Cette idée m’est venue en réfléchissant un soir dans mon lit. Car, le soir, tous les soirs, j’essaie de remettre dans ma tête ma journée en un seul morceau. Mais à cause des dissociations, j’ai bien du mal, mes journées sont un peu comme des puzzles.
Comme c’est par moment encore anxiogène comme événement dans mon cerveau, l’idée était de mettre à plat sur ma feuille cette angoisse en la transformant en une forme.
Mais attention même si c’est angoissant, il est important de repérer et de garder en tête avant de fermer les yeux pour essayer de dormir, le positif qui s’est déroulé dans la journée.
C’est important, je trouve de rester sur une note colorée !
Une note colorée plus une note colorée tous les soirs ça fait du bien, je trouve.
L’idée était pour moi de faire apparaître ce mouvement de remettre les pièces manquantes convenablement au niveau de ma tête. Mais pas au niveau du cerveau, c’était plus angoissant pour moi quand j’y pensais. Je pense que j’ai une frayeur qu’on n’y touche !
Ce mouvement avec les mains pour reboucher les « trous » dans ma tête, je le visualisais bien.
J’ai donc tout de suite commencé à dessiner ce fait, pour mettre à plat sur ma feuille. C’était comme si, à ce moment-là, j’avais ce besoin de me rassurer en disant : « et bien oui, voilà il te manque des morceaux mais, ce n’est pas grave ! »
Quand je fais le point de ma journée dans mon lit, il y a toujours cette angoisse qui est là de louper quelque chose de grave. Et cette angoisse s’est déjà transformée en frayeur, et qui dit frayeur trop forte chez moi, dit danger, car je peux alors me dissocier. Mon cerveau disjoncte totalement.
Et dans ces moments-là, et bien il me reste plus qu’à dessiner, dessiner voilà, c’est le remède qui m’aide le plus !
Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?
Je dessine donc une personne avec le dessus de la tête bien mis en avant pour qu’on puisse bien voir que cette même personne essaie de remettre les pièces manquantes. Elle les cherche.
Comme je l’ai écrit plus haut, c’est le geste qui était important pour moi : le retranscrire en un mouvement coloré. Colorer justement pour apaiser ce qui se passe cette fois-ci dans mon cerveau qui m’effraie tant.
Une fois mon esquisse terminée, je suis passée à déposer les couleurs.
Pour le dessus de la tête, j’ai choisi des tons colorés. Je ne veux pas, même si cet événement m’angoisse, mettre des couleurs sombres.
Je me suis même amusée à déposer ses couleurs sur celle-ci Comme je viens de l’écrire, je ne voulais pas mettre que du sombre, car dans le fil d’une journée, il n’y a pas que du sombre. En fait une journée, ça ressemble à une partition de musique : plusieurs notes s’y trouvent. Elles ne sont jamais pareilles, elles bougent, changent de place, changent de tons…
A côté de cela, je ne voulais rien t’étouffant comme si j’avais besoin de laisser ce dessus de la tête bien aéré.
Je faisais ce lien dans mon cerveau : si ma tête était aérée au-dessus, alors l’intérieur de celle-ci, ne serait pas étouffé. Car la sensation d’étouffement provoque toujours chez moi de l’angoisse.
Une fois ma production recouverte de ses couleurs, j’ai fait quelques finitions aux crayons de couleur.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Production conçue sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB. Peinture aquarelle.
Que ressentez-vous en regardant votre création ?
Je ressens un peu plus de légèreté. J’écrirais que cette angoisse est moins forte. Pour ma frayeur, je ne sens rien du tout. Je pense qu’inconsciemment, je l’ai bloquée. J’ai pris plaisir à faire naître cette composition. Surtout à déposer des couleurs sur la tête. Dessiner est vraiment du positif dans ma journée.
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