BMP – Mon cerveau déraille : l’auteur de la tuerie de Tours demande sa remise en liberté

BMP – La tuerie de Tours à fait quatre morts et sept blessés
L’oubli est impossible ! Une horreur chevillée à mon cerveau !
Moi Béatrice j’étais sur place avec mon petit garçon en ce lundi 29 octobre 2001.
Il y a des jours où j’arrive à digérer.
Il y en a d’autres ou je suis dévorée par les images et les souvenirs, à d’autres moments, je me sens en charpie.
Voilà comment je me « sens » 22 ans après ce traumatisme.
Il y a quelques jours, j’ai lu dans un article que le forcené Jean-Pierre Roux-Durraffourt condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans, peut désormais faire une demande de remise en liberté ! Mais aussi des demandes de permission !
Ma première réaction a été : Béatrice tais-toi ! C’est tellement violent que je ne souhaitais pas augmenter ceci ! Ce n’est pas un déni, mais une frayeur, une stupeur, une tétanisation, c’est la mort dans tous les sens de son terme ! sans oublier les dissociations.

Article :

VIDÉO. « Je ne vis plus, je survis » : 22 ans après la tuerie de Tours en 2001, la veuve d’une victime s’inquiète de la possible libération du tueur

En lisant cette nouvelle, mon cerveau n’a fait qu’un tour ! Tellement de questions qui étouffent l’intérieur de ma tête que mon cerveau en beug ! limite à se noyer.
Pour aller faire mon atelier aux Amarantes, ou encore pour me rendre en ville pour x raison, mon chemin pour m’y rendre me ramène dans cette horreur à chaque fois.
Mon cerveau n’est plus là tant que ce vide est si fort et qu’il y a cette sensation de trou béant. Le robot a pris sa place ! Les sensations, les émotions, etc. plus rien n’est là ! C’est mort pendant un temps ! c’est la date du lundi 29 octobre 2001 qui a pris la relève !
Voilà pourquoi j’écris que c’est l’oubli impossible ! Que c’est une horreur chevillée à mon cerveau ! Car même si j’essaie de digérer même encore maintenant il y a toujours un fait ou autre qui réveille ce traumatisme et qui le fait saigner ! En fait en moi, j’ai toujours cette grenade prête à exploser !
Cette tuerie me renvoie aussi à mon « géniteur » et son fusil comme me l’a raconté ma génitrice. Il tirait comme ça aussi en l’air pour semer la terreur dans ce petit village. Avant d’être arrêté et hospitalisé en psychiatrie !
C’est l’incompréhension totale pour moi que ce forcené puisse faire une demande de remise en liberté !
Je pense aux familles des victimes, ça doit être invivable dans tous les sens du terme.
Le cerveau est peut-être fort, mais il a aussi ses limites pour endurer l’impossible et supporter l’accumulation des traumatismes sévères  !
Le mien en fait partie ! Il a été mis à rudes épreuves et il n’a plus la force !

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Dans ma tête, quand je réfléchissais à une forme d’esquisse, à ce moment-là, c’était la tristesse, la peine, l’incompréhension ! Je ne sais pas où est ma colère ! Ma tête est trop inondée ! En fait, je ne voulais dessiner dans ma composition que des visages.
Je m’installe et je commence par dessiner le premier visage en haut de ma feuille, celui qui fera parler cette immense tristesse quand j’observe ce drame. Puis je continue avec un deuxième qui retranscrira la honte, celle que je sens, le fait de ne pas arriver à digérer sur la continuité ! Et pour terminer mon ébauche, le dernier visage sera pour la culpabilité. Une très grande incompréhension du pourquoi ! Pourquoi ces victimes. Un méli-mélo, un sac de nœuds indémêlables. Les mots ne sont pas là ou bien même une forme !
A ce dernier visage, je rajouterai une lourde larme à porter, on n’y verra pas les yeux. Je n’en vois pas l’intérêt  et le pourquoi ! le point d’interrogation apparaît.
Pour recouvrir mon ébauche de son manteau de couleurs, comme médium, la peinture aquarelle. Ça me parlait couleur violette en moi. Ainsi que la couleur jaune. Et du marron, mais lui, je le déposerais pour le bas de ma feuille. Comme pour retenir les têtes. Quelques finitions faites au pinceau.
Par moment dans ma tête les couleurs mourraient.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Création conçue sur une feuille de format 36 x 46 cm. Comme médium : crayon HB pour mon esquisse, comme médium de la peinture aquarelle.

