donc celle-ci n’est pas vraiment là pour la création d’une éventuelle esquisse. Je voyage dans ma tête c’est ce que je dis quand cela m’arrive.
Pourtant en moi j’avais cette envie de faire de grands mouvements colorés, mais j’étais incapable de trouver comment je pourrais réaliser cela.
Mais quand je ressens cela dans ma tête, j’ai pris l’habitude de prendre le premier mot qui se présente à moi, et je m’en sers pour réaliser un tableau.
Comment avez vous dessiné ?
Je me suis installée dehors, il faisait bon, le soleil était avec nous, et j’aime quand il se manifeste ; pour moi, c’est comme s’il nous disait bonjour !
J’ai procédé ainsi : je voulais de la couleur, mais comme il m’était impossible de savoir laquelle, j’ai donc pris une assiette, et j’y ai déposé une panoplie de couleurs aquarelles, au hasard. Mais ça n’a rien donné, un blocage.
J’ai donc procédé autrement, j’ai déposé directement les couleurs sur ma feuille. Et j’ai pris ma spatule et j’ai fait de grands gestes pour étendre mes couleurs qui se mélangeaient entres elles petit à petit, dans le geste de mon mouvement. C’est ce que j’ai fait sur toute ma feuille.
Mais je sentais bien, qu’en moi, ça ne me suffisait pas : il y avait toujours la sensation d’être un peu perdue. J’ai donc recommencé mais en mettant ma feuille dans le sens de la largueur. J’ai déposé encore une fois de l’aquarelle pure sur ma feuille et hop re-belotte j’étalais avec ma spatule. Toujours avec cette envie de remplir ma feuille de couleurs, mais en ne sachant pas trop comment procéder.
Plus je regardais ma peinture, et plus je me disais que ça me donne cette impression de mettre des couleurs sur des couleurs et qu’elles jouent à cache-cache entre elles, alors le mouvement était là.
Matériaux utilisés :
Feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin.
J’ai utilisé les couleurs aquarelles suivantes : Terre de sienne brûlée, rouge rubis, violet, rouge vermillon, jaune de cadm foncé, jaune citron, bleu coéruleum, vert vessie, mauve, rouge brillant, blanc de Chine, vert clair, rouge carmin, ocre jaune, bleu outremer.
Spatule.
Qu’avez-vous ressenti ?
Une espèce de force de me battre, mélangée avec cette envie de tout envoyer balader.
J’avais aussi dans ma tête cette envie de voler, de sentir comme une force qui me propulse très haut, vers l’inconnu.
J’ai eu des moments alors que je ne savais plus trop où j’en étais, avec ce vide dans ma tête.
J’ai ressenti un moment un dégoût mais celui-ci était inexplicable. Mais il prenait par moment toute la place dans ma tête. Ça disparaissait et ça revenait.
J’avais cette impression que mon cerveau faisait le yoyo.
Mais en créant cette peinture, je sentais cette timide sensation de bien-être, comme si je déposais sur ma feuille une situation lourde pour m’en débarrasser, et la couleur me le permettait.
Je voulais faire ressortir ce geste, qui me poussait presque malgré moi vers le haut, mais je voulais pourtant que cette situation se calme, car parfois c’est très désagréable dans ma tête comme sensation.
Que ressentez-vous face à ce dessin ?
En regardant ma peinture, je trouve qu’elle fait vivante en couleurs, et que divers mouvements en ressortent.
Je me sens mieux. J’ai de bonnes idées en tête pour une réalisation.
Finalement je ne sais pas trop si j’étais vraiment là, du moins tout l’intérieur de mon cerveau. Car je me suis pas aperçue que j’avais changé le sens de ma feuille au cour de la production de cette peinture.