Je crois qu’en étant bénévole, il faut faire attention à ne pas prendre la place des professionnels de la santé. J’aimerai représenter cela par un dessin, une forme car je trouve que c’est un sujet important.
Pour ma part je fais du bénévolat aux « Blouses roses », donc en milieu hospitalier et également dans une autre association à « La Table de Jeanne-Marie » et de L’Amac qui s’occupe de personnes migrantes où en situation difficile, association dans laquelle je propose des moments de dessin et de peinture.
Mon opinion est que l’on peut faire du bénévolat, mais que ce n’est pas possible de prendre la place, donc le travail d’un ou d’une professionnel.le, qui ont fait des études, qui ont travaillé dur et qui ont obtenu des diplômes. Ces personnes sont donc reconnues dans leur milieu professionnel, comme art-thérapeute, psychologue, psychiatre etc. Des diplômes que moi, je n’ai pas et donc je me dis que je ne dois pas dépasser les limites et en quelque sorte essayer de faire le travail des personnes reconnues dans leur profession.
Je trouve que c’est important de le respecter, de ne pas dépasser ces limites et il est important de ne jamais oublier que je ne peux pas faire n’importe quoi avec les personnes, surtout si celles-ci ont vécu des situations dramatiques. Ce serait ouvrir la porte à du n’importe quoi, à une anarchie et cela, ce n’est pas possible.
Dans mon bénévolat j’ai toujours cette frayeur de dépasser ces limites, faire comme si j’étais une professionnelle et prendre leur travail, leur spécificité.
Ce n’est aucunement mon attention, et je voudrais que cela soit bien entendu par les personnes qui m’entourent.
Ce que j’aimerais faire, c’est proposer de découvrir les techniques de la peinture, du collage à des personnes qui ne connaissent pas ce domaine. Transmettre le plaisir et la découverte. Se poser un moment et se retrouver dans l’apaisement entre les couleurs et soi-même.
Mais en aucun cas je ne peux et veux prendre en charge des séquelles de stress post-traumatique. Je ne suis pas du tout habilitée à cela et de cela j’en suis bien consciente !
Mais je peux transmettre quelque chose dans l’aide de la découverte dans la peinture.
Donc mon dessin sera sur le fait de ne pas dépasser ces limites.
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?
Pour concrétiser mon esquisse, je voulais faire ce mouvement de dépasser les limites, cette situation qui m’angoisse et faire apparaître le fait que je n’en n’ai pas le droit, mais aussi que je ne le désire pas.
J’ai donc commencé par dessiner un mur qui est censé représenter les limites. Au début je voulais le mettre en morceaux, pour expliquer mon angoisse, mais je l’ai laissé entier pour bien montrer la limite. Mais pour faire plus parlant, j’ai dessiné un poing avec un visage au bout, qui démolit cette limite ou qui a peur de casser le mur.
Je devais aussi faire apparaître une forme qui représenterait mon atelier dessin-peinture en tant que bénévole. J’ai donc dessiné cette palette de peinture avec le pinceau et le crayon papier. Mais ces objets sont derrière le mur, ce qui permet de comprendre que je ne dépasse pas les limites. J’ai rajouté ensuite une flèche qui indique les limites dépassées et non dépassées.
Pour concevoir les couleurs pour mon esquisse, j’ai mis un peu de rouge pour faire mieux apparaître le poing et le choc qu’il produit avec sa violence quand il démolit ce mur qui symbolise les limites.
Puis j’ai également mis des couleurs sur ce qui représente mon atelier de dessin-peinture : donc la palette, le crayon et le pinceau.
Et le reste de mon esquisse, à savoir le mur, j’ai fait tout en gris, au crayon à papier.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm
Crayons graphic 7B, 3B, 6B, 4B
Que ressentez-vous en regardant votre production ?
En observant mon dessin, je me dis : “Béatrice, garde ton idée, sur ce respect que tu veux exprimer, tu ne dois pas dépasser ces limites. Laisse place aux professionnels reconnus et diplômés. Fais découvrir le dessin et la peinture tout en prenant plaisir avec les personnes à qui je les fais découvrir.
C’était un sujet important pour moi qu’il fallait que je mette à plat. Il y a aussi que j’ai vu des bénévoles par moment aller trop loin.