BMP – Des formes de couleurs aux couleurs vivantes


Quand j’ai mon cerveau légèrement embrouillé, j’aime bien faire travailler encore plus ma concentration. J’ai un besoin énorme de me sentir captivée par quelque chose, pas simplement dessiner ou mettre des couleurs, mais j’ai besoin de vivre le mouvement dans mes mains, dans mes bras, dans mes poignets. Cela m’évite aussi de ne pas trop partir dans un monde de brouillard et d’épines.
Et puis qui dit mouvement, dit vie. Et les couleurs sont là pour m’inspirer, parmi d’autre chose !
Avant de commencer mon esquisse, je me suis demandé dans quel sens je devais la dessiner.
Dans ma tête je ressentais le besoin de représenter comme un pilier, comme lorsqu’on commence une fondation, et qu’on y dépose une première pierre.
J’avais besoin de quelque chose de fort et je devais le mettre sur feuille, en l’exprimant soit dans une forme, soit dans la couleur choisie.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

J’ai commencé par faire apparaître cette fondation :  j’ai tracé les formes en bas de ma feuille.
Les formes devaient être légèrement géométriques, mais en même temps cela devait partir un peu dans tous les sens et avec des formes différentes les unes des autres. Mais ça ne devait être ni désordonné ni donner une impression d’étouffement.
J’ai commencé par le bas, et je suis remontée doucement vers le haut, en essayant de garder en tête ce côté « partir dans tous les sens » Après je n’avais pas spécialement une idée précise dans l’expression de mes formes. Pour moi du moment que ça parte dans tous les sens, était apaisant.
Pour concevoir le manteau en aquarelle de mon esquisse, le mot « arlequin » était là. Cette aquarelle devait être haut en couleur et tout en mouvement. Après ce n’était pas spécialement le résultat qui comptait, mais juste ce mouvement et ce côté partir un peu dans tout les sens tout en m’amusant !

Matériaux utilisés :

Aquarelle sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin. J’ai utilisé la peinture aquarelle
Finition crayon noir feutre.

Qu’avez-vous ressenti ?

J’avais dans ma tête cette envie à la fois de déborder dans mes couleurs mais aussi d’être la plus stricte possible en les déposant dans les formes.
Je n’arrivais pas à m’imaginer comment serait le reste de cette fondation dont j’avais besoin.
Ma concentration partait en vrille, mais quand je faisais un lien avec ces couleurs cette sensation était moins forte. Quand je parle de lien je veux dire par exemple associer le vert et le marron.
Je ressentais aussi ce besoin de ne pas laisser une couleur seule, orpheline : il fallait qu’une autre couleur la prenne par la main.
Je ressentais une impression d’être perdue, mais cette situation ne me faisait pas peur.
Par moment l’odeur du passé de ma chambre était présente, elle obstruait l’intérieur de mon nez.
Je me suis sentie par moment avec une tête qui craquelait de l’intérieur, comme le bruit d’une biscotte.
J ’ai ressenti une chaleur désagréable dans le bas de mon ventre, ce qui a provoqué un blanc, et revenir dans le présent a été difficile.
Par moment j’avais une envie de faire un gros tas avec les couleurs comme un pâté de sable.
Par moment je voulais du compliqué, comme rechercher une aiguille dans une botte de foin.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

En regardant mon aquarelle je me dis qu’elle est bien gaie et qu’elle fait penser à un tapis de couleurs. Je ne ressens pas d’angoisse et dans ma tête, c’est respirable.

BMP – Donner de la vie à certaines couleurs


Je n’étais pas trop là quand j’ai commencé cette aquarelle, car j’avais eu un moment de dissociation et que je ne savais pas trop comment je me sentais, J’avais juste envie de travailler avec le rouge, qui m’attire toujours aussi fortement, avec une couleur qui évoque la douceur.
Mon but, était simplement de laisser venir des formes, avec l’envie d’y mettre la couleur rouge et une couleur douce.
Je me suis dit aussi, que si ce dessin évoluait au moment où je mettrais les couleurs, et bien je me donnerais le droit de le laisser évoluer. Pour faire naître les formes, j’ai donc fait ce qui me venait tout de suite en tête, sans prendre le temps d’y réfléchir. Pour moi ce n’était pas l’étape importante pour mon dessin. C’était juste les couleurs qui m’importaient, rien d’autre.

Comment avez-vous procédé pour cette aquarelle ?

J’ai donc commencé par faire apparaître le corps, avec juste ce rond qui lui sert de tête, mais rien de plus. Pas de détails pour le mettre en valeur, juste une position, histoire que celui-ci tienne en entier.
Puis j’ai continué en dessinant les deux visages, qui concrétisent le fait que je venais d’avoir une dissociation. Après dans ma tête, pour aller plus loin dans mes idées, je n’y arrivais pas, je ne sais pas non plus si je le souhaitais, c’était difficile de ressentir grand-chose à ce moment précis. Je pense peut-être aussi que je ne voulais pas aller trop loin dans l’espace, ce mot espace qui représente aussi le mot infini, qui lui finit par le mot perdu.
Pour concevoir le manteau de mon esquisse, comme je l’ai écrit, j’y ai mis mon envie du moment : du rouge et ma couleur douce, donc du jaune et du bleu et j’ai fait des petits mélanges.

Matériaux utilisés :

Aquarelle sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin. Crayon HB, 2B. Aquarelle, jaune citron, bleu céruléum, blanc de Chine, rouge cramoisi d’Alizarine.

Qu’avez-vous ressenti ?

• J’ai pris du plaisir à déposer ces couleurs, cette envie quand j’étais ”bien” Béatrice.
• J’ai aussi pensé que dans cette aquarelle, je ne voulais exprimer aucune émotion ni dans le corps ni dans les deux visages.
• Je ne me rappelle pas ce qui avait provoqué cette dissociation, mais j’avais du mal à me sentir dans mon corps, à m’y sentir bien.
• J’ai ressenti comme un trou dans ma tête et du froid qui rentrait dans mes narines.
• Une impression d’être à la fois là et pas là, comme à distance dans le temps.
• Il m’est arrivé à certains moments de ne plus savoir comment tenir un crayon.
• Un moment je voulais me sentir légère, un peu comme si je flottais, mais je ne savais pas comment il fallait faire.
• J’ai ressenti que je me tenais dans un endroit immense trop grand pour moi, mais je ne savais pas où je me trouvais, j’ai eu très froid ce moment-là, un gros malaise.
• J’ai ressenti subitement de la frayeur, et des douleurs dans le bas du dos.
• Il m’est arrivé de ne pas reconnaître les couleurs, ou alors c’était le doute qui était présent.
• J’angoissais de ne pas réussir à mettre ce rouge sur cette feuille, un besoin trop fort était là.

Que ressentez-vous face à ce dessin ?

En regardant mon dessin, d’avoir mis “mes » couleurs sur feuille m’a permis de ressentir en moi un apaisement par moment, mais les mots en continuité n’étaient pas présents.
J’ai l’impression que le corps flotte dans une certaine légèreté, et je me vois parler mais je ne sais pas ce que j’ai dit.
Je ne me sens pas comme d’habitude, je me sens chagrinée, et gênée.
En regardant mon dessin, le fait de ne pas avoir fait ressortir une émotion au niveau des visages me rassure.