BMP – Dans une drôle de position

BMP – Dans une drôle de position
L’idée était de retranscrire sur ma feuille le sentiment de recroquevillé, en boule, et le tout intégré dans un cercle. C’est ce que j’avais en tête.

Comment avec vous concrétiser votre esquisse ?

Dans ma tête, je percevais bien cette image d’un corps incrusté dans un cercle. Mais ce cercle partirait depuis la forme de corps. Ce dernier aurait deux jambes, un bras, un visage très fin, tout comme le cou qui le maintiendrait.
Quant à  la forme d’un ventre on peut l’imaginer à partir de l’ensemble de la forme. En fait quand je me suis mise à dessiner,  je n’avais pas pensé au ventre. Cela ne manquait pas, car pour moi, tous les organes étaient bien rattachés.
J’ai observé mon esquisse une fois terminée, je l’ai redressée d’un cran et là je trouvais que c’était beaucoup mieux. Ainsi, le corps tient moins de place, il est bien dans la position d’être enserré dans un cocon.
Dans ma tête ça me parlait beaucoup plus, car avec les couleurs, je voulais accentuer cette forme de cocon. Pour moi, tout allait ensemble, la forme cocon et ce corps recroquevillé, mis en boule dans une drôle de position. Ce n’était pas une mauvaise position, juste une sécurité.
C’est donc avec plaisir et à l’aide de mon pinceau que je commence à déposer les couleurs sur mon ébauche. C’était la couleur jaune qui me parlait le plus, ainsi qu’un peu de violet. Je ne souhaite pas barioler ce corps de toutes les couleurs. Le jaune me rappelait la douceur et l’apaisement, alors pourquoi aller chercher plus loin ?
Pas de finitions sur le dessin du crayon papier, je souhaitais laisser tel quel : nature. Cela m’a étonnée car ce n’est pas mon habitude.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Pour concevoir cette création, j’ai utilisé une feuille blanche de format 36 × 46 cm. Comme medium, la peinture aquarelle et un crayon HB pour faire naître mon esquisse et pour les finitions.

Que ressentez-vous quand vous regardez votre création ?

Je me sens vidée. J’ai cette impression que tout est parti dans ma tête. Je me sens essoufflée. Je me suis amusée à tourner ma composition dans tous les sens, et je l’ai laissée dans la position qui me parlait le plus.

BMP – La colère qui éclate

BMP – La colère qui éclate
Avec mon psychiatre, nous avons échangé sur la colère. Cette colère qui tourne en nous dans tous les sens et qui est destructrice.
Paul Ekman écrit que

« quand la colère surgit, elle déforme notre perception et notre cognition, et il y a une période réfractaire qui nous prive de l’accès à notre intelligence. »

Je dirais, pour ma part, que la colère est généralement déclenchée par la perception d’une situation vécue comme injuste, dévalorisante, menaçante.

Elle est provoquée par la sensation d’être atteint, touché, voire blessé dans son être le plus profond. Les paroles ou le comportement de l’autre sont perçus comme fondamentalement en contradiction avec ses propres croyances, valeurs ou idées.
La colère peut nous aider à nous défendre contre un sentiment de menace. Physiquement, le corps est sur le qui-vive, prêt à se battre si besoin.

En ce qui me concerne, mon cerveau reste constamment sur le qui-vive. Je traîne avec moi une tumeur de frayeur, une peur permanente, et cela me met en colère.

Il faut savoir que la colère a des manifestations physiologiques. Lorsqu’elle monte, ces manifestations sont des indices pour nous-mêmes, qui doivent nous permettre de prendre conscience et de reconnaître cette émotion. Il est important de reconnaître la colère en soi, sans la confondre avec une autre émotion.
Mais être en permanence dans la colère, a des effets négatifs sur nous. Cela affecte notre cerveau, notre psychisme, notre qualité de vie et bien entendu nos relations. S’en rendre compte permet d’aller vers la guérison au lieu de rester dans la douleur.
C’est pourquoi il ne faut pas ignorer une colère quand celle-ci s’exprime. Il faut l’admettre quand occasionnellement elle est là et s’exprime. L’admettre c’est reconnaître que parfois c’est ainsi que je ne peux rien y faire pour changer un fait ou un autre. Mais elle ne doit pas s’exprimer par la violence, ni même par les mots.

Ma production d’aujourd’hui sera donc de retranscrire sur ma feuille comment je perçois ma colère.

Comment avez-vous concrétisé votre esquisse ?

Dans ma tête, je perçois ma colère comme un mouvement violent, un mouvement qui évoque une explosion, un éclatement avec des morceaux qui partent dans tous les sens.
Dans mon idée d’esquisse, je me voyais bien dessiner le visage d’une personne avec à l’intérieur, au centre, un autre visage qui exprimerait la colère. Cette colère serait tellement forte dans son mouvement qu’elle ferait exploser le visage de la personne. Elle partirait en éclats, elle se propulserait ce qui montrerait bien à quel point c’est dangereux pour la personne elle-même.
Je commence ainsi par dessiner le visage de la colère avec les morceaux, ensuite les deux autres morceaux du vrai visage de la personne qui est en mode en colère, puis je finis par la forme d’un cou.
Pendant que je dessinais, la couleur rouge me parlait fortement dans ma tête. C’est donc cette couleur que je dépose en premier, avec du noir. J’ai ensuite continué avec une touche de mélange de vert-jaune et de bleu-jaune. Avec un léger gris.
Les finitions ont été faites au feutre noir.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Création conçue sur une feuille 36 x 46 cm. Comme médiums : un crayon HB pour mon esquisse et de la peinture aquarelle. Un feutre noir pour les finitions.

Que ressentez-vous devant votre création ?

Je regarde ma production, dans ma tête, je me sens déstabilisée. Je réfléchis et parfois il m’arrive de ne pas me reconnaître en colère. Je pars dans des considérations, mais c’est la culpabilité qui est là de ne pas avoir fait comme j’aurais dû ou autre. J’ai encore cette fâcheuse habitude de me justifier mais c’est un peu moins présent. Que de choses à dire sur cette colère ! J’apprécie de la retranscrire en une forme sur ma feuille et cela fait moins de dégâts.