Ma première idée était de faire naître une forme, simplement en laissant l’eau faire son chemin sur ma feuille. Mais cela n’a pas vraiment complètement fonctionné, comme je le voulais.
Mais j’avais une autre idée : utiliser seulement quelques couleurs, le jaune, le bleu et le blanc. C’est donc ce que j’ai fait. Cette idée m’est apparue tandis que je réfléchissais sur un ensemble de situations. Elle a surgi, comme cela d’un coup, sans avoir de lien précis avec mes pensées. Mais c’est cette idée que j’ai suivie. Je sais que ce n’est pas grave ; ce qui me plaît aussi, c’est que chaque fois que je veux poser une pensée sur ma feuille, cette pensée change, ou même grandit au fur et à mesure.
Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre dessin ?
J’ai donc commencé par mettre avec mon pinceau de l’eau claire sur ma feuille, puis j’ai pris la couleur jaune aquarelle que j’ai déposée directement sur l’eau qui était là.
Je souhaitais provoquer, déclencher un mélange qui se fasse tout seul. Je veux dire que je voulais, en donnant de petits mouvements à ma feuille, que cette eau aille se mélanger toute seule avec la couleur jaune. Normalement, à chaque mouvement il devait y avoir une trace plus claire, et ainsi de suite. Mais ce n’est pas exactement ce qui s’est passé.
Mais ce n’était pas grave, car il a suffi qu’une petite trace apparaisse, pour que je puisse, en faisant un autre geste, continuer mon dessin.
Puis j’ai pris, un peu de couleur bleue, tout en essayant de garder en tête que je devais continuer à essayer de la mélanger avec l’eau que je rajoutais au fur à mesure. Puis avec mon pinceau je faisais des petits gestes pour obtenir à certains endroits un vert très clair.
En même temps, j’ai rajouté une petite dose de blanc, ce qui éclaircissait encore plus mon dessin à certains endroits.
Par moments, je posais la feuille sur le chevalet pour pouvoir observer où je pouvais le reprendre ou ne pas le reprendre, dans les couleurs.
J’étais souvent tentée de rendre les couleurs encore plus claires, pour augmenter une transparence. À ce moment-là, je faisais le lien entre le silence et ce que je faisais.
En soi, il n’y avait pas de rapport, mais j’avais l’impression de retranscrire quelque chose qui demeurait avec un point d’interrogation. Je ne cherchais pas le négatif. Simplement déposer sur ma feuille ce qui me parlait sur le moment présent. Cela faisait apparaître d’autres nouvelles couleurs dans mon dessin.
C’était un peu comme si je faisais un potage et que je rajoutais petit à petit de nouveaux ingrédients.
En fait mon dessin est né ainsi, en rajoutant un peu d’imprévu en couleurs, avec un geste par-ci, par-là. Avec une goutte de maîtrise pour ne pas laisser emporter dans le néant.
Quels matériaux avez-vous utilisés ?
Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Aquarelle.
2 réflexions au sujet de « BMP – Des gestes qui finissent par faire apparaître un dessin »
Bonjour
Même en réfléchissant sur des situations. Vous faites apparaître de l’émotion. J’ai constaté que par moment vous avez une idée de départ et celle-ci part à la dérive régulièrement, pour en faire naître un autre mouvement qui lui fait apparaître un autre dessin.
Vous parlez souvent du néant et du vide vous avez l’air d’en avoir une peur atroce. Pourquoi ?
maxwars
Le néant, le vide font parler la mort, l’abandon, la solitude, le noir… un trou profond, et la perte d’équilibre, et tout ce qui va avec.
Béatrice Mémoire-Peinte