Ce matin j’avais besoin de glaçons, il faisait trop chaud sur ce corps, sur cette peau… J’avais très envie de frais, de ressentir cette chaleur s’enfuir très loin. Voilà d’où m’est venue cette idée originale de faire naître une peinture avec des glaçons tout juste sortis du congélateur.
Je voulais également sentir cette fraîcheur se faufiler sous mes doigts. Et puis je me suis dit qu’avec ce mélange d’aquarelle, et cette fonte de glaçons le mouvement ne pouvait qu’être original dans sa présence, le tout accompagné d’une touche de couleur.
J’ai donc commencé par préparer tout mon matériel sur la table, feuille, aquarelle, pinceau etc. et ce n’est qu’au dernier moment que j’ai été chercher mes glaçons.
Ma feuille étant mise à plat sur la table. Peut importait le sens, ce n’était pas important pour moi, je savais ce que je voulais faire naître, mon but était là dans ma tête. Je devais juste poser sur ma feuille.
J’ai donc commencé par mouiller le haut de ma feuille avec un gros glaçon, puis j’ai déposé un peu de bleu aquarelle directement dessus que j’ai laissé se diluer doucement dans cette trace d’eau laissée par ce glaçon.
Puis j’ai continué à mouiller ma feuille avec un autre glaçon, un nouveau, et j’ai rajouté d’autres couleurs, du orange, du jaune, du vert ; mais à chaque fois avec un nouveau glaçon. Le tout se mélangeait, ce qui me faisait apparaître d’autres mélanges de couleurs, tous plus ou moins originaux devant mes yeux. C’est ça qui est très chouette : avoir son idée mais aussi laisser la magie s’opérer, contrôler un peu juste pour ne pas tomber dans le vide, dans l’inconnu, rester un peu maître des ses gestes, se sentir rassurée malgré les surprises qui apparaissaient. Je ne parle pas de lâcher prise, non ça m’effraie de trop, ça me renvoie à ce mot mort en moi. Mais juste laisser lâcher un peu de leste tout simplement et regarder les petites merveilles qui en sortent.
Par moment, je prenais mon pinceau pour faire apparaître d’autres formes pour enlever le trop plein, afin que ma forme se soit pas étouffée.
Voilà comment est né mon dessin avec ces glaçons qui, au départ, étaient transparents et qui ont fini en eau de colorée.
Matériaux utilisés :
Aquarelle sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin.
Peinture aquarelle
Glaçon, pinceau.
Qu’avez-vous ressenti ?
• J’ai aimé sentir le froid sous mes doigts, par moment je ne le sentais pas trop, comme endormi dans mes mains.
• Je ne voulais pas qu’une couleur reste seule dans son coin, je devais la mélanger avec les autres obligatoirement.
• J’avais cette envie de vouloir patauger avec cette fonte de glaçon.
• Mon attention était captée par ce qui pouvait sortir de nouveau comme forme.
• J’avais cette impression que mon eau des glaçons pouvaient couler très loin sur ma feuille, qui me paraissait par moment trop grande.
• Je cherchais par moment ce petit « dépotoir » de couleur que pouvait laisser mon aquarelle dans ces mélanges, j’étais même intriguée d’en savoir et d’en découvrir plus.
• Je me demandais si mon tableau n’était pas trop en fouillis dans son mélange.
• Mon passé est remonté.
• Quelques moments de blancs aussi, mais je me dis quand dans ce mouvement de couleur ça ne se voit pas trop.
• Je me sentais grande au niveau du cou mais petite avec mes mains, le glaçon était trop gros.
En regardant mon dessin de loin, je me suis dit et pourquoi pas avec des glaçons ?
5 réflexions au sujet de « BMP – Un paysage avec des glaçons… »
C’est un travail rudement réfléchi bien pensé et maitrisé.
Saaxma
La mort n’est pas seulement un mot, c’est un état, un concept mais en tous les cas pas seulement un mot neutre et qui n’aurait pas de sens. Ça vous renvoie à la mort.
Emmanuelle Cesari
Oui un état. Je ne sais pas pourquoi j’écris toujours « ce mot » peut-être pour dire que c’est celui-là et pas un autre.
Béatrice Mémoire-Peinte
Bien alors je suis rassurée, c’est ce qu’on appelle un tic de langage.
Emmanuelle Cesari
Parler notre belle langue française et l’écrire convenablement peut se montrer parfois ardu, mais c’est un peu comme avec l’aquarelle on en découvre et on en apprend tous les jours.
Béatrice Mémoire-Peinte