Que ressentez-vous face à votre création ?

J’observe ma production et dans ma tête, du moins autour d’elle, je ressens une autre lourdeur. L’impression que mes pensées, mes mots sont à l’extérieur. Que le tous refusent de rentrer dans ma tête.
Le pansement n’existe pas ! C’est invraisemblable, irréaliste !!
La justice est là, je me dis que nous devons lui faire confiance, mais mon passé ne m’a pas apporté cette confirmation !
Ce monsieur a besoin de soins toute sa vie. Mais quels soins ?…
Pour moi c’est L’oubli impossible ! Une horreur chevillée à mon cerveau !


Quelques liens qui se trouvent sur le blogue concernant le travail que j’ai effectué avec l’aide de l’art thérapeute Emmanuelle.

« La tuerie de Tours »

6/ La petite fille qui dessine les lieux
https://artherapievirtus.org/RAIVVI/bd-je-me-situais-ou-lors-de-la-tuerie-de-tours/
5/ Celui-ci et les écrits qui vont avec :
https://artherapievirtus.org/RAIVVI/bmp-le-vide-pas-si-vide-que-ca/
4/ Votre premier dessin sur « la tuerie de Tours »
https://artherapievirtus.org/RAIVVI/bmp-plan-de-la-tuerie-de-tours/
3/ Le dessin du bocal serait intéressant à exposer et son explication
https://artherapievirtus.org/RAIVVI/bmp-un-bocal-dans-mon-cerveau/
2/ L’oignon est très important pour expliquer le fonctionnement du traumatisme et aussi parce que avec l’émotion esthétique il est tellement vous
https://artherapievirtus.org/RAIVVI/bmp-loignon-que-lon-pele-pour-trouver-la-vacuole/
1/ Le tueur – Celui qui fait obstacle à l’intégration du traumatisme
https://artherapievirtus.org/RAIVVI/bmp-le-tueur-de-la-tuerie-de-tours/

2 réflexions au sujet de « BMP – Mon cerveau déraille : l’auteur de la tuerie de Tours demande sa remise en liberté »

  1. Pour ce billet sur la tuerie de Tours, pourquoi ressentir de la honte à ne pas pouvoir pardonner ? C’est normal de ne pas pouvoir, surtout quand on voit tout ce que se réveille comme peur et insécurité. Il y a des évènements qui ne peuvent pas être digérés malgré toute sa bonne volonté. C’est comme cela, et il faut vivre avec sans culpabilité et jamais se comparer aux autres.

    1. Bonjour Catherine,
      Vous savez, parfois, je me demande comment cela aurait été dans ma tête si je ne l’avais pas travaillé avec Emmanuelle.

      Culpabilité et honte, ce sont des faits qui existent toujours en moi, même, si c’est moins violent.

      La culpabilité d’être vivante….

      J’ai cette impression que la vie tient à ce que je continue à vivre, et cela, malgré les obstacles que je vie depuis le début de ma naissance. Ça me provoque des frissons d’écrire cela!

      C’est par moment effrayant, tétanisant quand je me mets à trop rentrer dans les détails, etc..

      La vie est mouvement, mais celle-ci peut- être tétanisante qu’agréable… Je me sens si petite et fragile devant elle !

      Concernant la normalité, ce mot est bien fragile. Quand j’observe tout ce qui se passe dans le monde, j’aurai même envie d’écrire que c’est inexistant !

      Après, j’entends ce que vous souhaitez me dire à travers votre écrit. Je vous en remercie de l’avoir déposé sur le blog.
      Bonne journée 🙂

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